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L'énigme des blancs manteaux

Titel: L'énigme des blancs manteaux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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vagabonder son esprit. Parfois, le doute l'assaillait sur le bien-fondé de son initiative. Était-il suffisamment armé pour exiger avec autant de suffisance une comparution présidée par M. de Sartine ? Puis les propos de M. de Noblecourt lui revenaient en mémoire et le confortaient dans sa volonté d'aboutir. Il savait qu'il allait engager non seulement le dénouement de son enquête, mais aussi son avenir dans la police. Une erreur le rejetterait à jamais dans des fonctions subalternes, et cela d'autant plus que l'échec suivrait immédiatement son extraordinaire élévation. M. de Sartine ne lui pardonnerait pas un insuccès dont la responsabilité lui incomberait pour avoir confié une affaire aussi grave à un jeune homme inexpérimenté. Ce n'était pas tant la découverte de criminels qui importait pour le haut magistrat que la conclusion d'une affaire d'État touchant de près le souverain et la sûreté du royaume en temps de guerre. Il connaissait parfaitement les raisons particulières pour lesquelles son chef s'était engagé, peut-être légèrement, à lui faire confiance ; il se devait de ne pas le décevoir. Mais convaincu, au fond, d'avoir donné le meilleur de lui-même et cela au risque de sa vie, ses doutes appartenaient plus au domaine de la conjuration qu'à celui d'une crainte justifiée.
    Il rentra au Châtelet sur le coup de cinq heures. Il se sentait dispos et déterminé. Ses délibérations avec lui-même se concluaient par une volonté d'action et d'aboutissement sans états d'âme superflus.
    Bourdeau, inquiet de son absence, manifesta son soulagement de le voir, mais se garda de l'interroger sur l'emploi de sa journée. Il avait préféré soutenir la requête de Nicolas de vive voix, car il connaissait lesréactions du lieutenant général quand il supposait que les égards dus à sa fonction n'étaient pas exactement observés. Nicolas reconnut encore une fois la sagesse de son adjoint.
    M. de Sartine avait bien renâclé devant une proposition imposée, mais il s'était finalement laissé convaincre par les arguments de l'inspecteur : il ne regretterait pas une séance où tout devait s'éclairer.
    Bourdeau regarda Nicolas qui ne manifesta ni approbation ni inquiétude devant cette formule. Il le félicita au contraire d'avoir agi de la sorte. Il convenait maintenant de préparer la salle. Avec l'aide du père Marie, il fit placer des escabeaux en rang dans le bureau du lieutenant général. Ce n'était pas encore la sellette des tribunaux, sur laquelle les prévenus étaient interrogés, mais cela y ressemblait et, disait-il, ajouterait à l'inconfort des participants. Il eut un long conciliabule avec Bourdeau, à la conclusion duquel le père Marie fut invité à se joindre. Ils entrèrent tous les trois à plusieurs reprises dans le bureau, comme pour repérer les lieux. A mesure que l'heure approchait, Nicolas s'exaltait davantage.
    Les suspects et les témoins arrivaient maintenant les uns après les autres pour être aussitôt enfermés dans des pièces séparées où il leur était impossible de communiquer. Six heures sonnaient au clocher voisin. Un pas pressé dans l'escalier de pierre annonça M. de Sartine, toujours exact. Il fit signe à Nicolas de le suivre dans son bureau. À peine entré il se précipita vers la grande cheminée où il se mit à tisonner le feu avec une sorte de rage. Le jeune homme attendit placidement qu'il eût sacrifié à sa manie.
    — Monsieur, commença-t-il, j'apprécie fort peu de me faire dicter mes actes et ordonner ma présencedans mes propres bureaux. J'ose espérer que vous avez de bonnes raisons pour agir de la sorte.
    — Je n'ai fait, monsieur, que suggérer l'organisation d'une séance que j'estimais si essentielle à notre enquête qu'elle ne pouvait se tenir en dehors de vous, répondit Nicolas avec déférence. Vous en avez d'ailleurs jugé ainsi pour y avoir accédé.
    Son interlocuteur se radoucit.
    — J'en accepte l'augure. Mais au moins, Nicolas, cela conduira-t-il à régler ce à quoi nous pensons tous les deux ?
    — Je le pense, monsieur.
    — Veillez, en tout cas, à demeurer discret sur ce point.
    Il passa derrière son bureau et s'assit dans le grand fauteuil de damas rouge. Il tira sa montre et la consulta.
    — Pressez les choses, Nicolas. Je suis attendu à souper et ma femme ne me pardonnerait pas d'y manquer.
    — Je fais introduire nos gens sur-le-champ. Mais, quant à votre souper, monsieur, je crains que

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