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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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qui avez fait venir Marc, n’est-ce pas ? demandai-je
d’un ton accusateur.
    — C’est
exact, reconnut-il dans un hochement de tête. Je lui ai dépêché un messager
depuis Isca.
    — Tristan
est notre ami ! criai-je.
    — Il a
volé un roi, répéta-t-il obstinément, les yeux clos. Il a volé de l’or !
Une épouse ! Il a blessé le roi dans son orgueil ! Il a bafoué ses
serments. Son père demande justice et j’ai juré de servir la justice.
    — Il est
votre ami, insistai-je. Et le mien ! »
    Il rouvrit les
yeux et me regarda fixement : « Un roi se tourne vers moi, Derfel, et
réclame justice. Vais-je opposer un refus à Marc, sous prétexte qu’il est
vieux, grossier et laid ? La jeunesse et la beauté mériteraient-elles de
faire violence à la justice ? Pourquoi ai-je combattu tout au long de ces
années, si ce n’est pour assurer une justice impartiale ? »
    C’est moi qu’il
suppliait maintenant :
    « Quand
nous sommes venus jusqu’ici, traversant villes et villages, les gens ont-ils
fui en voyant nos épées ? Non ! Et pourquoi ? Parce qu’ils
savent que la justice règne dans le royaume de Mordred. Et maintenant, parce qu’un
homme couche avec la femme de son père, tu voudrais que je me débarrasse de la
justice comme d’un fardeau encombrant ?
    — Oui,
parce que c’est un ami et que si vous les faites passer en jugement, ils seront
reconnus coupables. Ils n’ont aucune chance de s’en tirer, fis-je avec aigreur,
parce que Marc a Langue. »
    Arthur sourit
d’un air triste en se souvenant de l’épisode auquel je faisais allusion. C’était
la première fois que nous rencontrions Tristan, et là encore, pour une affaire
de droit. Une grande injustice avait failli être commise, parce que l’accusé
avait Langue. Dans notre droit, le témoignage d’un homme qui avait Langue était
irrécusable. Quand bien même un millier de gens jureraient du contraire, leur
témoignage n’avait aucune valeur s’il était contredit par un seigneur, par un
druide, par un prêtre, par un père parlant de ses enfants, par un homme parlant
du cadeau donné, par une vierge parlant de sa virginité, par un berger parlant
de ses animaux, par un condamné prononçant ses dernières paroles. Et Marc était
un seigneur, un roi, et sa parole prévaudrait sur celle d’un prince et d’une
reine. Aucune cour de Bretagne n’acquitterait Tristan et Iseult, et Arthur le savait.
Mais Arthur avait juré de défendre la loi.
    Ce jour-là,
cependant, alors qu’Owain avait failli bafouer la justice en usant de son
privilège pour mentir, Arthur avait fait appel au jugement des épées. Au nom de
Tristan, il s’était battu contre Owain, et il avait gagné. « Tristan,
dis-je, pourrait en appeler au jugement des épées.
    — Tel est
son privilège, reconnut Arthur.
    — Et je
suis son ami, ajoutai-je avec froideur. Je puis me battre pour lui. »
    Arthur me
dévisagea comme s’il venait de prendre la pleine mesure de mon hostilité :
    « Toi,
Derfel ?
    — Je me
battrai pour Tristan, parce qu’il est mon ami. Comme vous l’avez fait jadis.
    — C’est
ton privilège, lâcha-t-il enfin après quelques secondes de silence, mais j’ai
accompli mon devoir. »
    Il s’éloigna
et je le suivis à dix pas de distance. Il ralentit, je ralentis le pas. Il se
retourna, je tournai la tête. J’allais me battre pour un ami.
     
    *
     
    Arthur ordonna
sèchement aux lanciers de Culhwch d’escorter Tristan et Iseult à Isca. C’est
là-bas qu’ils seraient jugés. Le roi Marc désignerait un juge, les Dumnoniens l’autre.
    Le roi était
assis sur sa chaise et ne disait mot. Il avait demandé que le procès se tînt au
Kernow, mais il devait se douter que cela n’avait aucune espèce d’importance.
Tristan ne serait pas jugé car il ne survivrait pas à un jugement. Il ne
pouvait qu’en appeler à l’épée.
    Le prince se
présenta à la porte de la salle et se retrouva face à son père. Le visage de
Marc ne laissait rien paraître, Tristan était pâle. Quant à Arthur, il tenait
tête baissée, ce qui lui épargnait d’avoir à regarder l’un ou l’autre.
    Tristan ne
portait ni armure ni bouclier. Sa chevelure noire chargée d’anneaux de
guerriers était peignée en arrière et nouée avec un ruban de drap blanc qu’il avait
dû découper dans la robe d’Iseult. Il portait une chemise, des pantalons et des
bottes et avait une épée au côté. Il fit quelques pas en

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