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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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cerfs. Ils étaient si pressés de prendre la poudre d’escampette qu’ils
abandonnaient tout : manteaux, armures et armes. Aelle essaya bien de les
contenir un instant, puis il comprit que la tâche était désespérée, abandonna
sa peau d’ours et détala avec ses hommes. Il parvint à se réfugier dans les
arbres une seconde avant que notre cavalerie légère ne se lançât à sa
poursuite.
    Je restai
parmi les blessés et les morts. Les chiens blessés hurlaient de douleur.
Culhwch titubait, une cuisse en sang, mais il vivait. Je passai donc à côté de
lui pour m’accroupir auprès de Cavan. Jamais encore je ne l’avais vu pleurer,
mais sa souffrance était terrible, car le chef saxon lui avait enfoncé son épée
dans le ventre. Je tendis la main, essuyai ses larmes et lui dis qu’il avait
tué son ennemi. Peu m’importait que ce fût vrai ou non, je voulais seulement
que Cavan le crût, et je lui promis qu’il traverserait le pont des épées avec
une cinquième pointe sur son bouclier : « Tu seras le premier d’entre
nous à rejoindre les Enfers. Tu nous y prépareras une petite place.
    — J’y
veillerai, Seigneur.
    — Et nous
te rejoindrons. »
    Il grinça des
dents, arqua le dos, tâchant de réprimer un hurlement. Je passai la main droite
autour de son cou et plaçai ma joue contre la sienne. Je pleurais. « Dis-leur,
aux Enfers, murmurai-je à son oreille, que Derfel Cadarn te salue comme un
brave.
    — Le
Chaudron, fit-il. J’aurais dû...
    — Non, l’interrompis-je,
non. »
    Puis il rendit
l’âme dans une sorte de vagissement.
    Je m’assis à
côté de son corps, balançant le torse d’avant en arrière à cause de la douleur
de mon épaule et du chagrin de mon âme. Mes joues ruisselaient de larmes. Issa
se plaça à côté de moi, ne sachant que dire, et ne disant rien. « Il a
toujours voulu rentrer chez lui pour y mourir, expliquai-je, en Irlande. »
Et après cette bataille, pensais-je, il aurait pu le faire avec les honneurs et
riche.
    « Seigneur »,
me dit Issa.
    Je crus qu’il
essayait de me réconforter, mais je n’avais que faire de ce réconfort. La mort
d’un brave mérite des larmes, et je fis comme si Issa n’était pas là, serrant
le corps de Cavan dans mes bras tandis que son âme commençait son dernier
voyage vers le pont des épées qui se trouve au-delà de l’Antre de Cruachan.
    « Seigneur ! »
appela Issa. Et cette fois quelque chose dans sa voix me fit relever les yeux.
    Il tendait la
main vers l’est en direction de Londres, mais lorsque je me retournai, je ne
vis rien parce que les larmes brouillaient ma vue. Je les essuyai dans un geste
de colère.
    C’est alors que
je vis qu’une autre armée était entrée sur le champ de bataille. Une autre
armée emmitouflée dans ses fourrures et qui avançait sous ses étendards de
crânes et de cornes de taureaux. Une autre armée avec des chiens et des haches.
Une nouvelle horde de Saxons.
    Car Cerdic
était venu.

 
     
    Je compris
plus tard que toutes les ruses que nous avions imaginées pour amener Aelle à
nous attaquer et que toute la bonne nourriture que nous avions brûlée pour
précipiter son assaut avaient été vains. Car le Bretwalda avait dû
savoir que Cerdic venait et qu’il ne venait pas pour nous attaquer, mais pour
attaquer son frère saxon. En fait, Cerdic proposait de nous prêter main forte,
et Aelle avait conclu que sa meilleure chance de survivre était de commencer
par battre Arthur puis de se retourner contre Cerdic.
    Aelle avait
perdu son pari. Les cavaliers d’Arthur le brisèrent et Cerdic arriva trop tard
pour se joindre à la bataille, même si, au moins pendant quelques instants, le
perfide Cerdic dut être tenté d’attaquer Arthur. Une offensive éclair nous eût
brisés tandis qu’une semaine de campagne serait certainement venue à bout de l’armée
disloquée d’Aelle : Cerdic eût alors été le maître de toute la Bretagne du
Sud. Cerdic dut être tenté, mais il hésita. Il comptait moins de trois cents
hommes, bien assez pour triompher de la poignée de Bretons qui restaient au
sommet de la lande, mais la corne d’argent d’Arthur retentit, et ses appels
répétés firent sortir des bois suffisamment de cavaliers en armure pour faire
bonne figure sur le flanc gauche de Cerdic. Le Saxon n’avait encore jamais
affronté ces gros chevaux dans la bataille. Et cette vue le fit s’arrêter assez
longtemps pour permettre à Sagramor, Agricola

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