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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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Mordred. »
    Je fis
quelques pas un peu déçu : « La Silurie ne verrait sans doute pas
cette partition d’un très bon œil.
    — La
Silurie fera ce qu’on lui dit de faire, trancha Arthur avec fermeté, et Ceinwyn
et toi vivrez dans le palais de Mordred, en Dumnonie.
    — Si
telle est votre volonté, Seigneur. » J’étais soudain chagrin à l’idée d’abandonner
les plaisirs plus humbles de Cwm Isaf.
    « Allons,
Derfel, ne sois pas si sombre ! reprit Arthur. Je ne suis pas roi,
pourquoi le serais-tu ?
    — Ce n’est
pas la perte d’un royaume que je regrette, Seigneur, mais l’intrusion d’un roi
dans mon foyer.
    — Tu t’en
arrangeras, Derfel, tu te sors de tout. »
    Le lendemain,
nous divisâmes l’armée. Sagramor avait déjà quitté les rangs à la tête des
lanciers qui devaient garder la nouvelle frontière avec le royaume de Cerdic.
Arthur, Merlin, Tristan et Lancelot partirent dans le sud, tandis que Cuneglas
et Meurig regagnèrent leur terre dans l’ouest. J’embrassai Arthur et Tristan,
puis m’agenouillai pour recevoir la bénédiction de Merlin, qu’il me donna avec
bienveillance. Il avait retrouvé une partie de son énergie depuis que nous
avions quitté Londres, mais l’humiliation du temple de Mithra avait été un coup
rude qu’il ne pouvait dissimuler. Sans doute avait-il encore le Chaudron, mais
ses ennemis possédaient une mèche de sa barbe et il aurait désormais besoin de
toute sa magie pour conjurer leurs sorts. Il me serra dans ses bras, j’embrassai
Nimue, puis je les regardai s’éloigner avant de suivre Cuneglas dans l’ouest. J’allais
au Powys retrouver ma Ceinwyn et je voyageais avec une partie de l’or d’Aelle.
Malgré tout, cela ne ressemblait guère à un triomphe. Nous avions battu Aelle
et assuré la paix, mais les vrais vainqueurs de campagne, ce n’était pas nous.
C’étaient Cerdic et Lancelot.
    Nous passâmes
tous la nuit à Corinium, mais à minuit un orage me réveilla. La tempête était
beaucoup plus loin au sud, mais le tonnerre était si violent et les éclairs qui
illuminaient les murs de la cour si aveuglants qu’ils m’arrachèrent à mon sommeil.
Ailleann, l’ancienne maîtresse d’Arthur et la mère de ses jumeaux, avait offert
de m’héberger. Et je la vis alors quitter sa chambre, l’inquiétude sur son
visage. Je passai mon manteau et l’accompagnai vers les murs de la ville, où la
moitié de mes hommes observaient déjà les éléments qui se déchaînaient au loin.
Cuneglas et Agricola se tenaient aussi sur les remparts, mais pas Meurig, qui
refusait de voir le moindre augure dans les caprices du temps.
    Quant à nous,
nous savions à quoi nous en tenir. Les tempêtes sont des messages des Dieux et
cet orage était une tumultueuse explosion. Il ne pleuvait pas sur Corinium et
aucune rafale de vent ne gonflait nos manteaux, mais plus loin au sud, quelque
part en Dumnonie, les Dieux écorchaient la terre. La foudre déchirait les
ténèbres pour enfoncer ses dagues dans la terre. Le tonnerre ne cessait de
gronder, explosion après explosion, et à chaque réponse de l’écho un nouvel
éclair déchirait la nuit frémissante.
    Issa se tenait
tout près de moi, son visage franc éclairé par ces lointaines langues de feu :
« Quelqu’un est-il mort ?
    — On ne
saurait le dire, Issa.
    — Sommes-nous
maudits, Seigneur ?
    — Non,
répondis-je avec une assurance à moitié feinte.
    — Mais j’ai
ouï dire qu’on avait coupé la barbe de Merlin ?
    — Tout
juste quelques poils, fis-je comme si de rien n’était. Quelle importance !
    — Si Merlin
n’a aucun pouvoir, Seigneur, qui en a ?
    — Mais
si, Merlin a du pouvoir », fis-je pour le rassurer. Et j’en avais, moi
aussi, car je serais bientôt le champion de Mordred et vivrais sur un grand
domaine. Je lui formerais le caractère et Arthur lui taillerait un royaume.
    Reste que le
tonnerre m’inquiétait. Et je me serais fait encore plus de mouron si j’avais
su. Car le désastre se produisit cette nuit-là. L’écho ne nous en parvint que
trois jours plus tard. Nous sûmes alors enfin pourquoi le tonnerre avait parlé
et la foudre frappé.
    Elle avait
frappé sur le Tor, sur la salle de Merlin, où les vents faisaient gémir sa tour
de rêves. Là, à l’heure de notre victoire, la foudre avait mis le feu à la tour
de bois. Ses flammes s’étaient déchaînées en bondissant et en hurlant dans la
nuit. Au matin, quand la pluie de

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