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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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liserons, de lauriers fleuris et de vignes de Salomon.
    L’ancienne
forteresse de Caer Cadarn demeurait déserte une bonne partie de l’année mais
restait notre colline royale : le lieu des rituels solennels au cœur de la
Dumnonie. Et si les remparts étaient bien entretenus, l’intérieur était un
triste agglomérat de cabanes délabrées dispersées autour de la grande salle de
banquet lugubre qui servait de refuge aux oiseaux, aux chauves-souris et aux
souris. Cette salle occupait la partie inférieure du large sommet, tandis que
sur la partie la plus haute, à l’ouest, se trouvait un cercle de pierres
couvertes de lichen entourant une grosse pierre grise : l’ancienne pierre
de la royauté de la Dumnonie. C’est ici que le Grand Dieu Bel avait oint son
fils Beli Mawr, mi-dieu, mi-homme, pour en faire le premier de nos rois. Et
jusque dans les années de domination romaine, tous nos rois étaient venus ici
pour y être acclamés. Mordred était né sur cette colline et y avait déjà été
acclamé bébé, même si cette cérémonie n’avait été qu’un signe de son sang royal
et ne lui conférait aucun devoir. Il était désormais au seuil de la maturité
et, à compter de ce jour, il aurait du roi beaucoup plus que le titre. Cette
seconde acclamation libérait Arthur de son serment et transmettait à Mordred
tous les pouvoirs d’Uther.
    La foule s’attroupa
de bonne heure. La salle de banquet avait été balayée et décorée de rameaux
verts au milieu des étendards. Des cuves d’hydromel et des pots de bière blonde
étaient disposés sur l’herbe, tandis que la fumée s’élevait des grands feux où
rôtissaient les bœufs, les cochons et les cerfs du banquet. Des hommes tatoués
des tribus d’Isca se mêlaient aux élégants citoyens en toge de Durnovarie et de
Corinium, et tous écoutaient les bardes en robe blanche chanter des chansons
spécialement composées pour louer le caractère de Mordred et lui prédire un
règne glorieux. On ne pouvait jamais se fier aux bardes.
    Étant le
champion de Mordred, j’étais seul, de tous les seigneurs présents sur la
colline, revêtu de mon accoutrement guerrier. Ce n’était plus le matériel
miteux et rafistolé que j’avais porté à la périphérie de Londres, car je
possédais désormais une nouvelle armure onéreuse à la hauteur de mes fonctions.
J’avais une belle cotte de mailles romaine agrémentée d’anneaux d’or au cou,
sur les franges et aux manches. Mes bottes, qui m’arrivaient aux genoux,
scintillaient de plaques de bronze ; mes gants, qui montaient jusqu’aux
coudes, étaient doublés de plaques de fer qui me protégeaient les avant-bras et
les doigts ; mon beau casque en argent repoussé avait un rabat pour me
couvrir la nuque. Le casque était agrémenté de joues qui me barraient le visage
et d’un fleuron d’or auquel était accrochée ma queue de loup bien peignée.
Outre mon manteau vert, je portais Hywelbane et un bouclier qui, en l’honneur
de ce jour, arborait le dragon rouge de Mordred plutôt que mon étoile blanche.
    Culhwch était
venu d’Isca. Il m’embrassa : « C’est une farce, Derfel, grogna-t-il.
    — Un
grand jour de joie, Seigneur Culhwch », fis-je, les traits tirés.
    Il ne répondit
point, mais promena un regard maussade sur la foule qui attendait. « Des
chrétiens, cracha-t-il.
    — Ils
paraissent nombreux.
    — Merlin
est ici ?
    — Il
était fatigué.
    — Tu veux
dire qu’il avait trop de bon sens pour venir. Alors qui est à l’honneur aujourd’hui ?
    — L’évêque
Sansum. »
    Culhwch
cracha. Sa barbe avait grisonné au cours des tout derniers mois et il se
déplaçait avec une certaine raideur. Mais c’était toujours un gros ours. « Tu
parles encore à Arthur ? voulut-il savoir.
    — Quand
il le faut, répondis-je de manière évasive.
    — Il
tient à ton amitié.
    — Il a
une étrange façon de traiter ses amis, dis-je avec raideur.
    — Il a
besoin d’amis.
    — En ce
cas, il a bien de la chance de t’avoir. »
    Un coup de
corne interrompit notre conversation. Des lanciers se frayaient un passage dans
la foule, usant de leurs boucliers et de la hampe de leurs lances pour
repousser doucement les badauds. Et dans le couloir ainsi formé par les
lanciers, un cortège de seigneurs, de magistrats et de prêtres se dirigea lentement
vers le cercle de pierres. Je pris place dans le cortège à côté de Ceinwyn et
de mes filles.
    Le
rassemblement de ce

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