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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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sauvagerie est parfois utile chez un roi ! » fit-elle
dans un haussement d’épaules. Elle me questionna sur la situation de Henis
Wyren mais je sentais bien que mes réponses ne l’intéressaient pas vraiment,
pas plus que lorsqu’elle me demanda comment allait Ceinwyn. « Bien, Dame,
je vous en remercie.
    — De
nouveau enceinte ? demanda-t-elle d’un air légèrement amusé.
    — Nous
croyons bien que oui, Dame.
    — Vous ne
perdez pas de temps, vous deux ! » fit-elle d’un ton gentiment
moqueur. Au fil des ans, elle avait perdu toute animosité à l’égard de Ceinwyn,
même si les deux femmes ne devaient jamais devenir des amies. Guenièvre arracha
une feuille d’un laurier qui poussait dans une urne romaine décorée de nymphes
nues et la frotta entre ses doigts. « Et comment va notre Seigneur Roi ?
demanda-t-elle avec aigreur.
    — Difficile,
Dame.
    — Est-il
apte à être roi ? »
    C’était
typique de Guenièvre : une question directe, brutale, franche.
    « Il y
est destiné par sa naissance, fis-je, sur la défensive, et nous sommes tenus
par notre serment. »
    Elle me
répondit par un rire moqueur. Ses sandales galonnées d’or claquaient sur les
dalles tandis qu’une chaîne d’or ornée de perles cliquetait autour de son cou. « Il
y a de longues années, Derfel, reprit-elle, toi et moi en avons parlé et tu m’as
dit que, de tous les hommes de Dumnonie, Arthur était le plus apte à être roi.
    — En
effet.
    — Et tu
penses que Mordred est plus apte ?
    — Non,
Dame.
    — Alors ? »
Elle se tourna vers moi. Rares étaient les femmes qui pouvaient me regarder
dans les yeux. Mais Guenièvre le pouvait. « Alors ? reprit-elle.
    — Alors,
j’ai prêté serment, tout comme votre mari.
    — Des
serments, grogna-t-elle en me lâchant le bras. Arthur a juré de tuer Aelle, et
Aelle vit encore. Il a fait le serment de reprendre Henis Wyren, et Diwrnach y
règne encore. Des serments ! Vous, les hommes, vous vous cachez derrière
des serments comme les serviteurs derrière leur bêtise, mais dès l’instant où
le serment devient embarrassant vous avez tôt fait de l’oublier. Vous croyez
que votre serment envers Uther ne saurait être oublié ?
    — Pour ma
part, mon serment me lie au Prince Arthur, répondis-je en prenant grand soin de
lui donner ce titre en présence de Guenièvre. Vous voudriez que j’oublie ce
serment ?
    — Je
voudrais, Derfel, que tu lui fasses entendre raison. Il t’écoute, toi.
    — Il vous
écoute, Dame.
    — Pas
quand il est question de Mordred. Sur tout le reste, peut-être, mais pas sur
cela. » Elle frémit, peut-être en se souvenant qu’elle avait dû embrasser
Mordred au Palais marin, puis elle froissa furieusement la feuille de laurier
et la jeta à terre. D’ici quelques minutes, je le savais, une servante la
ramasserait en silence. Le Palais d’hiver de Durnovarie était toujours si
soigné, tandis que le nôtre était trop encombré de marmaille pour être ordonné,
et l’aile de Mordred était une véritable porcherie. « Arthur, insista
Guenièvre d’un air las, est l’aîné des fils d’Uther qui sont encore de ce
monde. C’est lui qui devrait être roi. »
    J’en étais
bien d’accord, mais nous avions tous fait le serment de faire monter Mordred
sur le trône, et des hommes étaient morts à Lugg Vale pour défendre ce serment.
À l’occasion, les Dieux me pardonnent, je me surprenais à souhaiter sa mort.
Ainsi, le problème serait réglé. Mais malgré son pied-bot et les mauvais
augures entourant sa naissance, il paraissait comblé d’une santé robuste. Je
plongeai mon regard dans les yeux verts de Guenièvre. « Je me souviens,
Dame, repris-je prudemment, de ce jour lointain où vous m’avez fait franchir
cette porte  – je désignai du doigt la petite arche par laquelle on
sortait du cloître  – pour me montrer votre temple d’Isis.
    — Vraiment ? »
Elle était sur la défensive, regrettant peut-être cet instant d’intimité. En ce
jour lointain, elle avait essayé de faire de moi un allié dans cette même cause
qui l’avait poussée à me prendre par le bras et à m’entraîner pour me conduire
vers ce cloître. Elle désirait la perte de Mordred afin qu’Arthur pût régner.
    « Vous m’avez
montré le trône d’Isis, ajoutai-je, me gardant bien d’avouer que j’avais vu ce
même siège noir au Palais marin, et vous m’avez dit qu’Isis était la déesse

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