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L'énigme des vampires

L'énigme des vampires

Titel: L'énigme des vampires Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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le loup-garou, maître
des métamorphoses, le cerf, symbole d’un perpétuel rajeunissement (parce qu’il
perd et remplace ses bois), le serpent, symbole de l’immortalité (parce qu’il
mue et qu’il est d’essence dragonesque ), et la
corneille qui, comme le corbeau, passe pour un des plus vieux animaux du monde,
image d’une divinité immortelle mais néanmoins changeante comme la Morgane de
la tradition celtique. Cela dit, Médée est sorcière, magicienne, et, par sa
volonté autant que par sa connaissance, elle va obliger les dieux et la nature
à lui obéir.
    Elle plonge une branche d’olivier dans le mélange qui cuit
dans le chaudron, et dès qu’elle voit la branche reverdir, « elle tire un
glaive et ouvre la gorge du vieillard. Elle laisse couler le vieux sang et le
remplace par ses sucs. Dès qu’Éson les a reçus par sa bouche ou par sa blessure,
sa barbe, ses cheveux, dépouillés de leur blancheur, noircissent tout à coup ;
sa maigreur disparaît ; sa pâleur et ses rides s’évanouissent ; un
nouveau sang circule dans ses veines, et son corps prend de l’embonpoint. Éson
étonné retrouve la vigueur dont il se souvient d’avoir joui quarante ans auparavant ».
Ce rajeunissement, qui a toute l’allure d’une résurrection, consiste donc à
remplacer le vieux sang du vieillard par un sang neuf, mais composite, un sang
d’essence supérieure capable de prolonger la vie au-delà de toute limite
naturelle. C’est donc un acte « contre nature » qu’accomplit Médée. Mais
elle n’est pas la seule sorcière de l’Antiquité à avoir procédé de la sorte. Lucain,
le poète de la Pharsale , quand il oublie de
composer son épopée à la gloire de Jules César, se fait l’écho de nombreuses
croyances et traditions appartenant à divers pays d’Europe. C’est grâce à lui
que nous connaissons certains détails de la pensée religieuse des Gaulois, ainsi
que du rituel druidique. C’est ainsi qu’à partir d’un événement précis du récit
entrepris pour décrire la lutte épique de César contre Pompée, il évoque les
pouvoirs d’une célèbre magicienne, Érichto la Thessalienne, que vient consulter
le fils de Pompée.
    « Le meurtre ne lui coûte rien, sitôt qu’elle a besoin
d’un sang qui fume encore, et qui jaillisse de la plaie, ou qu’elle veut pour
ses sacrifices une chair vive et un cœur palpitant. Elle déchire les entrailles
d’une mère et en arrache un fruit prématuré, pour l’offrir à ses dieux sur un
autel brûlant. Toute mort est à son usage : de la joue éteinte des
adolescents, elle enlève ce duvet tendre qui annonçait la fleur de l’âge ;
de celui qui meurt dans sa virilité, ce sont les cheveux qu’elle ravit. Elle
assiste à la mort de ses proches, et sans pitié pour ce qu’elle a de plus cher,
elle se jette sur le mourant, feint de lui donner le dernier baiser, et lui
tranche la tête ou lui entrouvre la bouche, et, d’une dent impie lui mordant la
langue déjà glacée et presque attachée au palais, elle murmure sur ses lèvres
éteintes, et lui confie les noirs secrets qu’elle fait passer aux enfers. »
Il y a ici double action : la magicienne se sert des mourants comme de
messagers dans l’Autre Monde et en profite pour obliger les divinités
infernales à obéir à ses injonctions, comme le feront plus tard les sorcières
chrétiennes invoquant les démons, ou même les prêtres exorcistes quand ils
voudront chasser ces démons du corps d’un malheureux possédé. Les procédés sont
identiques quelle que soit la religion dominante, car la magie – et donc la
sorcellerie – n’a pas d’âge, ni même de frontière. C’est peut-être la chose la
plus universellement répandue, bien qu’on fasse semblant de croire que ce n’est
qu’escroquerie ou simple illusion des sens.
    Mais cette description de Lucain ne visait qu’à montrer la
puissance attribuée à la magicienne Érichto. Or, cette puissance, à vrai dire
très dangereuse et très suspecte, on la considère capable de redonner la vie à
un corps mort. Devant Sextus Pompée, à l’aide d’un mystérieux mélange d’un
bouillon d’herbes diverses et de sang nouveau, elle se livre à une opération proprement
vampirique. « À peine avait-elle achevé qu’une chaleur soudaine pénètre le
sang du cadavre, et ce sang commence à couler. Dans son sein glacé jusqu’alors,
les fibres tremblantes palpitent ; et la vie rendue à ce corps qui

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