Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
Vom Netzwerk:
mère ?
    — Non,
Seigneur Roi, fis-je en souriant. Mais vous m’honorez.
    — Puisse
ta mort être douce, Derfel. Mais dis à ces ordures, reprit-il en donnant un
coup de menton en direction des quatre chefs en armes, que je suis venu manger
leurs cœurs. »
    Il cracha une
dernière fois, fit demi-tour et rejoignit ses hommes.
    « Alors !
Qu’est-ce qu’il a dit ?
    — Il m’a
parlé à moi, Seigneur Prince, de ma mère. Et il m’a rappelé mes péchés. »
Dieu me vienne en aide, mais ce jour-là j’ai aimé Aelle.
    *
    Et nous avons
gagné la bataille.
    Igraine veut
en savoir plus. Elle veut des actions d’éclat, et il n’en a pas manqué. Mais il
y a eu aussi des lâches, et d’autres qui ont fait dans leur froc tant ils
avaient la frousse, sans pour autant quitter le mur de boucliers. Il y a des
hommes qui n’ont tué personne mais se sont simplement défendus avec acharnement,
et il y en a qui ont lancé aux poètes de nouveaux défis : sauraient-ils
trouver les mots pour chanter leurs prouesses ? Bref, ce fut une bataille.
J’y ai perdu des amis, dont Cavan. Des amis ont été blessés, ainsi de Culhwch.
D’autres s’en sont sortis indemnes, comme Galahad, Tristan et Arthur. J’ai reçu
un coup de hache sur l’épaule gauche et, bien que ma cotte de mailles ait
retenu la hache, la blessure a mis deux semaines à cicatriser. Aujourd’hui
encore, j’en conserve une affreuse plaie rouge qui me fait mal par temps froid.
    L’important,
ce n’était pas la bataille, mais ce qui arriva ensuite. Toutefois, comme ma
chère reine Igraine insiste pour que je lui raconte les hauts faits du roi
Cuneglas, le grand-père de son mari, j’en ferai un bref récit.
    Les Saxons
nous attaquèrent. Il fallut plus d’une heure à Aelle pour persuader ses hommes
de se lancer à l’assaut de notre mur de boucliers. Et pendant tout ce temps ses
magiciens aux épis de bouse continuèrent à vociférer au bruit des tambours
tandis que les Saxons faisaient circuler dans leurs rangs des outres de bière.
Nombre de nos hommes buvaient de l’hydromel, car si nous avions épuisé nos
vivres, jamais on n’a vu une armée bretonne à cours d’hydromel. Ce jour-là, au
moins la moitié des hommes étaient pris de boisson, mais ainsi en va-t-il à chaque
bataille, car il n’y a rien de mieux pour donner à des guerriers le courage que
de tenter la plus terrifiante des manœuvres : se lancer à l’assaut d’un
mur de boucliers qui les attend de pied ferme. Je restai sobre, comme toujours,
mais la tentation était forte de boire moi aussi. Certains Saxons essayèrent de
nous provoquer, de nous entraîner dans une charge intempestive en se
rapprochant de nos lignes et en paradant sans boucliers ni casques. Mais, pour
leur peine, ils ne reçurent que des lances, qui ratèrent leurs cibles. Ils nous
retournèrent quelques lances, mais la plupart se brisèrent sans mal sur nos
boucliers. Deux hommes nus, que l’ivresse ou la magie avaient rendus fous
furieux, nous attaquèrent : Culhwch abattit le premier, Tristan le second.
Les deux victoires nous arrachèrent des hourras. La langue déliée par la bière,
les Saxons nous répondirent par des insultes.
    L’attaque d’Aelle,
quand elle vint, fut affreusement maladroite. Les Saxons comptaient sur leurs
molosses pour briser nos rangs, mais Merlin et Nimue se tenaient prêts avec
leurs chiens. Sauf que les nôtres n’étaient pas des chiens, mais des chiennes,
et qu’il y en avait assez en chaleur pour rendre folles les bêtes des Saxons.
Au lieu de nous attaquer, leurs gros chiens de guerre filèrent droit sur les
chiennes. Il y eut un grand tonnerre de grognements, de bagarres, d’aboiements
et de hurlements. Et soudain, il n’y eut plus, partout, que des chiens qui s’accouplaient,
tandis que d’autres se battaient pour déloger les plus chanceux. Mais pas un
seul chien ne mordit un Breton. Et les Saxons, qui s’apprêtaient à lancer leur
charge meurtrière, furent décontenancés par l’insuccès de leurs chiens. Ils
hésitèrent et Aelle, craignant que nous chargions, donna le signal de l’assaut.
Mais loin de former une ligne disciplinée, ils s’avancèrent dans le plus grand
désordre.
    Surpris et
piétines en plein accouplement, les chiens hurlèrent. Puis les boucliers se
heurtèrent dans un grand fracas dont j’entends aujourd’hui encore les échos :
c’est le bruit de la bataille, des cornes de guerre, des hommes qui crient,
puis le

Weitere Kostenlose Bücher