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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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se trouvait un
autre rideau noir. Devant le dais, avait été creusé un bassin peu profond que l’on
emplissait d’eau au cours des cérémonies d’Isis. En vérité, le temple était
exactement le même que celui que Guenièvre m’avait fait visiter de longues
années auparavant et très proche du sanctuaire déserté que nous avions
découvert dans le palais de Lindinis. Hormis que cette cave était plus grande
et plus basse que celle des temples précédents, la seule différence était qu’elle
laissait ici pénétrer la lumière du jour, car le plafond voûté était percé d’un
grand trou juste au-dessus du bassin. « Il y a un mur là-bas, chuchota
Gwenhwyvach en montrant le trou, plus haut qu’un homme. Le clair de lune peut
pénétrer par le puits sans que personne ne puisse regarder ce qui se passe en
bas. Malin, n’est-ce pas ? »
    L’existence du
puits laissait supposer que la cave était creusée sous le jardin du palais, ce
que Gwenhwyvach confirma. Il y avait une entrée ici, dit-elle en montrant une
ligne brisée dans la maçonnerie, au milieu du temple. « On pouvait ainsi
ranger directement les livraisons dans la cave, mais Guenièvre a prolongé l’arche,
vous comprenez ? Et l’a fait recouvrir de terre. »
    Mis à part sa
noirceur maléfique, le temple n’avait rien de particulièrement sinistre, car il
n’y avait ni idole, ni feu sacrificiel ni autel. À tout prendre, le temple
était même un peu décevant, car la cave voûtée n’avait pas la grandeur des
salles du haut. Elle avait un côté faux clinquant, même légèrement sale. Les
Romains, me dis-je, auraient certainement su en faire une pièce plus digne de
la Déesse, mais tous les efforts de Guenièvre n’avaient réussi qu’à transformer
un cellier de briques en une cave noire, même si le trône, qui était taillé
dans un seul bloc de pierre noire et qui était sans doute le même qu’à
Durnovarie, était assez imposant. Gwenhwyvach contourna le trône et tira le
rideau noir pour permettre à Ceinwyn de passer. Elles restèrent un long moment
derrière le rideau, mais lorsque nous ressortîmes Ceinwyn me dit qu’il n’y
avait pas grand-chose à voir. « Juste une petite chambre noire, avec un
grand lit et quantité de crottes de souris.
    — Un lit ?
demandai-je, soupçonneux.
    — Un lit
à rêves, répondit Ceinwyn d’un ton ferme, comme celui de la tour de Merlin.
    — Et c’est
tout ? » demandai-je, encore taraudé par le doute.
    Ceinwyn haussa
les épaules. « Gwenhwyvach a insinué qu’il servait à d’autres fins,
reprit-elle d’un ton de reproche, mais elle n’en avait aucune preuve et elle a
fini par admettre que sa sœur dormait là pour recevoir des songes. » Elle
sourit d’un air triste. « Je crois que la pauvre Gwenhwyvach a le cerveau
dérangé. Elle croit que Lancelot viendra la chercher un jour.
    — Elle
croit quoi ? demandai-je stupéfait.
    — Elle
est amoureuse de lui, la pauvre. » Nous avions essayé de la persuader de
se joindre à nous pour les festivités du jardin, mais elle avait refusé. Elle n’y
serait pas bien accueillie, nous avait-elle confié, et nous nous éloignâmes à
la hâte en jetant des regards méfiants à droite et à gauche. « Pauvre
Gwenhwyvach, fit Ceinwyn avant de rire. C’est typique de Guenièvre, n’est-ce
pas ?
    — Quoi
donc ?
    — D’adopter
une religion aussi exotique ? Pourquoi ne pas adorer les dieux de la
Bretagne comme nous ? Mais non, il lui faut trouver quelque chose d’étrange
et de difficile. » Elle soupira et passa son bras sous le mien. « Sommes-nous
vraiment obligés de rester pour le banquet ? »
    Elle se
sentait faible et ne s’était pas entièrement remise des dernières couches. « Arthur
comprendra si nous n’y allons pas, répondis-je.
    — Mais
pas Guenièvre, fit-elle avec un soupir. Mieux vaut faire un effort. »
    Nous avions longé
le flanc ouest du palais, contourné la haute palissade de bois qui cachait le
puits du temple, et atteint maintenant l’extrémité de la longue arcade. Je l’arrêtai
juste au coin et posai mes mains sur ses épaules. « Ceinwyn de Powys,
déclarai-je en contemplant son joli minois, je t’aime.
    — Je sais »,
répondit-elle avec un sourire, et, se hissant sur la pointe des pieds, elle me
donna un baiser puis m’entraîna quelques pas plus loin pour admirer le jardin d’agrément
du Palais d’hiver. « Voilà la Confrérie de Bretagne chère

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