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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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qui
décidait quel homme devait occuper le trône d’un royaume. Arthur doit le désirer
avant qu’Isis n’y consente. »
    La parade
était un peu faible. Si Isis ne pouvait conduire Arthur à changer d’avis,
comment nous, simples mortels, pouvions-nous espérer y parvenir ? Nous
avions essayé assez souvent, mais Arthur refusait d’en discuter, tout comme
Guenièvre abandonna notre conversation dans la cour quand elle réalisa que je
ne pourrais m’associer à sa campagne pour remplacer Mordred par Arthur.
    Je souhaitais
moi aussi qu’Arthur fut roi. Mais, tout au long de ces années, je ne réussis qu’une
seule fois à briser sa défense et à parler sérieusement avec lui de ses titres
à la royauté, et cette conversation n’eut lieu que cinq bonnes années après le
serment de la Table Ronde. C’était au cours de l’été, un an avant que Mordred
ne fût acclamé roi, alors que les murmures d’hostilité s’étaient amplifiés en
un vacarme assourdissant. Les chrétiens étaient les seuls à défendre les titres
de Mordred, et encore ne le faisaient-ils qu’à contrecœur, mais on savait que
sa mère était chrétienne, et que l’enfant lui-même avait été baptisé. Cela
suffisait à convaincre les chrétiens que Mordred porterait un regard
bienveillant sur leurs ambitions. Pour le reste, tout le monde, en Dumnonie,
espérait voir Arthur les sauver du gamin, mais Arthur les ignorait sereinement.
Cet été-là, suivant notre nouveau calendrier solaire, nous étions en l’an 495
après la naissance du Christ : la saison était belle et inondée de soleil.
Arthur était au faîte de sa puissance, Merlin prenait des bains de soleil dans
notre jardin avec mes trois fillettes qui lui réclamaient des histoires, Ceinwyn
était heureuse, Guenièvre coulait des jours heureux dans son nouveau et
magnifique Palais marin avec ses arcades et ses galeries, mais aussi son temple
caché, Lancelot paraissait satisfait de son royaume au bord de mer, les Saxons
s’entre-tuaient, et la paix régnait en Dumnonie. Mais ce fut aussi, je m’en
souviens, un été de misère noire.
    Car ce fut l’été
de Tristan et Iseult.
     
    *
     
    Le Kernow est
ce royaume sauvage qui forme comme une griffe à la pointe occidentale de la
Dumnonie. Les Romains y allèrent, mais peu s’y installèrent et, lorsqu’ils
quittèrent la Bretagne, les habitants continuèrent à vivre comme si les envahisseurs
n’avaient jamais existé. Ils labouraient des petits champs, péchaient dans des
mers dangereuses et extrayaient de la terre le précieux étain. Se rendre au
Kernow, m’avait-on dit, c’était voir la Bretagne telle qu’elle était avant l’arrivée
des Romains. Mais ni moi ni Arthur n’y étions jamais allés.
    Aussi loin que
je remontais dans mes souvenirs, le Kernow avait toujours été gouverné par le
roi Marc. Il nous créait rarement des ennuis, même si une fois de temps en
temps  – généralement lorsque la Dumnonie était aux prises à l’est avec
quelque ennemi plus important  – il décidait que certaines de nos terres
occidentales lui appartenaient. S’ensuivaient alors une brève guerre
frontalière et de sauvages incursions de ses bateaux de pêche sur nos côtes.
Nous gagnions toujours ces guerres. Comment aurait-il pu en aller autrement ?
La Dumnonie était vaste, le Kernow petit, et, les guerres terminées, Marc
envoyait un émissaire pour nous expliquer que tout cela n’avait été qu’un
accident. Pendant une courte période, au début du règne d’Arthur, lorsque Cadwy
d’Isca s’était rebellé contre le reste de la Dumnonie, Marc s’était emparé de
larges portions de notre territoire, au-delà de sa frontière, mais Culhwch
avait écrasé cette rébellion. Et lorsque Arthur avait envoyé la tête de Cadwy
en cadeau à Marc, les lanciers du Kernow avaient tranquillement regagné leurs
anciens bastions.
    Ces
complications étaient rares car c’est depuis son lit que le roi Marc devait
mener ses plus célèbres campagnes. Il était connu pour le nombre de ses femmes
mais, quand ses pareils en entretenaient plusieurs à la fois, lui les épousait
à tour de rôle. Elles mouraient avec une effarante régularité, presque
toujours, semblait-il, quatre ans jour pour jour après que les druides eurent
célébré la cérémonie nuptiale. Et bien que Marc eût toujours une bonne
explication  – une fièvre, peut-être, un accident, voire des couches difficiles
 –, la plupart

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