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L'énigme des vampires

L'énigme des vampires

Titel: L'énigme des vampires Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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villages, se mettant nues en public, se fouettant
mutuellement, hurlant des chants et pratiquant des attouchements indécents. Vestiges
d’un culte de la Déesse des Origines ? Probablement, mais avec des rituels
érotiques sanguinaires. On peut toujours se demander si Erzébeth Bathory, si
précocement initiée par sa tante Klara, n’a pas consacré sa vie à cette religion
instinctuelle et viscérale tout entière vouée
à l’adoration de la Grande Déesse des temps obscurs, celle qu’on a prisé trop
hâtivement pour la terrible Hécate lunaire, divinité grecque des carrefours (où
rôde également le Diable !), et qui n’est en réalité que l’image du Soleil
rouge, divinité ô combien féminine, la fameuse et cruelle Artémis des Scythes, celle
qui, dans la tragédie d’Euripide, Iphigénie en
Tauride , réclame incessamment le sang des mortels pour nourrir son
existence surnaturelle ? Il y a là un bel exemple de vampirisme [50] .
    Mais l’homosexualité d’Erzébeth Bathory n’était pas exclusive.
On lui prête plusieurs aventures masculines avant son mariage et après son
veuvage. Toute jeune, immédiatement après sa puberté, elle aurait eu une petite
fille d’un paysan. Elle avait quatorze ans et elle était déjà fiancée à Férencz
Nàdasdy, un comte appartenant à la meilleure noblesse hongroise, redoutable
guerrier qui devint illustre et mérita, par la suite, le titre de « Héros
noir de la Hongrie ». Mais on sait ce que signifiaient les mariages dans
la bonne société d’alors. Il semble que, se trouvant enceinte, elle demanda à
Ursula Nàdasdy, mère de son fiancé, laquelle était chargée de sa « protection »,
la permission d’aller dire adieu à sa propre mère, Anna Bathory, accompagnée d’une
seule femme en qui elle avait toute confiance. On ne dit pas si Anna Bathory
approuva le comportement de sa fille, mais elle fit contre mauvaise fortune bon
cœur. Craignant le scandale et la rupture du mariage de sa fille, elle aurait
amené secrètement Erzébeth dans un de ses châteaux les plus éloignés, du côté
de la Transylvanie, laissant courir le bruit que sa fille, atteinte d’une
maladie contagieuse, avait besoin de repos et d’isolement absolus. Elle l’aurait
alors soignée, aidée d’une femme venue du château familial de Csejthe et d’une
accoucheuse qui avait fait le serment de ne rien révéler. Une petite fille
serait donc née, à laquelle on aurait donné également le prénom d’Erzébeth, et
qui aurait été confiée, moyennant pension, à la femme de Csejthe qui avait
accompagné sa fille. Quant à la sage-femme, elle fut renvoyée de Roumanie avec
de quoi vivre largement, mais interdiction de jamais revenir en Hongrie. C’est
alors qu’Erzébeth Bathory et sa mère seraient parties directement pour Varanno
où devaient être célébrées les noces de l’héritière des Bathory avec l’héritier
des Nàdasdy.
    Ces noces eurent lieu le 8 mai 1575. Erzébeth avait
quinze ans, et son mari en avait vingt et un. L’empereur Maximilien de
Habsbourg assista lui-même au mariage. Le roi Matthias de Hongrie et l’archiduc
d’Autriche envoyèrent de somptueux cadeaux aux nouveaux époux qui s’en allèrent
passer leur lune de miel dans le château de Csejthe, dans le district de Nyitra,
région montagneuse du nord-ouest de la Hongrie, encore célèbre aujourd’hui par
la qualité de ses vignobles, mais aussi pour ses châteaux forts en ruines, ses
histoires de fantômes et ses traditions vivaces de vampires et de loups-garous.
    Mais le séjour de Férencz Nàdasdy fut de courte durée. Ses
devoirs de combattant l’appelaient à la guerre à travers toute la Hongrie et
les pays avoisinants. Il laissa donc sa jeune et belle épouse régner sur le
château de Csejthe et sur les vastes domaines qui l’entouraient. Que se
passa-t-il donc alors ? Il est probable que la sensualité d’Erzébeth, fortement
éveillée par son mari – qui lui fit d’ailleurs deux enfants –, se sentit
quelque peu frustrée. On lui prêta plusieurs intrigues amoureuses, mais sans
lendemain, dont une avec un de ses cousins, le comte Gyorgy Thurzo, futur
premier ministre de Hongrie et qui fut d’ailleurs, par la suite, son juge le
plus sévère.
    Cela ne veut pas dire que les époux ne s’entendaient pas
bien : au contraire, leurs retrouvailles étaient toujours de nouvelles
lunes de miel. Mais le seul tort du mari était d’être trop souvent absent. Et,

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