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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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saules et les eaux peu
profondes et ridées du lac. Nous nous dirigions vers la mer, mais je n’avais
guère réfléchi à ce que nous ferions une fois arrivés sur la côte. Les hommes
de Lancelot ne manqueraient pas de se lancer à notre recherche et il nous
fallait nous trouver un lieu sûr.
    Avant de me
laisser les trucider, Merlin avait interrogé les prisonniers, et il confia
maintenant à Ceinwyn ce qu’il avait appris. Pour l’essentiel, nous le savions
déjà. Le bruit courait que Mordred avait trouvé la mort en chassant, tandis que
l’un des prisonniers avait prétendu que le roi avait été assassiné par le père
d’une fille qu’il avait violée. La rumeur courait aussi qu’Arthur était mort,
et Lancelot s’était proclamé roi de Dumnonie. Les chrétiens lui avaient fait
bon accueil, convaincus que Lancelot était leur nouveau Jean-Baptiste : l’homme
qui avait annoncé la première venue du Christ, tout comme Lancelot présageait
maintenant la seconde.
    « Arthur
n’est pas mort, dis-je avec aigreur. Ils voulaient qu’on le croie, et faire
croire que j’étais mort avec lui, mais ils ont échoué. Et si j’ai vu Arthur il
y a tout juste trois jours, comment Lancelot a-t-il pu apprendre sa mort aussi
vite ?
    — Il n’a
rien appris du tout, répondit Merlin d’un ton calme. Il l’espérait, c’est tout.
    — C’est
encore un coup de Sansum et de Lancelot, fis-je en crachant. Lancelot a
probablement comploté la mort de Mordred pendant que Sansum préméditait la
nôtre. Maintenant, Sansum a son roi chrétien et Lancelot a la Dumnonie.
    — Sauf
que tu es vivant, fit Ceinwyn d’une voix calme.
    — Et qu’Arthur
est vivant, dis-je. Et si Mordred est mort, le trône revient à Arthur.
    — Uniquement
s’il vainc Lancelot, trancha Merlin.
    — Bien
sûr qu’il vaincra Lancelot, répondis-je avec mépris.
    — Mais
Arthur est affaibli, me prévint doucement Merlin. Quantité de ses hommes ont
été tués. Tous les gardes de Mordred sont morts, de même que tous les lanciers
de Caer Cadarn. Cei et ses hommes ont trouvé la mort à Isca ou, s’ils ne sont
pas morts, ils sont en fuite. Les chrétiens se sont soulevés, Derfel. Et j’apprends
qu’ils ont marqué leurs maisons du signe du poisson, et que toutes les maisons
qui ne portaient pas cette marque ont vu leurs habitants massacrés. » Il
fit quelques pas dans un silence lugubre. « Ils nettoient la Bretagne pour
la venue de leur Dieu.
    « Mais
Lancelot n’a pas tué Sagramor, dis-je, espérant ne pas me tromper. Et Sagramor
conduit une armée.
    — Sagramor
vit, m’assura Merlin, avant de lâcher la pire nouvelle de cette terrible nuit,
mais Cerdic l’a attaqué. Il me semble, poursuivit-il, que Lancelot et Cerdic
ont bien pu se mettre d’accord pour se partager la Dumnonie. Cerdic s’emparera
des terres frontalières et Lancelot régnera sur le reste du territoire. »
    Je ne trouvais
rien à dire. Tout cela me paraissait incompréhensible. Cerdic vadrouillait en
Dumnonie ? Et les chrétiens s’étaient soulevés pour faire de Lancelot leur
roi ? Et tout cela s’était fait si vite, en quelques jours, sans aucun
signe précurseur avant mon départ.
    « Mais
si, il y a eu des signes, fit Merlin, comme s’il lisait dans mes pensées. Il y
a eu des signes, mais aucun de nous ne les a pris au sérieux. Qui s’est
inquiété en voyant une poignée de chrétiens peindre le poisson sur le mur de leurs
maisons ? Qui a remarqué leurs débordements ? Nous nous sommes
habitués aux rodomontades de leurs prêtres au point de ne plus prêter attention
à ce qu’ils disaient. Et qui, parmi nous, croit que leur Dieu va venir en
Bretagne dans quatre ans ? Il y avait des signes tout autour de nous,
Derfel, et nous n’avons pas voulu les voir. Mais ce n’est pas cela qui a causé
cette horreur.
    — C’est
Sansum et Lancelot.
    — C’est
le Chaudron. Quelqu’un s’en est servi, Derfel, et son pouvoir se déchaîne sur
le pays. Je soupçonne Dinas et Lavaine de l’avoir fait, mais ils ne savent pas
le maîtriser et ils ont répandu son horreur. »
    Je continuai à
marcher en silence. On apercevait la mer de Severn, maintenant : un flot
noir argenté grouillant sous une lune à son décours. Ceinwyn sanglotait
doucement. Je la pris par la main : « J’ai découvert, lui dis-je en
essayant de l’arracher à son chagrin, j’ai découvert qui est mon père. Pas plus
tard qu’hier.
    — Ton
père est

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