L'énigme des vampires
a tant aimée.
À Werst, Franz de Telek n’est pas loin de penser que le
baron de Gortz et Orfanik sont revenus clandestinement dans le château familial.
Il forme, avec son fidèle Rotzko, le projet d’aller jusqu’au château, mais sans
en avertir les habitants du village. La nuit suivante, alors qu’il est dans sa
chambre, dans l’auberge, à demi endormi, il croit entendre – ou entend – la
voix de la Stilla. Bouleversé par cette fantasmagorie, il n’hésite plus : il
faut qu’il pénètre dans le château des Gortz.
Franz et Rotzko se trouvent sur le plateau, non loin du burg.
« Rien ne décelait la présence d’hôtes quelconques à l’intérieur du donjon.
Pas une fumée ne se détachait des cheminées, pas un bruit ne sortait de ses
fenêtres hermétiquement closes. Rien – pas même un cri d’oiseau – ne troublait
le mystère de la ténébreuse demeure. » La nuit est tombée. Alors, « sur
le terre-plein du bastion, où se dressait le hêtre légendaire, apparut une
forme vague… C’était une femme, la chevelure dénouée, les mains tendues, enveloppée
d’un long vêtement blanc ». Et avec effarement, le jeune comte reconnaît
la Stilla : « Elle… elle… vivante ! »
Franz se dit que la Stilla est retenue prisonnière par le
baron de Gortz. Il ordonne à Rotzko d’aller passer la nuit au village de Vulkan,
puis, s’il ne revient pas, d’aller prévenir la police de Karlsburg. Et, seul, le
comte s’introduit dans le château de son ennemi, le baron de Gortz.
Après de nombreuses difficultés, le voici au cœur de la
place, mais il s’aperçoit que toute retraite lui est coupée. Il s’égare et se
retrouve dans un souterrain, « lorsqu’un point lumineux apparut à deux ou
trois centaines de pieds en avant. D’où provenait cette lueur ? Était-ce
simplement quelque phénomène naturel, l’hydrogène d’un feu follet qui se serait
enflammé à cette profondeur ? ». Et, bien entendu, cette question se
pose à son esprit tourmenté : « Serait-ce elle ? » Mais c’est
« une ampoule de verre, pleine d’une lumière jaunâtre » qu’il
aperçoit. Et il se retrouve dans une crypte d’où il ne peut plus sortir. Il
dort sur un lit sommaire qui semble avoir été préparé pour lui, puis se décide
à tenter l’impossible. C’est alors qu’il entend des pas. Il guette le moment où
la porte va s’ouvrir, mais la porte ne s’ouvre pas. Par contre, il entend « une
voix d’une douceur infinie ». C’est la voix de la Stilla, « un peu
affaiblie, avec toutes ses inflexions, son charme inexprimable, ses caressantes
modulations, admirable instrument de cet art merveilleux qui semblait être mort
avec l’artiste ». Il se dit que la Stilla, prisonnière du baron, doit être
devenue folle. Et lui aussi, il est sur le point de devenir fou.
Avec l’énergie du désespoir, Franz parvient à se frayer un
passage à travers une porte vermoulue. Il erre de nouveau à travers les corridors
du château et débouche ainsi dans la vieille chapelle délabrée. Il aperçoit
alors un homme et reconnaît Orfanik, l’âme damnée du baron de Gortz :
« Orfanik, courbé vers le sol, venait de soulever plusieurs cylindres de
fer, auxquels il attachait un fil qui se déroulait d’une bobine déposée dans un
coin de la chapelle. » Et quelques instants plus tard, apparaît le baron
de Gortz. En suivant la conversation des deux hommes, Franz apprend que Rotzko
a désobéi à ses ordres et qu’il amène la population de Werst et des soldats
pour donner l’assaut au château. Le baron dit alors : « Puisque le
château ne peut plus se défendre, du moins écrasera-t-il sous ses débris ce
Franz de Telek et tous ceux qui lui viendront en aide. » Franz comprend
également que le château est bourré d’explosifs qui se déclencheront lorsque le
baron et Orfanik auront fui par un souterrain secret. Et surtout, le comte a l’explication
des mystérieuses voix qui se font entendre dans l’auberge de Werst : il s’agit
d’un ingénieux système de phonie électrique mis en place par Orfanik et qui
permet au baron de Gortz d’être tenu au courant de tout ce qui se passe au
village en même temps que d’impressionner ces gens trop crédules par des voix
apparemment surnaturelles.
Mais les préparatifs des deux hommes sont terminés. Orfanik
s’en va. Le baron a voulu rester seul à l’intérieur du château, et Franz
cherche à le rejoindre pour
Weitere Kostenlose Bücher