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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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et, s’il ne voulait pas de ma colère, il
voulait attirer mon attention. « Ce n’est pas ce que je voulais dire, s’empressa-t-il
d’ajouter alors que je me jetais sur lui. Il faut que je parle avec vous. Vite. »
Il jeta un coup d’œil en arrière pour s’assurer que Bors n’était pas à portée
de voix, beugla une fois de plus pour exiger ma repentance, histoire de faire
croire à Bors qu’il me harcelait.
    « Je vous
croyais morts, Arthur et vous, avoua-t-il à voix basse.
    — C’est
vous qui avez comploté notre mort, dis-je d’un ton accusateur.
    — Sur mon
âme, Derfel, fit-il en pâlissant, non ! Non ! » Il se signa,
puis reprit : « Puissent les anges m’arracher la langue et la donner
en pitance au démon si elle vous ment. Je jure par le Dieu Tout-Puissant,
Derfel, que je ne savais rien. » Ayant ainsi proféré son mensonge, il jeta
de nouveau un coup d’œil dans son dos puis se retourna vers moi : « Dinas
et Lavaine, dit-il à voix basse, gardent Guenièvre dans son Palais marin.
Souvenez-vous que c’est moi, Seigneur, qui vous l’ai dit.
    — Vous ne
voulez pas que Bors sache que vous m’avez vendu la mèche, n’est-ce pas ?
demandai-je le sourire aux lèvres.
    — Non,
Seigneur, je vous en prie.
    — Alors
ceci devrait le convaincre de votre innocence. » À ces mots, je lui donnai
une grande claque qui dut lui faire sonner la tête comme la grosse cloche de
son sanctuaire. Il détala en m’accablant de ses malédictions tandis que je m’en
retournais. Je comprenais maintenant pourquoi Sansum s’était rendu jusqu’à
cette forteresse. Le Seigneur des Souris voyait bien que la survie d’Arthur
menaçait le nouveau trône de Lancelot, et qu’aucun homme ne pouvait placer une
confiance aveugle dans un maître que combattait Arthur. Comme sa femme, Sansum
voulait faire de moi son débiteur.
    « Qu’est-ce
qu’il voulait ? me demanda Arthur quand je l’eus rattrapé.
    — Il m’a
dit que Dinas et Lavaine se trouvent au Palais marin. Ce sont eux qui gardent
Guenièvre. »
    Arthur grogna,
puis leva les yeux vers la lune blanchie par le soleil au-dessus de nous :
« Combien de nuits avant la pleine lune, Derfel ?
    — Cinq ou
six, je crois. Merlin saura.
    — Six
jours pour décider, fit-il avant de se retourner et de me regarder droit dans
les yeux. Oseront-ils la tuer ?
    — Non,
Seigneur, dis-je, espérant avoir raison. Ils n’oseront pas faire de vous un
ennemi. Ils veulent que vous veniez prêter serment, puis ils vous tueront.
Après quoi ils pourraient bien la tuer.
    — Et si
je n’y vais pas, ils la retiendront. Et aussi longtemps qu’ils la retiendront,
Derfel, je suis impuissant.
    — Vous
avez une épée, Seigneur, une lance et un bouclier. Nul n’oserait vous dire
impuissant. »
    Dans notre
dos, Bors et ses hommes remontèrent en selle et s’éloignèrent. Nous nous
attardâmes quelques instants sur les remparts de Dun Ceinach : l’une des
plus belles vues de toute la Bretagne. Du côté ouest, on dominait le Severn et
nos regards se perdaient au cœur de la lointaine Silurie. Le paysage s’étendait
à perte de vue et de cette hauteur il paraissait si beau, si vert, si
ensoleillé. Cela valait la peine de se battre.
    Et six nuits
nous séparaient de la pleine lune.
     
    *
     
    « Sept
nuits, dit Merlin.
    — Vous en
êtes sûr ? demanda Arthur.
    — Peut-être
six, admit le druide. J’espère que vous ne comptez pas sur moi pour faire le
calcul ? C’est une tâche très fastidieuse. Je l’ai faite assez souvent
pour Uther et presque chaque fois je me suis trompé. Six ou sept, à peu près.
Peut-être bien huit.
    — Malaine
s’en assurera », répondit Cuneglas.
    De retour de
Dun Ceinach, nous avions eu la surprise de retrouver Cuneglas. Il était venu
avec Malaine, dont il avait croisé le chemin alors que son druide accompagnait
Ceinwyn et les autres femmes dans le nord. Le roi du Powys m’avait serré dans
ses bras puis avait juré de se venger sur Dinas et Lavaine. Il avait apporté
soixante lanciers de son entourage et nous confia que cent autres le suivaient
dans le sud. D’autres viendraient, promit-il, car Cuneglas comptait bien se
battre et mettait généreusement à notre disposition tous les guerriers qu’il
commandait.
    Pendant que
leurs seigneurs discutaient au centre de la salle, ses soixante guerriers rejoignirent
les hommes d’Arthur accroupis le long des murs. Seul était absent

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