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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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que Merlin l’a
gagnée dans un concours de rêves en Irlande et qu’il vous l’a donnée aux
Pierres.
    — Et il m’a
expliqué que si jamais j’étais aux abois, je n’avais qu’à tirer l’épée et à la
plonger dans la terre pour que Gofannon quitte les Enfers et vole à mon
secours. N’est-ce pas ?
    — Oui,
Seigneur.
    — Alors,
Gofannon ! cria-t-il au vent marin en tirant la grande lame. Viens ! »
Et il plongea l’épée dans la terre.
    Une mouette
cria dans le vent. La mer lécha les rochers en se perdant dans les profondeurs
de la terre, le vent salé fit gonfler nos manteaux, mais aucun dieu ne vint.
    « Les
Dieux me viennent en aide, dit enfin Arthur, le regard fixé sur la lame
oscillante. Si tu savais comme j’ai eu envie de tuer ce gros monstre.
    — Que ne
l’avez-vous fait ? » demandai-je d’une voix bourrue.
    Il ne dit rien
pendant un temps et je vis les larmes ruisseler sur ses longues joues creuses. « Je
leur ai offert la mort, Derfel. Rapide et sans douleur. » Il s’essuya les
joues puis, dans un subit accès de colère, donna un coup de pied à l’épée. « Les
Dieux ! » Il cracha sur la lame frémissante. « Quels dieux ? »
    J’arrachai
Excalibur de la terre et nettoyai la pointe de la lame. Il refusa de reprendre
l’épée, que je déposai donc avec respect sur une pierre roulée grise. « Que
va-t-il leur arriver, Seigneur ? »
    Il s’assit sur
un autre rocher. Il demeura un temps sans réponse, se contentant de fixer la
pluie, tandis que les larmes continuaient de ruisseler sur ses joues. « Ma
vie durant, Derfel, commença-t-il enfin, je m’en suis tenu à mes serments. Je
ne sais vivre autrement. Ils me déplaisent comme aux autres hommes, car les
serments nous lient, ils entravent notre liberté, et qui parmi nous ne désire
être libre ? Mais si nous abandonnons nos serments, nous n’avons plus rien
pour nous guider. Nous sombrons dans le chaos. Nous sombrons. Nous ne valons
pas mieux que des bêtes. » Soudain incapable de poursuivre, il se contenta
de pleurer.
    Je fixai la
houle grise en me demandant où naissent ces grandes vagues et où elles
finissent : « Imaginez, demandai-je, que le serment soit une erreur ?
    — Une
erreur ? fit-il en me jetant un regard en coin avant de se retourner vers
l’océan. Parfois, fit-il d’un air lugubre, il est impossible d’honorer un
serment. Je n’ai pu sauver le royaume de Ban. Les Dieux savent si j’ai essayé,
mais c’était impossible. J’ai donc manqué à mon serment et je vais le payer,
mais je ne l’ai pas fait à dessein. Il me reste à tuer Aelle et c’est un
serment qui doit être respecté, mais je n’ai pas encore enfreint ce serment, je
n’ai fait qu’en ajourner l’accomplissement. J’ai promis de reprendre Henis
Wyren à Diwrnach, et je le ferai. Peut-être était-ce une erreur, mais j’ai
juré. Voilà ta réponse. Si un serment est une erreur, il continue de te lier,
parce que tu as juré. » Il s’essuya les joues. « Alors oui, le jour
viendra où je devrai porter mes lances contre Diwrnach.
    — Vous n’êtes
lié à Marc par aucun serment, répondis-je avec aigreur.
    — Moi
non, reconnut-il, mais Tristan si. Et Iseult également.
    — En quoi
leurs serments vous regardent ? »
    Il fixa son
épée. Sa lame grise, gravée de volutes emberlificotées et de têtes de dragon
qui tiraient la langue, reflétait les nuages noirs. « Une épée et une
pierre », murmura-t-il, songeant sans doute au jour où Mordred deviendrait
roi. Il se leva brusquement, tournant le dos à l’épée pour regarder les
collines verdoyantes. « Imagine, me dit-il, que deux serments se contredisent.
Imagine que j’ai fait le serment de me battre pour toi et de me battre pour ton
ennemi. Quel serment dois-je honorer ?
    — Le
premier auquel je me suis engagé, répondis-je, sachant la loi aussi bien que
lui.
    — Et si j’ai
prêté les deux serments en même temps ?
    — Vous
devez alors vous en remettre au jugement du roi.
    — Pourquoi
le roi ? me questionna-t-il comme s’il initiait un nouveau lancier aux
lois de la Dumnonie.
    — Parce
que le serment qui vous lie au roi, expliquai-je docilement, prime sur tous les
autres serments. Et que vous êtes son obligé.
    — Le roi,
reprit-il avec force, est donc le gardien de nos serments. Et, sans roi, il n’est
donc qu’un écheveau de serments contradictoires. Sans roi, le chaos règne. Tous
les serments

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