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L'énigme des vampires

L'énigme des vampires

Titel: L'énigme des vampires Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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un
jour de 1586 ou 1587, alors que Férencz Nàdasdy était en plein combat contre
les Serbes, on raconte qu’arriva au château de Csejthe « un grand jeune
homme au teint cadavérique, dont le nom est resté perdu pour l’histoire. Il
était habillé de noir, avait de profonds yeux noirs et de longs cheveux noirs
tombant jusqu’aux épaules. Lorsque les servantes de la comtesse racontèrent au
village de Csejthe qu’il avait aussi des canines qu’elles jugeaient
anormalement longues, plus personne ne douta qu’un vampire s’était installé au
château, et les villageois n’allèrent plus se coucher sans avoir soigneusement
barricadé leurs portes et leurs fenêtres avec des planches [51]  ».
Cette histoire s’inscrit très bien dans le décor que suscite le personnage hors
pair de la comtesse Bathory, mais elle est plus que suspecte. Toujours est-il
qu’Erzébeth s’absenta pendant plusieurs semaines. Était-elle partie avec son « vampire » ?
Les villageois murmurèrent, paraît-il, que la comtesse avait été littéralement « vampirisée »
par le sombre inconnu. Il est plus vraisemblable de croire que cet homme était
une sorte de sorcier, ou de prêtre païen, qui initia Erzébeth à certaines
pratiques magiques. Car elle ne faisait pas mystère de ses fréquentations auprès
des mages, des sorcières et autres personnages, toujours féminins, qui
officiaient dans les forêts, à l’abri des regards indiscrets.
    Plus intrigante est la relation entretenue réellement par Erzébeth
Bathory avec une mystérieuse inconnue, dont personne ne savait le nom, « et
qui venait voir Erzébeth, déguisée en garçon. Une servante avait dit à deux
hommes, – ils en témoignèrent au procès –, que, sans le vouloir, elle avait
surpris la comtesse seule avec cette inconnue, torturant une jeune fille dont
les bras étaient attachés très serrés et si couverts de sang qu’on ne les
voyait plus ». Ce n’était pas une paysanne, mais une femme de qualité qui,
sans être masquée, éprouvait le besoin de se travestir, sans doute pour éviter
de se faire reconnaître. « Cette visiteuse, pour laquelle on emploie le
mot « dame », était-elle une amie descendue de quelque château des
environs pour ces fêtes à deux ? Amie ignorée et intermittente, en tout
cas, puisqu’à Csejthe on connaissait à peu près tout le monde appartenant à la
contrée. Une étrangère ? Alors, quelles étaient exactement les relations
entre elle et Erzébeth ? Leurs sadiques plaisirs étaient-ils les seuls [52]  ? »
Il est bien difficile de répondre, d’autant plus que si la comtesse Bathory a
commis et fait commettre d’innombrables crimes de sang sur des jeunes filles, on
a considérablement brodé sur son action. Et ce ne sont pas les minutes de son
procès, pourtant fort précises quant aux témoignages recueillis, qui peuvent
donner la solution des véritables motivations d’Erzébeth Bathory.
    Cependant, Férencz Nàdasdy mourut soudainement en 1604. Devenue
veuve, la comtesse semble n’avoir rien changé à son mode de vie. Les tortures
qu’elle infligeait à ses servantes, elle les pratiquait depuis longtemps et son
mari le savait parfaitement, considérant celles-ci comme de simples amusements
de la part de sa femme. D’ailleurs, dans toutes les maisons nobles de ce temps,
il était courant de fouetter les servantes pour un oui ou pour un non. L’état
de servage n’existait plus en Hongrie, mais les vieilles habitudes ont du mal à
disparaître, surtout quand elles sont acceptées, bon gré, mal gré, par celles
qui en sont les victimes. L’un des témoignages du procès est catégorique :
à la question de savoir depuis combien de temps la comtesse maltraitait les
jeunes filles, un témoin répond : « Elle commença quand son mari
était encore en vie, mais alors ne les tuait pas. Le comte le savait et ne s’en
souciait guère. » On raconte une curieuse anecdote à ce sujet, non pas sur
le début des sévices opérés par Erzébeth, mais sur la naissance de sa fascination
pour le sang qui coule. « Un jour qu’elle avait frappé une servante assez
violemment pour la faire saigner du nez, parce qu’elle lui avait tiré les
cheveux en la peignant, un peu du sang de la jeune fille tomba sur le poignet d’Erzébeth.
Un peu plus tard, la comtesse crut remarquer que la peau de l’endroit où était
tombé le sang était devenue plus blanche et plus douce que la peau

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