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L'énigme des vampires

L'énigme des vampires

Titel: L'énigme des vampires Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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qui concernent
les pertes de sang. Et derrière ces règles de morale, se dessinent d’antiques
terreurs concernant l’existence de démons femelles qui se nourrissent de sperme,
et qui non seulement se régénèrent, mais peuvent donner naissance à d’autres
démons. À ce compte, la Lilith babylonienne peut être vierge, puisqu’elle se
contente de provoquer l’éjaculation des hommes. Mais Lilith est beaucoup plus
inquiétante, parce qu’elle absorbe le sperme – par voie buccale – et s’en
nourrit, provoquant ainsi l’épuisement de l’homme qui est sa proie. La relation
avec le Vampire est on ne peut plus évidente.
    Mais savoir la signification du nom de Lilith n’est pas suffisant.
Comment connaître les actions et les fonctions attribuées à ce personnage de l’ombre
alors que la source biblique est unique, se contentant d’établir un rapport
entre lui et des animaux de proie, en fait un habitué des ruines, subissant une
sorte de malédiction divine ? Si la Bible reste très discrète sur Lilith, le Talmud , le Zohar et la tradition rabbinique dans son ensemble y font de fréquentes allusions. On
peut en déduire qu’elle est une sorte de démon femelle qui rôde la nuit sous
une forme ailée, qui enlève et dévore les enfants, s’attaque aux femmes en
couches et se livre à de bizarres fornications avec les hommes durant leur
sommeil. Elle s’attaque aux hommes dans ce qu’ils ont de plus précieux avec
leur sang : leur sperme. Elle se présente comme la profanatrice de la
semence masculine. Ainsi, en 1717 encore, Johann Jakob Schudt écrit-il des
Juifs de Francfort qu’ils « croient fermement que, lorsque le sperme
échappe à l’homme, il formera de mauvais esprits avec l’aide de Lachlath et
Lilith, mais qu’ils mourront en leur temps ». Lilith se présente donc bien
comme une « dévoreuse de sperme », une femme-vampire qui, dans ses
pratiques « illicites », recourt évidemment à la masturbation et à la
fellation, pour ne pas parler de la sodomie. Le sperme qui tombe sur le sol – comme
le sang, d’ailleurs – féconde Lilith parce que Lilith est avant tout une « démon »
tellurique, comme le sera plus tard la Mélusine du Poitou. Lilith passe pour
avoir des enfants qui sont évidemment des démons. On raconte même qu’elle est
la mère du dieu Ormuzd, c’est-à-dire l’Iranien Ahura-Mazdâ, confondu ici avec
le principe du Mal, Arhiman. Si elle est la mère des démons, elle en est aussi
la reine toute-puissante. Mais elle a ses favoris parmi sa descendance. C’est
pourquoi il importe de bien connaître les démons qui hantent les cauchemars.
    Le Zohar met en garde les
hommes sur une rencontre possible avec Lilith, la « Prostituée, la Maudite,
la Fausse, la Noire ». Non satisfaite de provoquer l’homme à des pratiques
sexuelles illicites, Lilith s’efforce de prendre la place de l’épouse légitime.
C’est pourquoi le Zohar (III, 19) propose un
rituel et des incantations pour éloigner Lilith la Noire. Quand un homme s’unit
à sa femme, il doit « diriger ses pensées vers la sainteté de son seigneur ».
Le Zohar pratique la catharsis psychanalytique
avant la lettre : il interdit aux hommes en train de « connaître leur
femme » d’utiliser la moindre image fantasmatique de transfert qui les
détournerait de leur épouse. Ils doivent même prononcer ces paroles propitiatoires
à l’encontre de Lilith : « Dans un doux vêtement de velours, es-tu
ici ? Arrête, arrête ! n’entre pas et ne sors pas ! rien de toi
et rien en toi ! retourne, retourne ! La mer gronde, les vagues t’appellent.
Moi, je saisis la partie sacrée, je suis entouré de la sainteté du roi. »
Et, en prononçant ces paroles, on doit aussi couvrir sa tête et la tête de sa
femme de linges et, après la consommation, arroser le lit d’eau claire. On ne
nous dit pas si cette recette est valable pour éloigner les vampires, mais c’est
tout comme ! Ce rituel magique pour se débarrasser de la présence
constante et encombrante de Lilith pendant la nuit témoigne de la peur qu’elle
inspirait, non pas peut-être en tant qu’être virtuel, mais en tant que
cristallisation des désirs charnels non dirigés exclusivement vers la procréation.
Ce qui s’accorde parfaitement avec le Lévitique dont les prescriptions rendent en réalité la femme impure pendant le temps
présumé où elle n’est pas féconde. Car, en dernière analyse, Lilith n’est

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