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L'énigme des vampires

L'énigme des vampires

Titel: L'énigme des vampires Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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sang, il ordonna une enquête qu’il confia au gouverneur
de la province, lui-même cousin d’Erzébeth. Le gouverneur se rendit secrètement
à Csejthe et s’informa auprès de certaines personnes de confiance, en particulier
le curé qui, sans avoir l’intention de le publier de son vivant, avait rédigé
un long mémoire dans lequel il signalait quantités de faits pour le moins
troublants. L’envoyé du roi Matthias fut très vite édifié, et, lorsqu’il eut
fait son rapport, la décision du roi fut implacable : arrêter la comtesse
Bathory et tous ses complices. Et cette tâche, il la confia à un autre cousin d’Erzébeth,
et qui avait été un temps son amant, son premier ministre, le comte Gyorgy
Thurzo.
    Le 29 décembre 1610, à la tête d’une troupe armée et accompagné
du curé de Csejthe – à qui il arriva d’ailleurs une curieuse aventure à cause d’un
groupe de chats ! – et en présence des deux gendres d’Erzébeth Bathory, le
comte Thurzo pénétra dans le grand château. La garnison n’opposa aucune
résistance et les grandes portes étaient même entrouvertes. Tous purent donc
pénétrer à l’intérieur sans aucune difficulté : « Ils allèrent à travers
le château, et, accompagnés de gens munis de torches connaissant les entrées
des escaliers les plus secrets, descendirent au souterrain des crimes, d’où montait
une odeur de cadavre, et pénétrèrent dans la salle de tortures aux murs
éclaboussés de sang. Là se trouvaient encore les rouages de la « Vierge de
Fer », des cages et des instruments, auprès des brasiers éteints. Ils
trouvèrent du sang desséché au fond de grands pots et d’une sorte de cuve ;
ils virent les cellules où l’on emprisonnait les filles, de basses et étroites
chambres de pierre ; un trou profond par où l’on faisait disparaître les
gens ; les deux branches du souterrain, l’une conduisant vers le village
et débouchant dans les caves du petit château, l’autre allant se perdre dans
les collines… Enfin, un escalier montant dans les salles supérieures. Et c’est
là, étendue près de la porte, que Thurzo vit une grande fille nue, morte ;
celle qui avait été une si belle créature n’était plus qu’une immense plaie. À
la lumière de la torche, on pouvait voir les traces laissées par les
instruments de torture : la chair déchiquetée, les seins tailladés, les
cheveux arrachés par poignées ; aux jambes et aux bras, par endroits, il
ne restait plus de chair sur les os [54] . » Plus loin, toujours
dans le souterrain, Thurzo et ses hommes découvrirent plusieurs douzaines de
jeunes filles, d’adolescentes et de jeunes femmes. Certaines étaient affaiblies,
presque complètement vidées de leur sang ; d’autres, dans un état d’hébétude
totale, étaient encore intactes : c’était le bétail réservé aux prochaines
orgies. Par la suite, on exhuma une cinquantaine de cadavres de jeunes filles
dans les cours et les dépendances du château.
    Erzébeth Bathory ne se trouvait pas dans le château. Il est
vraisemblable de penser qu’après une nuit d’orgie rituelle, elle s’était
retranchée dans son repaire constitué par le petit château, son domaine réservé
où peu de gens avaient le droit de s’introduire. Lorsque le comte Thurzo se
présenta devant elle, elle ne songea pas un seul instant à nier l’évidence. Aux
accusations que lui porta légalement son cousin et ex-amant, elle répondit que
tout cela relevait de son droit de femme noble, et qu’elle n’avait de comptes à
rendre à personne. Sans se laisser impressionner, Thurzo la fit mettre sous
surveillance, et la comtesse s’enferma dans un mutisme hautain dont elle ne se
départit jamais plus.
    Mais la procédure de la justice était en marche et plus rien
ne pouvait l’arrêter désormais. Le roi Matthias était décidé à aller jusqu’au
bout, Gyorgy Thurzo et les membres des familles Bathory et Nàdasdy également, même
s’ils craignaient de supporter les conséquences d’un étalage public des
turpitudes de la comtesse. En fait, chacun se trouvait embarrassé, car tout
cela éclaboussait la plus haute société austro-hongroise de l’époque. Matthias
de Hongrie était le plus acharné à vouloir justice, le comte Thurzo le plus
réservé, et aussi le plus calme. Il devait y avoir procès : il aurait lieu,
mais on prendrait soin de n’y point faire paraître la principale inculpée, ce
qui était une façon

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