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L'énigme des vampires

L'énigme des vampires

Titel: L'énigme des vampires Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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environnante.
Intriguée, elle se baigna le visage avec le sang d’une des victimes de ses
orgies sadiques. Son visage lui sembla rajeuni et revivifié par le traitement [53] . »
    Le souci primordial d’Erzébeth Bathory, depuis son plus
jeune âge, avait été sa beauté : elle avait une peur atroce de vieillir et
de s’enlaidir. Il n’en fallait pas plus pour s’imaginer qu’elle pouvait
indéfiniment préserver sa beauté grâce à du sang frais de jeunes filles, de
préférence vierges, donc revêtues de cette aura magique que confère la
virginité. « Le sang, c’est la vie ! » répétait Renfield au
docteur Seward. Mais pour Erzébeth Bathory, la vie, c’était la beauté et la
jeunesse. Si l’anecdote est vraie, on comprend mieux ce goût du sang chez elle.
Et cela nous ramène inévitablement au vampirisme.
    Erzébeth Bathory passait son temps au château de Csejthe, faisant
également de fréquents séjours à Presbourg et surtout dans la demeure qu’elle
avait acquise à Vienne, non loin de la cathédrale, demeure qui semble avoir été
marquée aussi par de sanglantes orgies. À Csejthe comme ailleurs, Erzébeth
était toujours accompagnée de sa nourrice Jo Ilona et de sa servante Dorottya
Szentes, dite Dorko, deux femmes vieilles, vulgaires, sales, d’une totale
immoralité, et probablement sectatrices d’une de ces mystérieuses cohortes de
sorcières avorteuses qui pullulaient encore dans les campagnes de l’Europe
centrale. Il semble qu’elles aient été les principales pourvoyeuses de « chair
fraîche » de la comtesse, en même temps que ses « agents d’exécution »
quand il s’agissait de frapper, de saigner, puis d’enterrer les malheureuses
victimes. Autour de ce duo infernal, il y avait un homme à tout faire, Ujvari
Johanes, dit Ficzko, une sorte de nabot disgracieux, et une lavandière, Katalin
Beniezky. Erzébeth vivait au milieu de cette troupe entièrement vouée à son
service et à la satisfaction de ses instincts les plus bas. Cela constituait
pour elle le personnel permanent et indispensable. Mais il y avait aussi le
personnel « volant », de belles jeunes filles dont elle faisait ses servantes,
et parfois ses concubines, du moins tant qu’elle y trouvait une certaine
nouveauté. Car ces « servantes » disparaissaient les unes après les
autres, et il fallait bien que le « personnel permanent » se chargeât
de renouveler un cheptel qui devait être toujours jeune et beau. Certes, il y
en avait toujours en réserve. On prétend même que la comtesse veillait à ce que
ces jeunes filles retenues prisonnières fussent bien nourries et engraissées, car
elle croyait que plus elles étaient dodues, plus elles avaient de sang dans les
veines, et que plus elles étaient bien portantes, plus la vertu de ce sang
était efficace. Plus que jamais, le sang était la vie : Erzébeth Bathory
croyait-elle pouvoir échapper au vieillissement et à la mort, et gagner ainsi une
éternelle jeunesse ? Il semble qu’il faille prendre très au sérieux cette
conviction.
    Un autre personnage vint bientôt compléter la sinistre
troupe, une certaine Darvulia Anna. On a largement brodé sur cette femme sous
prétexte que son nom évoque celui de Dracula. Il n’est pas nécessaire d’en
venir là, car il apparaît que Darvulia était une sorcière de la meilleure
tradition, une magicienne noire qui connaissait des formules et des
incantations sataniques et qui n’hésitait pas, comme le fera plus tard la Voisin,
en France, au moment de l’affaire des Poisons, à procéder à des sacrifices
humains pour obtenir l’aide des puissances démoniaques. Sans doute Darvulia
Anna sut-elle convaincre Erzébeth Bathory, déjà quadragénaire mais toujours
très belle, qu’elle connaissait les recettes infaillibles pour prolonger indéfiniment
cette beauté. La comtesse ne put plus se passer de Darvulia, et il est établi
que la présence de cette « sorcière » ne fit qu’augmenter la
fréquence des « sacrifices » qu’Erzébeth offrait à la mystérieuse
divinité assoiffée de sang qu’elle n’avait jamais cessé d’adorer depuis sa plus
tendre enfance. Les plus belles filles de Transylvanie et de Hongrie, lorsqu’elles
étaient repérées par les émissaires de la comtesse, prenaient le chemin du château
de Csejthe. Tous les moyens étaient bons : menaces, intimidation, promesses
d’argent, achat pur et simple dans certaines familles pauvres. Mais la

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