Le vatican indiscret

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    Ces éminents messieurs du conclave
    Afin de mieux comprendre ce qui se tramera au moment de la vacance du siège apostolique – c’est le terme consacré –, j’ai « confessé » quatorze éminents cardinaux de moins de 80 ans et de toutes tendances, sans parti pris ni arrière-pensée. Leurs commentaires les uns sur les autres éclaireront le lecteur sur les idées et le style de ces hauts prélats qui ont pour la plupart en commun d’être aujourd’hui polyglottes et surdiplômés, en théologie dogmatique, pastorale, christologie, philosophie, Écriture sainte, droit canonique… Ils sont souvent issus des académies pontificales romaines et, pour bon nombre d’entre eux, également membres de diverses Congrégations et Conseils pontificaux, leur lien régulier le plus étroit avec le Saint-Siège, en dehors d’être, chacun, titulaire d’une église romaine dont le fronton est orné de leurs armoiries. Bien sûr, les hauts prélats diserts qui m’ont informée m’ont fait promettre de ne pas les citer et je me suis pliée à leur souhait. J’ai choisi de présenter les cent dix-neuf membres du collège cardinalice des votants, arrêtés au jour de la publication de cet ouvrage, par ordre d’âge en commençant par le benjamin, ce qui n’empêche pas de rappeler que le plus âgé et bien sûr non votant est le cardinal Ersilio Tonini, archevêque émérite de Ravenne, 98 ans, doyen d’âge né en juillet 1914 dont les interventions sur la morale de l’Église ont longtemps fait autorité.
     
    Sa Béatitude Baselios C LEEMIS T HOTTUNKAL , né en juin 1959, est à 53 ans le benjamin du Sacré Collège et l’archevêque majeur de Trivandrum des Syro-Malankars. Natif de l’État du Kerala, diplômé de l’Angelicum à Rome, ce nouveau cardinal d’ouverture, d’une grande vitalité, est à la tête d’une Église minoritaire de cinq cent mille fidèles de tradition syriaque, unie à Rome depuis 1930. Pape dans sa communauté, il est le « patron » de quatorze évêques et six cents prêtres.
    Luis Antonio T AGLE . À 55 ans, l’archevêque de Manille, né en juin 1957, créé cardinal lors du second conclave de l’année, est le deuxième plus jeune membre du Sacré Collège. Celui qui a reçu la barrette le 24 novembre 2012 représente un diocèse qui compte soixante-quinze millions d’âmes, le plus important d’Asie. Il avait été remarqué par Benoît XVI, il y a plusieurs années, en tant que brillant intervenant de la Commission théologique dont il est membre. Évêque d’Imus, diocèse populaire de la grande banlieue de Manille, il défend les pauvres dans un pays où 80% de la population est catholique. C’est un cardinal très impliqué dans le social.
    Rainer Maria W OELKI . Le cardinal-archevêque allemand de Berlin, né en août 1956, est un modéré habile. Président de la Caritas allemande, il a renoncé au confortable appartement de son prédécesseur pour s’installer dans le quartier populaire de Wedding. À 56 ans, il sera le plus jeune du conclave. Ses collèges européens, surtout, observent son savoir-faire.
    Reinhard M ARX . Le cardinal-archevêque allemand de Munich et Freising, né en septembre 1953, occupe le siège prometteur qui fut celui de Joseph Ratzinger de 1977 à 1993. Ce modéré talentueux est, depuis mars 2012, le président de la Commission des épiscopats de la Communauté européenne (Comece), poste de lobbying puissant.
    Willem Jacobus E IJK . Le seul cardinal des Pays-Bas et archevêque d’Utrecht. Né en juin 1953, ce conservateur, pourrait s’avérer très utile car il est le seul cardinal médecin. On ne sait jamais. De plus, diplômé en bioéthique médicale, il est également généticien, docteur en philosophie et licencié de théologie. Ce surdiplômé a une devise porteuse : «  Noli recusare laborem  », « Ne pas refuser le travail ».
    Péter E RDŐ . Seul cardinal hongrois votant, l’archevêque d’Esztergom-Budapest et Primat de Hongrie, brillant intellectuel, né en juin 1952, modéré et connu en Europe, a l’estime de tous ses collègues européens. Il est à la tête de l’autre puissant organisme catholique d’Europe, la présidence du Conseil des Conférences épiscopales européennes. Un organisme de poids. C’est un des hommes de très grand avenir de l’Église romaine. Pourquoi pas le prochain Pape ?
    Philippe B ARBARIN . Primat des Gaules et archevêque de Lyon. Le plus dynamique des