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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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coquelicots brillaient parmi les champs de blé.
    « As-tu
des nouvelles de Guenièvre ? »
    Arthur avait
brisé le silence, mais sur un ton proche du désespoir.
    « Non,
Seigneur. »
    Il frissonna,
puis reprit le dessus : « Les chrétiens la haïssent, dit-il à voix
basse, puis, en un geste inhabituel de sa part, il toucha le fer de la garde d’Excalibur
pour conjurer le mal.
    — Seigneur,
fis-je d’un ton qui se voulait rassurant. Elle a des gardes. Et son palais est
au bord de la mer. Elle se serait enfuie en cas de danger.
    — Vers où ?
En Brocéliande ? Mais imagine que Cerdic ait dépêché des vaisseaux ? »
    Il ferma les
yeux quelques secondes, puis hocha la tête : « Nous en sommes réduits
à attendre des nouvelles. »
    Je l’interrogeai
sur Mordred, mais il n’en savait pas plus que nous : « Je soupçonne
qu’il est mort, dit-il d’une voix lugubre, car s’il s’était échappé il nous
aurait rejoints à l’heure qu’il est. »
    Il avait des
nouvelles de Sagramor, et ces nouvelles étaient mauvaises : « Cerdic
a frappé fort. Caer Ambra est tombé, Calleva est rayée de la carte et Corinium
assiégée. Elle devrait encore tenir quelques jours, car Sagramor s’est
débrouillé pour y mettre deux cents lances de plus en garnison, mais leurs provisions
seront épuisées d’ici la fin du mois. Il semble que nous ayons de nouveau la
guerre. »
    Il partit d’un
bref et rauque éclat de rire.
    « Tu
avais raison sur le compte de Lancelot, n’est-ce pas ? Et moi, j’ai été
aveugle. Je le prenais pour un ami. »
    Je ne dis mot,
mais me contentai de lui jeter un coup d’œil. Et, à ma grande surprise, je vis
qu’il avait les tempes grisonnantes. Il me semblait jeune encore mais je
songeai que, si quelqu’un le croisait pour la première fois, il lui ferait l’impression
d’un homme mûr.
    « Comment
Lancelot a-t-il pu faire entrer Cerdic en Dumnonie, demanda-t-il avec colère,
ou encourager les chrétiens dans leur folie ?
    — Parce
qu’il veut être roi de Dumnonie et qu’il a besoin de leurs lances. Et Sansum
veut être son premier conseiller, son trésorier royal, et tout ce qui va avec.
    — Tu
crois vraiment que Sansum a comploté notre mort au sanctuaire de Cadoc ?
fit-il dans un frisson.
    — Qui d’autre ? »
    C’était
Sansum, à ma connaissance, qui le premier avait associé le poisson du bouclier
de Lancelot au nom du Christ, Sansum qui avait encouragé la ferveur de la
communauté chrétienne excitée afin de porter Lancelot sur le trône de la Dumnonie.
Je doutais qu’il crût vraiment à la venue imminente de son Christ, mais il
avait soif de pouvoir, et Lancelot était son candidat à la royauté en Dumnonie.
S’il parvenait à conserver le trône, toutes les rênes du pouvoir seraient
concentrées entre les griffes du Seigneur des Souris.
    « C’est
un dangereux petit salaud, fis-je d’un ton vindicatif. Nous aurions dû le tuer
il y a dix ans.
    — Pauvre
Morgane, soupira Arthur avant de faire la moue Quelle erreur avons-nous commise ?
    — Nous ?
fis-je indigné. Nous ? Aucune !
    — Nous n’avons
jamais compris ce que voulaient les chrétiens, mais qu’aurions-nous pu faire si
nous l’avions compris ? Ils ne furent jamais prêts à accepter autre chose
qu’une victoire absolue.
    — Nous n’y
sommes pour rien. C’est la faute du calendrier. C’est l’approche de l’an 500
qui les a rendus fous.
    — J’avais
espéré que nous avions détourné la Dumnonie de cette folie, reprit-il à voix
basse.
    — Vous
leur avez donné la paix, Seigneur, et la paix leur a laissé le loisir de
cultiver leur folie. Si nous avions combattu les Saxons tout au long de ces
années, ils auraient épuisé leurs énergies dans la bataille et la survie. Au
lieu de quoi, nous leur avons donné l’occasion de fomenter leurs idioties.
    — Mais
que faire, maintenant ? demanda-t-il dans un haussement d’épaules.
    — Maintenant ?
Nous battre !
    — Avec
quoi ? fit-il, amer. Sagramor a Cerdic sur les bras. Cuneglas nous enverra
des lances, j’en suis sûr, mais Meurig ne voudra pas se battre.
    — Comment ?
m’écriai-je, alarmé. Mais il a prêté le serment de la Table Ronde ! »
    Arthur
esquissa un sourire triste.
    « Comme
ils nous hantent, ces serments, Derfel. Et en ces tristes jours, il me semble
que les hommes les prennent bien à la légère. Lancelot a juré, lui aussi, n’est-ce
pas ? Mais Meurig

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