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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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n’en aurions
plus pour longtemps. Je parai son assaut avec Hywelbane et donnai un grand coup
d’épée qui se perdit dans son immonde crinière. Puis Eachern, le rude petit
lancier irlandais qui continuait à me servir malgré les menaces de Mordred,
dirigea la hampe de sa lance vers la tête de l’évêque. Un coup d’épée l’avait
privé de sa pointe, mais Eachern enfonça la pointe de fer du talon dans le
front de Cadoc. L’espace d’une seconde, l’évêque parut loucher, ouvrit la
bouche sur ses dents pourries, puis s’effondra dans la boue.
    Le dernier
assaillant à tenter d’ouvrir une brèche dans notre cercle fut une femme hirsute
qui escalada le cercle des cadavres et me hurla une malédiction en essayant de
sauter par-dessus les hommes agenouillés du premier rang. Je la saisis par les
cheveux, laissai son couteau émoussé s’écraser sur ma cotte de mailles et la
tirai à l’intérieur du cercle où Issa lui enfonça la tête dans la terre. C’est
alors qu’Arthur frappa.
    Trente
cavaliers avec leurs longues lances fondirent sur la meute des chrétiens. J’imagine
que cela faisait trois minutes que nous nous défendions, mais sitôt qu’Arthur
arriva la bataille fut terminée en un clin d’œil. Ses cavaliers arrivèrent au galop,
lance couchée. Une lance s’enfonça dans sa victime avec une effroyable giclée
de sang et, pris de panique, nos assaillants s’enfuirent. Abandonnant sa lance,
son étincelante Excalibur à la main, Arthur cria à ses hommes de cesser le
carnage : « Contentez-vous de les mettre en fuite ! » Ses
cavaliers se scindèrent en petits groupes qui dispersèrent les survivants
terrifiés et les refoulèrent sur la route en direction de la croix.
    Mes hommes se
détendirent. Issa était encore assis sur la femme hirsute et Eachern cherchait
la pointe de sa lance. Deux hommes du cercle de boucliers avaient de sales
blessures et un lancier du second rang avait la mâchoire brisée. De notre côté,
c’était tout. Quant à nos adversaires, ils déploraient vingt-trois cadavres et
au moins autant de blessés graves. Groggy par le coup d’Eachern, Cadoc vivait
encore. On lui attacha les mains et les pieds puis, malgré les instructions d’Arthur
qui nous avait invités au respect, on lui fit honte en lui taillant la barbe et
les cheveux. Il cracha et nous maudit, mais on lui fourra dans la bouche des
mèches de sa barbe graisseuse avant de le reconduire au village.
    Et c’est là
que je découvris Ligessac. Tout compte fait, il ne s’était pas enfui, mais s’était
contenté d’attendre dans l’église, près du petit autel. C’était un vieillard
maintenant, maigre et aux cheveux gris, et il se laissa faire docilement, même
lorsqu’on lui tailla la barbe et qu’on tressa avec ses cheveux une corde de
fortune qu’on lui noua autour du cou pour signifier qu’il était un traître
condamné. Il eut l’air même ravi de me retrouver après tant d’années : « Je
leur ai dit de ne pas s’attaquer à toi, pas à Derfel Cadarn.
    — Ils
savaient que nous venions ?
    — Cela
fait une semaine que nous le savons, dit-il en tendant tranquillement les mains
à Issa qui lui noua les poignets avec une corde. Nous souhaitions même votre
venue. Nous pensions que c’était l’occasion où jamais de débarrasser la
Bretagne d’Arthur.
    — Et
pourquoi ça ?
    — Parce
qu’Arthur est l’ennemi des chrétiens, voilà pourquoi.
    — Ce n’est
pas vrai, fis-je avec mépris.
    — Et que
sais-tu donc, Derfel ? me demandai Ligessac. Nous préparons la Bretagne au
retour du Christ et nous devons nettoyer le pays des païens ! lança-t-il d’une
voix forte, sur un ton de défi, puis il haussa les épaules et fit un large
sourire. Mais je leur ai dit qu’ils n’arriveraient pas à tuer Arthur et Derfel
comme ça. J’ai dit à Cadoc que vous étiez trop forts. »
    Il se leva et
suivit Issa hors de l’église. Dans l’encadrement de la porte, il se tourna vers
moi :
    « J’imagine
que je vais mourir, maintenant ?
    — En
Dumnonie.
    — Je vais
voir Dieu en face, répondit-il avec un haussement d’épaules. Qu’ai-je à
craindre ? »
    Je le suivis
dehors. Arthur avait libéré la bouche de l’évêque, qui nous débitait maintenant
un chapelet d’injures. De la pointe d’Hywelbane, je lui chatouillai le menton
fraîchement rasé. « Il savait que nous venions, dis-je à Arthur, et ils
comptaient nous tuer ici.
    — Raté,
dit

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