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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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n’était.
    J’attendis. « Tu
me déçois, Derfel, déclara soudain Nimue, son souffle ridant à peine la surface
du liquide.
    — Pourquoi ?
    — Je vois
une reine brûlée vive sur une côte. J’aurais voulu ses cendres, Derfel,
fit-elle d’un ton de reproche. J’aurais pu utiliser les cendres de la reine. Tu
aurais dû le savoir. » Elle se tut, mais je ne dis rien. Le liquide était
de nouveau figé, et lorsque Nimue reprit la parole, ce fut d’une voix étrange,
caverneuse, qui ne ridait aucunement la surface du liquide noir. « Deux
rois vont venir à Cadarn, dit-elle, mais c’est un homme qui n’est pas roi qui
régnera. La morte sera mariée, le perdu refera surface et une épée pèsera sur
le cou d’un enfant. » Puis elle poussa un hurlement terrible, effarouchant
l’homme nu qui se blottit frénétiquement dans un coin de la cabane, les mains
sur la tête. « Dis tout cela à Merlin, me dit Nimue qui avait retrouvé sa
voix normale. Il saura ce que cela veut dire.
    — Je le
lui dirai.
    — Et
dis-lui, reprit-elle avec une ferveur désespérée, me serrant le bras de ses
doigts crasseux, que j’ai vu le Chaudron dans le liquide. Dis-lui qu’on s’en
servira bientôt. Bientôt, Derfel. Dis-le-lui.
    — Je le
ferai. »
    Puis, incapable
de supporter l’odeur plus longtemps, je m’arrachai à son étreinte et sortis
sous la neige. Elle me suivit et, trouvant refuge sous mon manteau, m’accompagna
jusqu’à la porte. Elle était étrangement enjouée. « Tout le monde pense
que nous sommes en train de perdre, Derfel, tout le monde pense que ces
immondes chrétiens s’emparent de la terre. Mais ce n’est pas vrai. Le Chaudron
reparaîtra bientôt, Merlin sera de retour et la puissance sera libérée. »
    Je m’arrêtai à
la porte pour regarder le groupe de chrétiens toujours attroupés au pied du Tor
en train de réciter leurs extravagantes prières, les bras grands ouverts.
Sansum et Morgane s’arrangeaient pour qu’il y en ait toujours afin que leurs
prières dissuadent les païens de grimper au sommet. Nimue les regarda avec
mépris. Certains chrétiens la reconnurent et se signèrent. « Tu crois que
le christianisme est en train de gagner la partie, Derfel ?
    — Je le
crains », répondis-je en entendant les hurlements de colère qui s’élevaient
d’en bas. Je me souvenais des fidèles frénétiques d’Isca et me demandais
combien de temps on parviendrait à contenir cet horrible fanatisme. « J’en
ai bien peur, dis-je tristement.
    — Le
christianisme n’est pas en train de gagner, répondit-elle avec mépris. Regarde ! »
Elle sortit de sous mon manteau et leva sa robe sale pour dévoiler sa nudité
aux chrétiens, puis elle eut un mouvement de hanches obscène dans leur
direction et poussa un vagissement qui se perdit dans le vent tandis qu’elle
laissait retomber sa robe. Certains chrétiens firent un signe de croix, mais, d’instinct,
la plupart firent le signe païen contre le mal de leur main droite et
crachèrent à terre. « Tu vois ? fit-elle avec un sourire. Ils croient
encore aux anciens dieux. Ils croient encore. Et bientôt, Derfel, ils auront la
preuve. Dis-le à Merlin. »
    Je répétai
tout cela à Merlin. Debout devant lui, je lui rapportai que deux rois
viendraient à Cadarn, mais qu’un homme qui n’était pas roi régnerait, que la
morte serait mariée, que le perdu referait surface et qu’une épée pèserait sur
le cou d’un enfant.
    « Redis-moi
ça, Derfel », demanda-t-il en me regardant de travers tout en caressant un
chat tigré qui se prélassait sur ses genoux.
    Je le répétai
solennellement et ajoutai la promesse de Nimue : le Chaudron réapparaîtrait
sous peu, son horreur était imminente. Il rit, hocha la tête, puis s’esclaffa à
nouveau. Il caressa le chat. « Et tu dis qu’elle avait la tête d’un druide ?
    — La tête
de Balise, Seigneur. »
    Il gratta le
chat sous le menton. « La tête de Balise a été brûlée, Derfel, voilà de
longues années. Elle a été brûlée et réduite en poudre. Réduite à rien. Je le
sais, parce que c’est moi qui l’ai fait. » Il ferma les yeux et s’endormit.
     
    *
     
    C’est l’été
suivant, à la veille de la pleine lune, alors que les arbres qui poussaient au
pied de Caer Cadarn étaient chargés de feuillages, que nous devions acclamer
Mordred, notre roi, au sommet de l’ancien Caer. Le soleil brillait sur les
haies mêlées de bryones, de

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