L'énigme de l'exode

Société d’archéologie biblique du Texas, ses accointances avec l’UMC et ses fouilles à Céphalonie. Puis Knox lui parla de son mystérieux agresseur, qui s’était enfui avec son ordinateur portable.
    — Merde alors ! s’écria Augustin. Un ordinateur tout neuf. Mais toi, ça va ?
    — Ça va, mais je dois me cacher quelque part. J’ai pensé à Kostas. Je pourrais en profiter pour faire appel à ses lumières. Mais je ne me souviens pas de son adresse.
    — Sharia Muharram Bey. Numéro cinquante-cinq. Troisième étage. Et dis-lui de me rendre mon bouquin de Lucrèce. Ça fait des mois qu’il l’a !
    — J’y penserai.

    II
    C’était le moment idéal pour voir le désert. Le soleil de la fin d’après-midi dessinait des ombres qui mettaient des contrastes dans ce paysage morne et monochrome. À l’ouest, le ciel se teintait de couleurs fruitées. Gaëlle contourna la pointe méridionale des falaises d’Amarna et remonta vers le nord pour gagner l’extrémité orientale de l’Oued Royal.
    — La route du désert se trouve à environ cinq kilomètres, annonça-t-elle.
    — Et elle va jusqu’à Assiout ? l’interrogea Lily.
    — Oui.
    Pour descendre vers le sud, il leur faudrait rester sur cette rive du Nil, car après la tombée de la nuit, les ferries ne circulaient plus. Gaëlle s’engagea dans l’oued. Il n’y avait pas de route surveillée de ce côté, mais seulement un plancher de sable jonché de pierres. Tandis que Gaëlle roulait avec précaution, Stafford, les bras croisés, soupirait toutes les deux secondes. Finalement, ils arrivèrent au pied d’un éboulis qui bloquait le passage.
    — Je croyais que vous connaissiez le chemin ! maugréa Stafford.
    — Vous pouvez y aller à pied, déclara Gaëlle. C’est droit devant vous, à deux kilomètres d’ici, pas plus.
    — Deux kilomètres !
    — Alors on ferait mieux d’y aller, vous ne croyez pas ? intervint Lily. À moins que vous n’ayez plus envie de filmer ce plan...
    Stafford lui jeta un regard hargneux, mais descendit néanmoins de voiture et s’enfonça à grandes enjambées dans l’oued.
    — C’est ça, murmura Lily. Ne m’aidez surtout pas à transporter le matériel.
    — Quel con ! s’exclama Gaëlle. Comment pouvez-vous travailler avec un type pareil ?
    — Je n’en ai plus que pour quelques jours, répondit Lily en sortant à son tour.
    Elle se tourna vers Gaëlle, qui était restée assise dans la voiture.
    — Vous ne venez pas ? demanda-t-elle.
    — Je préfère surveiller le 4x4. On ne sait jamais.
    — Bien sûr, ironisa Lily, je parie que cet endroit est truffé de voleurs de voitures.
    Elle inclina la tête sur le côté.
    — S’il vous plaît, implora-t-elle. Je ne peux pas l’affronter seule.
    — Bon, d’accord, soupira Gaëlle en s’efforçant de sourire.
    Elle descendit du 4x4 et verrouilla les portières.

    III
    Sur la route de Borg, Augustin commençait à s’ennuyer. Farouq n’était pas particulièrement doué pour faire la conversation. Il lui avait posé quelques questions concernant Omar et Knox, qu’Augustin avait contournées assez facilement, puis s’était muré dans un silence presque total. Augustin sortit ses cigarettes et lui en offrit une.
    — Merci, dit Farouq en la prenant.
    Augustin alluma la sienne et tendit son briquet à Farouq. Baissant la vitre, il sortit la main par la fenêtre pour profiter du vent. Un pick-up blanc apparut en face d’eux. Le soleil se réfléchissait dans son pare-brise poussiéreux et ce ne fut qu’au moment de le croiser qu’ils aperçurent le conducteur et sa passagère, une jeune femme aux longs cheveux blonds, dont Augustin accrocha le regard un bref instant.
    Environ un kilomètre plus loin, ils prirent un virage serré à droite, suivirent un chemin poussiéreux et tournèrent à gauche pour se diriger vers un pont en terre enjambant un canal d’irrigation. Un garde vint à leur rencontre. Apparemment, Griffin venait de partir. C’était sans doute lui qui conduisait le pick-up. Mais Peterson était sur le site. Le garde demanda à Farouq d’aller se garer près du bureau et de l’attendre là. Une minute plus tard, Peterson arriva.
    — Inspecteur Farouq, lança-t-il. Quel plaisir inattendu ! Que puis-je faire pour vous ?
    — Je n’ai qu’un ou deux détails à éclaircir, répondit Farouq. Vous connaissez le docteur Augustin Pascal ?
    — De réputation.
    — Il m’a proposé son aide. Pour ce qui relève de