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L'énigme des vampires

L'énigme des vampires

Titel: L'énigme des vampires Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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été une déesse de la Terre et de
la fécondité [127] . » Cependant, on
peut aussi apparenter le nom de Lilith à l’hébreu laïl qui signifie « nocturne », ce qui correspondrait bien au caractère noir de Lilith et à ses apparitions dans les
fantasmes nocturnes. Allons même plus loin : pourquoi ne pas voir derrière
Lilith l’hébreu lou’a , « gorge »,
« gueule », et quantité de mots arabes qui signifient « lécher »
ou « engloutir » ? Cela doit nous rappeler que souvent, dans les
textes du Moyen Âge, on répète que l’homme, avant de s’élever au paradis, doit
obligatoirement passer par la gueule du Dragon. D’ailleurs, le mot « goule »,
qui désigne un démon femelle de la tradition arabe – si présent dans les Mille et une Nuits  ! –, est le résultat d’une
transposition du mot lugha , « langue ».
Lilith est donc vraisemblablement une « dévoreuse », comme le Dragon
et comme le Vampire.
    Ce n’est pas seulement dans les langues sémitiques qu’il conviendrait
de rechercher l’origine du nom de Lilith. Il paraît intéressant de signaler la
racine indo-européenne la qui désigne une
certaine façon de crier et de chanter, et en définitive, tout ce qui se
rapporte à l’activité orale. Le sanskrit lik ,
« lécher », en découle. C’est ainsi qu’on trouve en ancien indien le
mot lallala qui désigne le bruit confus des
gens qui bavardent, ce qui fait évidemment penser à l’expression française
familière, le « bla-bla-bla ». Mais la racine lik a produit de très nombreux mots dans les langues
européennes, mots qui se rapportent tous aux lèvres, à la gorge, à la voix et à
toutes les activités orales. On peut ainsi remarquer le grec lalos , « bavard », le néerlandais lullen , « bavarder », le latin lallus , « chant de nourrice » et l’anglais to lull , « fredonner une berceuse ».
On sait qu’une lullaby est une berceuse
anglaise. Mais on est étonné de constater que ce terme a un certain rapport
avec le nom du Merlin historique, poète du VI e  siècle
dans la Basse Écosse actuelle, nom qui figure sous la forme de Laïloken dans
les textes ecclésiastiques en latin et Llallogan dans les textes en langue galloise. Or Merlin, ne l’oublions pas, est le fils d’un
Incube…
    Quoi qu’il en soit de ces diverses étymologies, on ne peut, à
propos de cette mystérieuse Lilith hébraïque, qu’établir un rapprochement avec
certaines divinités du panthéon assyro-babylonien. Que penser du démon mâle
Lilû, hypostase d’un Lil sumérien antérieur, qui est un esprit de lascivité et
de sensualité, séduisant les femmes pendant leur sommeil ? Il n’est pas
douteux que cette entité démoniaque est comparable aux Incubes de la tradition
médiévale. De plus, ce Lilû a une commère du nom de Lilitû ou d’ Ardat Lili . Elle tient le rôle d’une
servante auprès de Lilû. Mais surtout, elle s’occupe particulièrement des
hommes et les provoque à la débauche. Ce n’est plus ici un Incube, mais une
Succube de la plus belle espèce. On la définit comme une sorte de vierge
inassouvie « qui n’a pas enlevé son vêtement devant son mari et qui n’a
pas de lait dans ses seins ». Il s’agit en fait de la « Vierge
prostituée » si commune dans les rituels et les mythologies orientales. Et
il apparaît clairement que Lilitû a des relations sexuelles avec les hommes, mais sans accomplir l’acte du coït , caractéristique
qui a son importance quant au personnage de Lilith, incontestablement une
femme-vampire.
    Cette Lilitû est représentée sur une tablette mésopotamienne
sous l’aspect d’une louve à queue de serpent ou de scorpion, en train de
dévorer un enfant. Elle serait donc une ravisseuse et une dévoreuse d’enfants. Cette
définition imagée est facile à interpréter : c’est un euphémisme pour
traduire le fait qu’elle dévore le sperme des hommes jusqu’à total épuisement
de ceux-ci. On comprend dès lors pourquoi la loi juive est si sévère à propos
des pertes séminales volontaires ou involontaires. L’anecdote d’Onan, foudroyé
par Dieu parce qu’il a répandu sa semence ailleurs que dans le vas naturale , pour reprendre l’expression
théologique chrétienne consacrée, ne signifie pas seulement une condamnation de
la masturbation solitaire mais celle de toutes pratiques conduisant à une perte
du sperme. Ces interdictions sont exactement identiques à celles

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