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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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le
fautif. Puis il nous demanda de nous embrasser et l’on servit à boire.
    La solennité
du jour ne devait pas s’arrêter là. Arthur avait observé avec soin ceux qui
évitaient de s’embrasser ; les unes après les autres, il convia ces âmes
récalcitrantes dans les grandes salles du palais pour leur imposer la
réconciliation. Arthur lui-même donna l’exemple en serrant dans ses bras Sansum,
puis Melwas, le roi des Belges détrôné qu’il avait exilé à Isca. Melwas
consentit de mauvaise grâce au baiser de paix mais mourut un mois plus tard
après avoir ingurgité des huîtres avariées. Le destin est inexorable, aimait à
nous répéter Merlin.
    Ces
réconciliations plus intimes retardèrent inévitablement le banquet qui devait
être servi dans la grande salle où Arthur réunissait les anciens ennemis et l’on
porta de nouvelles cuves d’hydromel au jardin où les guerriers las attendaient
et tâchaient de deviner quels seraient les prochains appelés. Je savais qu’Arthur
m’appellerait, car j’avais pris grand soin d’éviter Lancelot au cours de la
cérémonie. De fait, Hygwydd, l’écuyer d’Arthur, vint me trouver pour m’entraîner
dans la grande salle où, comme je le craignais, Lancelot et ses courtisans m’attendaient.
Arthur avait persuadé Ceinwyn de venir et, pour l’épauler, avait également prié
son frère Cuneglas de venir. Nous nous tenions tous les trois d’un côté de la
salle, Lancelot et ses hommes de l’autre, tandis qu’Arthur, Galahad et
Guenièvre présidaient depuis le dais où la table du banquet était déjà dressée.
Arthur rayonnait : « J’ai réuni dans cette salle quelques-uns de mes
amis les plus chers, déclara-t-il. Le roi Cuneglas, le meilleur allié qu’un
homme puisse avoir dans la guerre comme dans la paix, le roi Lancelot auquel je
suis lié comme à un frère, le seigneur Derfel Cadarn, brave entre les braves, et
ma chère princesse Ceinwyn. »
    Il souriait. J’étais
mal à l’aise, ne sachant où me mettre, comme un épouvantail dans un champ de
pois. Ceinwyn était toute gracieuse, Cuneglas gardait les yeux fixés sur le
plafond peint, Lancelot fronçait les sourcils, Amhar et Loholt essayaient de
prendre un air belliqueux, tandis que le visage de Dinas et de Lavaine ne
laissait paraître que le mépris. Guenièvre nous observait attentivement sans
rien trahir de ses sentiments, même si je soupçonne qu’elle avait autant de
mépris que les druides pour cette cérémonie arrangée par son mari. Arthur
souhaitait ardemment la paix, et Galahad et lui étaient les seuls qui n’avaient
pas l’air gêné.
    Comme aucun de
nous ne parlait, Arthur ouvrit les bras et quitta le dais : « J’exige
que le mauvais sang qui existe entre vous soit versé maintenant, une fois pour
toutes, puis oublié. »
    Il attendit de
nouveau. Je traînais les pieds tandis que Cuneglas tirait sur ses moustaches.
    « Je vous
en prie », insista Arthur.
    Ceinwyn
esquissa un infime haussement d’épaules et déclara : « Je regrette la
peine que j’ai faite au roi Lancelot. »
    Ravi que la
glace commence à fondre, Arthur se tourna en souriant vers le roi des Belges :
« Seigneur Roi ? insista-t-il auprès de Lancelot. Allez-vous lui
pardonner ? »
    Tout de blanc
vêtu, Lancelot la regarda et s’inclina.
    « Est-ce
un pardon ? » grondai-je.
    Lancelot s’empourpra,
mais se débrouilla pour répondre aux attentes d’Arthur : « Je n’ai
point de querelle avec la princesse Ceinwyn, fit-il avec raideur.
    — Voilà ! »
s’exclama Arthur, ravi de ces mots prononcés du bout des lèvres, et il tendit
les bras pour les inviter à avancer : « Embrassez-vous, dit-il. Et j’aurai
la paix ! »
    Tous deux s’avancèrent,
se donnèrent un baiser sur la joue et reculèrent. Le geste fut aussi chaleureux
que la nuit étoilée où nous avions attendu le Chaudron dans des rochers de Llyn
Cerrig Bach, mais Arthur en fut satisfait. « Derfel, reprit-il, ne vas-tu
pas embrasser le roi ? »
    Je me raidis. « Je
l’embrasserai, Seigneur, lorsque ses druides auront retiré les menaces qu’ils
ont proférées contre la princesse Ceinwyn. »
    Le silence se
fit. Guenièvre soupira et tapota du pied sur la mosaïque du dais, celle-là même
qu’elle avait retirée de Lindinis. Elle était plus superbe que jamais. Elle
portait une robe noire, peut-être pour mieux marquer la solennité du jour, et
la robe était cousue de douzaines de

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