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L'énigme des vampires

L'énigme des vampires

Titel: L'énigme des vampires Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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et de fusion avec ce qui
est pur et parfait, total et infini. Or, il arrive que cette polarité soit
inversée et que ce soit l’être supérieur qui demande à ses fidèles de lui
fournir leur sang. Ainsi s’expliquent les divinités cruelles de certaines
religions, dont Kâli la Noire, aux Indes, est le modèle le plus saisissant. Et,
dans la problématique du Vampire, celui-ci apparaît la plupart du temps comme
une de ces divinités sanguinaires qui se nourrissent – et ne survivent – que
grâce au sang des humains.
    Dans l’imaginaire, le Vampire classique est associé à la
chauve-souris, mammifère volant nocturne. Tout bien pesé, il s’agit d’une
réduction de l’image du Dragon ailé, avec des ailes noires de chiroptère, donc
diabolisé à l’extrême, et se cachant dans les ténèbres de la caverne. À partir
de cette représentation stéréotypée, d’autres équivalences se produisent :
l’oiseau de proie est notamment tenu pour un animal vampirique qui se nourrit
effectivement du sang des autres. C’est alors qu’apparaissent les vautours, les
aigles, les buses, parfois les corbeaux et les corneilles, mais surtout les
oiseaux nocturnes, beaucoup plus inquiétants parce que surgissant de l’ombre et
fuyant la lumière. Ainsi s’organise un trouble royaume de la nuit sillonné par
les divers chats-huants et autres chauves-souris, même si celles-ci ne sont pas
des oiseaux. C’est ainsi qu’apparaît la peur de la chauve-souris, dont les
griffes s’accrochent soi-disant aux cheveux des humains, ainsi que de la
chouette dont le cri plaintif, surgi du fond de l’inconnu, réveille les humains
et leur annonce malheur et destruction.
    Ici, la polarité est incontestablement négative. Ces êtres
de la nuit incarnent le Mal, ou tout au moins la volonté de faire le Mal. Il
importe donc de les écarter et de les combattre par tous les moyens. Et le
premier de ces moyens est de les ignorer, de les enfouir au plus profond de l’inconscient.
Fatale erreur ! Plus on refoule des images dans l’inconscient, plus elles
ont tendance à surgir, au moment où on s’y attend le moins, sous des formes
surprenantes ; et c’est alors qu’elles sont susceptibles de provoquer le
plus de dégâts, dans les esprits comme dans les corps. Ainsi surgit de l’obscurité
l’étrange et fascinante Lilith.
    Qui est donc cette Lilith dont tout le monde connaît le nom
et que l’on croit vaguement provenir de la tradition ancienne des Hébreux ?
Elle est pratiquement absente de la Bible. On peut supposer avec quelque raison
qu’elle en a été exclue, parce qu’elle était trop inquiétante, trop pernicieuse :
mais les traces qu’elle y a laissées sont très repérables. La seule référence
explicite à Lilith se trouve dans le Livre d’Isaïe (XXXIV, 14) à propos des
ruines d’Édom : « Et c’est l’oasis des chacals, un courtil à hiboux. Les
lynx y rencontrent les chacals, le satyre y crie contre son compagnon. Là, se
délasse Lilith ; elle s’est trouvé un reposoir » (trad. Chouraqui).
    Cependant, les traducteurs de la Bible de Jérusalem se sont
cru autorisés à réintroduire le nom de Lilith dans le Livre de Job (XVIII, 15) :
« On arrache le méchant à l’abri de sa tente pour le traîner vers le roi
des Frayeurs. Lilith s’y installe à demeure et l’on répand du soufre sur son
bercail [126] . » C’est tout. Et
la tradition rabbinique conteste l’utilisation du nom de Lilith dans Job, signalant
que le nom de Lilith n’est qu’une métaphore, une ellipse commode pour signifier
« des gens indésirables et hors-la-loi ».
    Il serait bon de s’interroger sur le sens réel du nom de
Lilith. On a proposé longtemps de voir dans ce nom le terme sumérien lil qui signifie « vent » ; mais il
est possible d’y discerner également un dérivé de lulti ,
« lascivité », les deux étymologies n’étant nullement contradictoires.
Quant au philologue S. H. Langdon ( Semitic
Mythology , p. 261), il met en lumière que Lilith a le privilège d’avoir
transmis le seul mot sumérien qui soit passé en langue anglaise : lily , autrement dit gay ,
dans le sens d’homosexuel. « Mais la racine babylonienne lil peut aussi évoquer la terre, la plaine, que l’on
retrouve dans le nom du dieu Enlil. Et peut-être faut-il rapprocher de ce fait
la tradition qui nous indique que la première Ève (= Lilith) a bien été tirée
du limon de la terre : Lilith a peut-être

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