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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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cheveux. Il entra seul dans le
cercle royal pour se placer à côté de la pierre roulée.
    Magnifique 
dans  son  accoutrement blanc  et or,  Sansum s’empressa de rejoindre le roi. L’évêque
leva les bras et, sans préambule, se mit à prier à haute voix. Toujours forte,
sa voix portait, par-delà la cohue qui se pressait derrière les seigneurs,
jusqu’aux lanciers impassibles postés sur les plates-formes de combat des
remparts : « Seigneur Dieu ! hurla-t-il, répands Ta bénédiction
sur Ton fils Mordred, ici présent, sur ce bienheureux roi, cette lumière de
Bretagne, ce monarque qui fera entrer Ton royaume de Dumnonie dans son nouvel
âge de félicité. » Ce n’est là qu’une paraphrase, je le confesse, car la
vérité, c’est que je ne prêtai guère attention à la harangue de Sansum à l’adresse
de son Dieu. Il excellait dans ce genre d’exercice, mais il disait toujours la
même chose : ses harangues étaient toujours trop longues, toujours riches
en louanges du christianisme et toujours pleines de moqueries à l’endroit du
paganisme. Plutôt que d’écouter, je préférai observer la foule pour voir qui
ouvrait les bras et fermait les yeux. La grande majorité. Toujours prêt à
témoigner son respect à une religion, quelle qu’elle soit, Arthur inclinait
simplement la tête. Il tenait la main de son fils, Gwydre, tandis que Guenièvre
levait les yeux au ciel, un sourire secret illuminant son beau visage. Amhar et
Loholt, les fils qu’Ailleann avait donnés à Arthur, priaient avec les
chrétiens, tandis que Dinas et Lavaine croisaient les bras sous leurs robes et
fixaient Ceinwyn qui, comme le jour où elle avait rompu ses fiançailles, ne
portait ni or ni argent. Elle avait toujours la même chevelure si claire, si
éclatante, et restait pour moi la plus charmante créature qui eût jamais posé
les pieds sur cette terre. Son frère, le roi Cuneglas, se tenait à ses côtés,
me gratifiant d’un sourire pincé au cours de l’une des grandes envolées de l’évêque.
Quant à Mordred, il priait les bras grands ouverts en nous observant avec un
sourire en coin.
    La prière
terminée, Sansum prit le roi par le bras pour le conduire jusqu’à Arthur qui,
en sa qualité de gardien du royaume, allait maintenant présenter le nouveau
souverain à son peuple. Arthur lui sourit, comme pour l’encourager, puis lui
fit faire le tour du cercle de pierres. Sur son passage, tous ceux qui n’étaient
pas rois mirent le genou à terre. Quant à moi, son champion, je le suivis, l’épée
tirée. Pour bien montrer que notre nouveau roi descendait de Beli Mawr et
pouvait ainsi défier l’ordre naturel de tous les êtres vivants, nous marchions
exceptionnellement contre le soleil. Mais, naturellement, Sansum déclara que
cette façon de faire sonnait le glas de la superstition païenne. Au cours de ce
tour, Culhwch réussit à se cacher pour éviter d’avoir à s’agenouiller.
    Lorsqu’ils
eurent accompli deux fois le tour complet du cercle, Arthur conduisit Mordred
jusqu’à la Pierre royale, lui tenant la main pour l’aider à y grimper. Dian, la
plus jeune de mes filles, avait les cheveux parés de bleuets : elle s’avança
en trottinant et déposa une miche de pain, symbole de son devoir de nourrir son
peuple, devant le pied-bot d’Arthur. En la voyant, les femmes murmurèrent car,
comme ses sœurs, Dian avait hérité de la beauté insouciante de sa mère. Elle
déposa la miche, puis quêta un signe autour d’elle. Ne sachant trop ce qu’elle
était censée faire ensuite, elle leva solennellement les yeux sur le visage de
Mordred et éclata aussitôt en sanglots. Les femmes poussèrent un soupir d’aise
en la voyant se réfugier dans les bras de sa mère, qui la dorlota en séchant
ses larmes. Gwydre, le fils d’Arthur, porta ensuite aux pieds de Mordred un
fléau de cuir, symbole de justice. Puis je m’avançai, portant la nouvelle épée
royale forgée au Gwent, avec une garde de cuir noire enveloppée de fil d’or, et
la remis dans la main droite de Mordred. « Seigneur Roi, dis-je en le
regardant droit dans les yeux, voici pour votre devoir de protéger votre
peuple. » Son sourire affecté avait disparu. Il répondit à mon regard avec
une dignité froide qui me fit espérer qu’Arthur eût raison, que la solennité de
ce rituel lui donnerait la force d’être un bon roi.
    Puis, l’un
après l’autre, nous lui présentâmes nos cadeaux. Je lui donnai un

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