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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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douce : « Le
feu n’a pas brûlé le Chaudron, Dame. Merlin est arrivé le lendemain et a
fouillé les cendres sans trouver la moindre trace d’or.
    — Que tu
es sot ! me cracha Morgane par la fente de son masque. Tu crois que le feu
de Dieu brûle comme tes flammes chétives ? Le Chaudron était la marmite du
diable, le fléau le plus fétide qui fût jamais sur la terre de Dieu. Le pot de
chambre du Diable ! Et le Seigneur Dieu l’a consumé, Derfel, il l’a réduit
à néant ! Je l’ai vu de cet œil ! » Elle tapota son masque,
juste en dessous de son œil unique. « Je l’ai vu brûler, telle une fournaise
éclatante, bouillonnante et sifflante au cœur du brasier, une flamme pareille à
la flamme la plus chaude de l’Enfer, et j’ai entendu les démons pousser des
cris perçants sous l’effet de la douleur tandis que leur Chaudron s’envolait en
fumée. Dieu l’a brûlé ! Il l’a brûlé et expédié en Enfer, où est sa
véritable place ! » Elle s’arrêta et je devinai que son visage mangé
par les flammes et ravagé s’illuminait d’un sourire sous son masque. « Il
est parti, Derfel, dit-elle d’une voix plus calme, et maintenant tu peux
partir, toi aussi. »
    Je la quittai
et quittai le sanctuaire pour escalader le Tor où je repoussai la porte à
moitié brisée et bancale sur sa charnière de corde. La terre avait englouti les
cendres noircies de la salle et de la tour autour desquelles se trouvaient la
douzaine de cabanes où vivaient Nimue et les siens. Ces gens étaient les damnés
de la terre : ses estropiés et ses mendiants, ses sans-foyer et ses
demi-fous, qui survivaient grâce aux vivres que Ceinwyn et moi leur faisions
parvenir toutes les semaines de Lindinis. Nimue prétendait que ses gens
parlaient avec les Dieux, mais, pour ma part, je n’ai jamais entendu ici que
ricanements de déments et tristes borborygmes. « Elle nie tout,
annonçai-je à Nimue.
    — Naturellement.
    — Elle
dit que son Dieu l’a réduit à néant.
    — Son
Dieu ne saurait même pas cuire un œuf mollet », répliqua Nimue d’un ton
hargneux. Depuis que le Chaudron avait disparu et que Merlin avait décidé de
couler de vieux jours paisibles, son état s’était affreusement dégradé. Nimue
était d’une saleté repoussante en ce temps-là, sale et décharnée, et presque
aussi toquée que lorsque je l’avais arrachée à l’île des Morts. Il lui arrivait
de frissonner, ou son visage grimaçait sous l’effet de tics qu’elle ne pouvait
contrôler. Elle avait de longue date vendu ou jeté son œil d’or et cachait
désormais son orbite creuse derrière un bout de cuir. La beauté intrigante qu’elle
possédait jadis était maintenant cachée sous la crasse et les plaies, perdue
sous sa masse de cheveux noirs tressés, si gras que même les rustres qui
venaient pour ses talents de devin ou de guérisseuse reculaient devant tant de
puanteur. Moi-même, qui avais fait le serment de la servir et qui l’avais jadis
aimée, supportais mal de l’approcher. « Le Chaudron vit encore, me dit
Nimue ce jour-là.
    — C’est
ce que dit Merlin.
    — Et
Merlin vit aussi, Derfel ! » Elle posa une main aux ongles rongés sur
mon bras et reprit : « Il attend, c’est tout, il économise ses
forces. »
    Il attend son
bûcher funéraire, pensai-je, mais je ne dis rien.
    Nimue se
tourna pour considérer l’horizon. « Le Chaudron est caché quelque part de
ce côté-là. Et quelqu’un cherche à découvrir comment s’en servir. » Elle
rit doucement. « Et quand ils s’en serviront, Derfel, tu verras la terre
rougir de sang. » Elle me fixa de son œil : « Du sang !
siffla-t-elle. Ce jour-là, Derfel, le monde vomira du sang, et Merlin prendra à
nouveau la route. »
    Peut-être,
pensai-je. Mais c’était un jour ensoleillé et la Dumnonie était encore en paix.
C’était la paix d’Arthur, la paix donnée par son épée et entretenue par ses
tribunaux, enrichie par ses routes et scellée par sa Confrérie. Tout cela
paraissait si loin du monde du Chaudron et des Trésors manquants, mais Nimue
persistait à croire à leur magie et, pour elle, je me gardais d’afficher mon
incrédulité. Même si ce jour-là, dans la Dumnonie d’Arthur, il me semblait que
la Bretagne s’arrachait à la ténèbre pour entrer dans la lumière, qu’elle
quittait le chaos pour l’ordre, la sauvagerie pour la loi. C’était l’œuvre d’Arthur.
Camelot.
    Mais Nimue
avait

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