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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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Mithra. Il
donna un coup de lame en l’air et parut satisfait de son équilibre. « Et
ce Chaudron a de grands pouvoirs ? »
    Merlin
refusant de répondre, c’est moi qui le fis à sa place : « C’est ce qu’on
dit, Seigneur Roi. »
    Cerdic me fixa
de ses yeux clairs : « Des pouvoirs qui débarrasseront la Bretagne de
nous, les Saxons ?
    — C’est
ce pour quoi nous prions, Seigneur Roi. »
    Il sourit et
se retourna vers Merlin : « Quel est votre prix pour le Chaudron,
vieillard ? »
    Merlin lui
lança un regard furieux : « Votre foie, Cerdic. »
    Cerdic s’approcha
de Merlin et plongea les yeux dans ceux du magicien. Je ne perçus aucune peur
dans les yeux de Cerdic, aucune. Les dieux de Merlin n’étaient pas les siens.
Sans doute Aelle craignait-il Merlin, mais Cerdic n’avait jamais souffert de la
magie du druide. Et, pour ce qui était de lui, Merlin n’était qu’un vieux
prêtre breton à la réputation surfaite. Il tendit brusquement la main et le
saisit par l’une des tresses de sa barbe. « Je vous en donne son poids d’or,
vieillard.
    — J’ai
dit mon prix », reprit Merlin. Il essaya de s’éloigner de Cerdic, mais le
roi resserra son poing sur la tresse. « Je vous en donnerai votre poids en
or, proposa Cerdic.
    — Votre
foie », répéta Merlin.
    Levant l’épée
saxonne, Cerdic trancha la tresse d’un grand coup de lame. Il recula. « Jouez
bien avec votre Chaudron, Merlin d’Avalon, lança-t-il en se débarrassant de l’épée,
mais le jour viendra où je ferai cuire votre foie pour le donner à mes chiens. »
    Nimue, livide,
fixait le roi. Merlin était sous le choc, incapable de bouger, encore moins de
parler. Mes lanciers étaient bouche bée. « Continuez, imbéciles, fis-je d’un
ton hargneux. Au travail ! » J’étais mortifié. Je n’avais jamais vu
Merlin ainsi humilié. Jamais je ne l’aurais cru possible.
    Merlin frotta
sa barbe outragée. « Un jour, Seigneur Roi, déclara-t-il posément, je
prendrai ma revanche. »
    Cerdic
répondit d’un haussement d’épaules à cette ridicule menace et retourna auprès
de ses hommes. Il donna la tresse coupée à Dinas, qui l’en remercia d’un
mouvement de tête. Je crachai, car je savais que les jumeaux siluriens
pouvaient maintenant nous faire de grands torts. Pour jeter des charmes, il est
peu de choses aussi efficaces que les cheveux ou les rognures d’ongles de l’ennemi.
Et c’est pourquoi, pour éviter qu’ils ne tombent entre des mains malveillantes,
nous prenions grand soin de les brûler. Même un enfant peut jouer de vilains
tours avec une mèche de cheveux. « Vous voulez que je récupère la tresse, Seigneur ?
demandai-je à Merlin.
    — Ne fais
pas l’idiot, répondit-il d’un air las en montrant les vingt lanciers de Cerdic.
Tu crois que tu pourrais tous les tuer ? » Il hocha la tête puis
adressa un sourire à Nimue. « Tu vois à quel point nous sommes ici loin de
nos dieux ? » fit-il pour expliquer son impuissance.
    « Creusez ! »
aboya Nimue. Mais les hommes avaient fini de creuser et s’efforçaient
maintenant de soulever la première des grosses poutres. Cerdic, qui était
visiblement venu au temple parce que Dinas et Lavaine lui avaient appris que
Merlin recherchait le trésor, ordonna à trois de ses lanciers de leur donner un
coup de main. Les trois hommes sautèrent dans la fosse et enfoncèrent leurs
lances sous la poutre. Au prix de longs et patients efforts, ils purent la
soulever : mes hommes s’en emparèrent et réussirent enfin à la délivrer.
    C’était bien
la fosse au sang, l’endroit où la vie du taureau mourant se vidait dans la
terre nourricière. Mais à une certaine époque, on l’avait habilement dissimulée
sous les poutres, le sable, les graviers et les dalles.
    « Cela s’est
fait lorsque les Romains sont partis », me dit Merlin au creux de l’oreille.
    Il se frotta
la barbe.
    « Seigneur,
fis-je gauchement, contrit par son humiliation.
    — Ne t’inquiète
pas, Derfel. » Il me toucha l’épaule pour me rassurer. « Tu crois que
je devrais demander aux Dieux de le foudroyer ? Faire en sorte que la
terre s’entrouvre et l’engloutisse ? En appeler à un serpent du monde des
esprits ?
    — Oui,
Seigneur, répondis-je piteusement.
    — On ne
commande pas la magie, Derfel, me répondit-il en abaissant encore la voix. On l’utilise,
mais il n’y en a point ici à utiliser. Voilà pourquoi nous avons

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