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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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jour-là était en fait un hommage à Arthur plutôt qu’à
Mordred, car tous les alliés d’Arthur étaient là. Cuneglas était venu du Powys,
amenant une douzaine de seigneurs et son Edling, le prince Perddel, qui était
maintenant un beau garçon avec le visage franc et rond de son père. Vieux et
raide, Agricola accompagnait le prince Meurig. Les deux hommes portaient la
toge. Tewdric, le père de Meurig, vivait encore, mais le vieux roi avait
abandonné son trône pour la tonsure d’un prêtre et s’était retiré dans un
monastère de la vallée de la Wye, où il amassait patiemment une bibliothèque de
textes chrétiens tout en laissant son pédant de fils régner sur le Gwent à sa
place. Byrthig, qui avait succédé à son père dans le royaume du Gwynedd, et qui
n’avait plus maintenant que deux dents, ne tenait pas en place, comme si les
rituels étaient un irritant nécessaire par lequel il fallait bien passer avant
de s’attaquer à l’hydromel. Œngus Mac Airem, père d’Iseult et roi de Démétie,
était venu avec une délégation de ses redoutables Blackshields, tandis que
Lancelot, roi des Belges, était escorté d’une douzaine de géants de sa fameuse
Garde saxonne, sans oublier la sinistre paire de jumeaux, Dinas et Lavaine,
ainsi qu’Amhar et Loholt.
    Arthur
embrassa Œngus, qui l’accueillit avec chaleur. Malgré l’atroce mort d’Iseult,
il n’y avait apparemment aucune trace de rancune. Arthur avait choisi un
manteau brun : sans doute ne voulait-il pas éclipser le héros du jour avec
l’un de ses manteaux blancs. Guenièvre avait fière allure dans une robe de bure
ourlée d’argent sur laquelle on reconnaissait, en broderie, son emblème du cerf
couronné d’une lune. Sagramor, qui avait revêtu une toge noire, était venu avec
Malla, sa femme saxonne de nouveau enceinte, et leurs deux fils. Personne ne
représentait le Kernow.
    Les étendards
des rois, des chefs et des seigneurs étaient suspendus aux remparts, où un
cercle de lanciers, tous équipés de boucliers au dragon fraîchement peints,
montaient la garde. Une corne retentit à nouveau, lançant son appel lugubre
sous le soleil matinal : vingt autres lanciers escortèrent Mordred vers le
cercle de pierres où, quinze ans plus tôt, nous l’avions acclamé. Cette
première cérémonie avait eu lieu en hiver : c’est emmitouflé dans une
fourrure qu’on avait porté le bébé vers les pierres sur un bouclier de guerre
renversé. Morgane avait supervisé cette première acclamation marquée par le
sacrifice d’un captif saxon. Mais cette fois-ci, la cérémonie serait un rite
entièrement chrétien. Quoique Nimue puisse croire, les chrétiens avaient gagné,
me disais-je d’un air lugubre. Hormis Dinas et Lavaine, il n’y avait ici aucun
druide, et ils n’avaient aucun rôle à jouer. Merlin dormait dans le jardin de
Lindinis, Nimue était restée sur le Tor, et aucun captif ne serait mis à mort
pour découvrir les augures pour le règne du roi acclamé. Lors de la première
acclamation de Mordred, nous avions tué un prisonnier saxon, lui plongeant une
lance en haut du ventre pour lui assurer une mort lente et atroce, et Morgane
avait scruté chacun de ses pas chancelants, chaque giclée de sang, en quête de
signes du futur. Ces augures, je m’en souvenais, n’étaient pas bons, bien qu’ils
promissent à Mordred un long règne. J’essayai de me rappeler le nom du
malheureux Saxon, mais la seule chose dont je pus me souvenir, c’était la
terreur sur son visage et le fait que je l’aimais bien. Puis, soudain, son nom
me revint. Wlenca ! Pauvre Wlenca, tout frémissant de peur. Morgane avait
réclamé sa mort, mais aujourd’hui, avec un crucifix pendillant sous son masque,
elle n’était ici qu’en sa qualité d’épouse de Sansum et ne devait prendre
aucune part aux rites.
    Une sourde
acclamation salua l’arrivée de Mordred. Les chrétiens applaudirent, tandis que
les païens se contentèrent de se toucher docilement les mains, puis le silence
se fit. Le roi était entièrement vêtu de noir : chemise noire, pantalons
noirs, manteau noir et bottes noires, dont une aux formes monstrueuses pour
enfermer son pied-bot. Un crucifix en or pendait à son cou. Il me sembla voir
un sourire affecté sur son affreux visage rond, mais peut-être cette grimace
trahissait-elle simplement sa nervosité. Il avait gardé sa maigre barbe qui n’arrangeait
guère sa trogne bulbeuse avec ses toupets de

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