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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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penchée sur un coin de
persil, se trouvait la petite sœur de Guenièvre, Gwenhwyvach.
    Ceinwyn la
salua joyeusement. J’avais oublié qu’elles avaient été amies au cours des
longues années d’exil des deux sœurs au Powys. Et quand elles se furent
embrassées, Ceinwyn l’entraîna vers moi. Je pensais que Gwenhwyvach m’en
voudrait de ne pas l’avoir épousée, mais elle semblait sans rancune. « Je
suis devenue la jardinière de ma sœur, m’expliqua-t-elle.
    — Ce n’est
pas possible, Dame ?
    — La
nomination n’est pas officielle, répondit-elle sèchement, pas plus que mes
hautes responsabilités d’intendante et de gardienne des lévriers, mais il faut
bien que quelqu’un se charge de ce travail et, à sa mort, mon père a fait
promettre à Guenièvre de s’occuper de moi.
    — Sa
disparition m’a fait de la peine », intervint Ceinwyn.
    Gwenhwyvach
haussa les épaules. « Il maigrissait à vue d’œil, et un jour il a fini par
disparaître. » Quant à elle, on ne pouvait pas dire qu’elle avait maigri :
elle était obèse maintenant et était devenue une grosse femme rougeaude qui,
avec sa robe crottée et son chemisier blanc crasseux, avait plus l’air d’une
paysanne que d’une princesse. « J’habite là-bas ! » Elle montra
du doigt une grande baraque de bois qui se dressait à une centaine de pas du
palais. Ma sœur m’autorise à accomplir ma tâche chaque jour, mais quand sonne
la cloche du soir je dois me mettre hors de portée de ses regards. Aucun
laideron ne doit venir ternir l’éclat du palais, vous comprenez.
    — Dame ! »
m’exclamai-je devant sa façon de se dénigrer.
    Gwenhwyvach me
fit signe de me taire. « Je suis heureuse, reprit-elle d’un air morne. Je
fais de longues promenades avec les chiens et je parle aux abeilles.
    — Viens à
Lindinis, l’encouragea Ceinwyn.
    — Jamais
on ne me laisserait faire ! protesta Gwenhwyvach, feignant d’être choquée.
    — Et
pourquoi pas ? demanda Ceinwyn. Nous avons des chambres libres. Je t’en
prie. »
    Gwenhwyvach
eut un petit sourire malicieux. « J’en sais trop, Ceinwyn, voilà pourquoi.
Je sais qui vient, qui reste et ce qu’ils font ici. » Aucun de nous deux n’avait
envie d’en savoir plus et ne l’interrogea sur ces insinuations, mais elle avait
besoin de parler. Elle devait se sentir bien seule et Ceinwyn était un visage
amical et affectueux du passé. Soudain, Gwenhwyvach lança les herbes qu’elle
venait de couper et nous entraîna en toute hâte vers le palais.
    « Laissez-moi
vous montrer, fit-elle.
    — Je suis
sûre que nous n’avons aucun besoin de voir, répondit Ceinwyn, craignant ce qu’elle
était sur le point de nous révéler.
    — Toi, tu
peux voir, dit-elle à Ceinwyn, mais Derfel, non. Ou plutôt, il ne devrait pas.
Les hommes sont censés ne jamais mettre les pieds dans le temple. »
    Elle nous
avait conduits à une porte qui se trouvait au pied de quelques marches de
briques et qui donnait sur une grande cave soutenue par de grandes arches
romaines de briques. « Ils gardent le vin ici », expliqua Gwenhwyvach
en montrant les jarres et les peaux qui encombraient les étagères. Elle avait
laissé la porte ouverte en sorte que quelques vagues rais de lumière
éclairaient l’enchevêtrement sombre et poussiéreux des arches. « Par ici »,
fit-elle en disparaissant à droite entre des piliers.
    Nous la
suivîmes à tâtons, de plus en plus précautionneux à mesure que nous nous
éloignions de la porte. Nous l’entendîmes soulever une barre, puis un courant d’air
frais nous enveloppa lorsqu’elle tira une porte immense. « C’est le temple
d’Isis ? lui demandai-je.
    — Vous en
avez entendu parler ? fit-elle d’un air dépité.
    — Guenièvre
m’a montré son temple de Durnovarie, il y a de longues années de cela.
    — Elle ne
vous montrerait pas celui-ci », trancha Gwenhwyvach, puis elle tira les
épais rideaux noirs suspendus à quelques pas de l’entrée, nous dévoilant le
sanctuaire privé de Guenièvre. Par crainte du courroux de sa sœur, elle ne
voulut pas me laisser m’aventurer au-delà du petit hall qui séparait la porte
des rideaux, mais elle fit descendre deux marches à Ceinwyn pour l’entraîner
dans une longue pièce au sol de pierre polie noire : les murs et le
plafond voûté étaient enduits de poix, et sur un dais de pierre noire se
dressait un trône taillé dans la même pierre. Derrière le trône,

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