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L'énigme des vampires

L'énigme des vampires

Titel: L'énigme des vampires Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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forêt succéda
une prairie, au bout de laquelle coulait une large rivière. Perceval s’approcha
de l’eau ; à ce moment passait une barque très bien équipée. À l’arrière, couché
sur de riches coussins, un vieillard pêchait. Quand il fut à la hauteur de
Perceval, il le héla et l’invita à passer la nuit en son château : on n’avait
qu’à remonter un peu la rivière pour y arriver. Perceval suit donc le bord de l’eau.
Il regarde à droite et à gauche, et ne voit point de maison. Peu à peu les
campagnes autour de lui deviennent plus désolées ; il ne découvre ni hameaux
ni cultures, mais partout des terres en friche, des herbes séchées ; aux
vergers abandonnés pas un arbre qui porte fruit. Au cœur de Perceval naît la
déception, et l’impatience de ces rives désertes et de ces landes sans fin [144] … »
    À peu de chose près, on se croirait quelque part sur les chemins
trompeurs de la Transylvanie, tout près de découvrir la silhouette déchiquetée
du Château des Carpates, domaine d’un comte Dracula qu’on n’imagine même pas encore,
dans un paysage abandonné par les hommes et sous le coup d’un sortilège de mort
et de destruction. Au fait, quel est donc ce mystérieux royaume du Graal sur
lequel règne un vieillard impotent, blessé à la cuisse et boiteux, qui passe
son temps à pêcher sur une rivière dont on ne distingue pas les méandres, royaume
qui souffre, royaume stérile où rien n’est comme ailleurs, et où se cachent, on
le sent bien, des êtres qui attendent  ? Quels
sont ces morts-vivants ou plutôt ces non-morts , qui guettent à chaque carrefour, chargés
d’égarer les voyageurs qui ne correspondraient pas à celui, le seul, l’unique, qu’en
désire âprement et qui ne vient jamais ? Car le royaume du Graal est le
pays de l’attente. Il est plongé dans un état de torpeur. Que vienne enfin le
Bon Chevalier…
    La légende du Graal a une double origine. Elle est
construite sur un schéma qui remonte très loin dans le paganisme celtique et, à
partir du XII e  siècle, peut-être même
avant, elle s’est trouvée intégrée dans le vaste cycle arthurien et mise en
valeur par les écrivains anglo-normands et les commensaux des Plantagenêts, soucieux
de localiser cette histoire dans leurs propres domaines, notamment à
Glastonbury. Mais alors s’est produite la rencontre avec des traditions
judéo-chrétiennes, empruntées d’ailleurs à des textes considérés comme
apocryphes, l’Évangile du pseudo-Nicodème ou les « Actes » attribués
à Pilate. L’objet merveilleux, magique, qu’était le Graal à l’origine, est
devenu, sous cette influence, une coupe, un calice contenant le sang de Jésus
recueilli à la descente de croix par le pieux Joseph d’Arimathie, coupe emmenée
par lui en quelque manoir perdu au fond de l’île de Bretagne. À partir de là, des
notions ésotériques sont venues infléchir le sens premier de la Quête et la signification
de la Coupe. Et, au XIII e  siècle, surtout
depuis 1215, à cause du dogme de la Transsubstantiation et du culte du Précieux
Sang, le Graal s’est retrouvé objet liturgique et symbole éminent du Sang
répandu par le Rédempteur à l’intention de tous les humains qui comprendraient
que le Sang de Jésus donne la Vie . Le tout est
de découvrir le chemin authentique qui mène vers le Château du Graal. Ce
château n’est pas visible par tous. Et quand même on pénétrerait dans ce
sanctuaire, rien ne serait accompli sans un rituel, sans une interrogation, sans
une question. C’est cette question qu’attendent les étranges personnages qui
résident dans cette nuit irréelle qui est celle du Royaume du Graal.
    On a proposé d’innombrables interprétations de cette étrange
histoire du Graal [145] , interprétations
divergentes parfois, mais qui ne sont jamais contradictoires, puisque tout
dépend des niveaux de lecture auxquels on s’attache. Mais il faut bien
reconnaître que, dans les multiples versions de la légende, tout est dominé par
une histoire de sang , comme si l’attention
devait être portée exclusivement sur cet élément vital, essentiel, sans lequel
toute vie serait impossible.
    Il y a d’abord la blessure du Roi Pêcheur, gardien du Graal,
cette mystérieuse blessure à la cuisse ou à la jambe, et qui semble en réalité
une blessure aux parties sexuelles. Dans la version allemande de Wolfram von
Eschenbach, c’est parce qu’Anfortas, le Roi

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