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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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ferma
les yeux. Il était incapable de cacher son soulagement. L’espace d’un instant,
il ne put même articuler le moindre mot. « Où sont-ils ? demanda-t-il
quand il se fut repris.
    — Dans
son Palais marin, sous bonne garde.
    — Vous
retenez les femmes prisonnières ? demandai-je avec mépris.
    — Ils
sont sous bonne garde, Derfel, répondit Bors sur un ton tout aussi méprisant,
parce que les chrétiens de Dumnonie massacrent leurs ennemis. Et ces chrétiens,
Seigneur Arthur, n’aiment pas votre femme. Mon seigneur roi Lancelot a pris
votre femme et votre fils sous sa protection.
    — En ce
cas, répondit Arthur avec une petite pointe de sarcasme, ton seigneur roi
Lancelot aurait pu les conduire dans le nord sous escorte.
    — Non »,
fit Bors. Il était nu-tête et sa grosse tête balafrée ruisselait de sueur sous
l’effet de la chaleur.
    « Non ?
demanda Arthur gravement.
    — J’ai un
message pour vous, reprit Bors sur un ton de défi. Et ce message, le voici :
mon seigneur roi vous accorde le droit de vivre en Dumnonie avec votre femme.
Vous y serez traité avec honneur, mais à une seule condition : que vous
prêtiez un serment de loyauté à mon roi. » Il s’arrêta et leva les yeux au
ciel. C’était l’un de ces jours lourds de présages où la lune disputait le ciel
au soleil, et il fit un geste en direction du gros croissant de lune : « Vous
avez jusqu’à la pleine lune pour vous présenter à mon seigneur roi à Caer
Cadarn. Vous ne pouvez vous faire accompagner de plus de dix hommes : vous
prêterez votre serment et vous pourrez vivre en paix sous son aile. »
    Je crachai
pour bien montrer ce que je pensais de sa promesse, mais Arthur tendit la main
pour apaiser ma colère : « Et si je ne viens pas ? »
demanda-t-il.
    Un autre homme
aurait sans doute eu honte de porter le message, mais Bors ne laissa paraître
aucun scrupule : « Si vous ne venez pas, mon seigneur roi en déduira
que vous êtes en guerre contre lui et aura besoin de toutes les lances. Y
compris de celles qui gardent aujourd’hui votre femme et votre enfant.
    — Afin
que ses chrétiens puissent les tuer ? fit Arthur en donnant un coup de
menton en direction de Sansum.
    — Elle
peut toujours se faire baptiser ! trancha l’évêque en serrant la croix qui
pendillait sur sa robe noire. Si elle est baptisée, je réponds de sa vie. »
    Arthur le
fixa, puis, à dessein, lui cracha en plein visage. L’évêque fit un saut en
arrière sous le regard amusé de Bors, et je soupçonnai qu’il n’y avait pas
grande affection entre le champion de Lancelot et son aumônier. Arthur se
retourna vers Bors : « Parle-moi de Mordred ! »
    Bors parut
surpris : « Il n’y a rien à dire, fit-il après une pause. Il est
mort.
    — Tu as
vu son corps ? » demanda Arthur.
    Bors hésita de
nouveau, puis hocha la tête : « Il a été tué par un homme dont il
avait violé la fille. Je ne sais rien d’autre. Sauf que mon seigneur roi est
venu en Dumnonie pour réprimer les émeutes qui ont suivi le meurtre. » Il
s’arrêta comme s’il s’attendait à ce qu’Arthur ajoutât un mot. Comme rien ne
venait, il leva les yeux vers la lune : « Vous avez jusqu’à la pleine
lune, reprit-il en tournant les talons.
    — Une
minute ! lançai-je, obligeant Bors à me regarder. Et moi ? »
    Bors me
regarda droit dans les yeux : « Et toi ? fit-il avec mépris.
    — Le
meurtrier de ma fille exige-t-il un serment de ma part ?
    — Mon
seigneur roi n’attend rien de toi.
    — Alors,
dis-lui que, moi, j’attends quelque chose de lui. Dis-lui que je veux les âmes
de Dinas et de Lavaine, et que je les aurai, même si c’est la dernière chose
que je doive faire sur terre. »
    Bors haussa
les épaules, comme si leur mort n’avait aucune importance pour lui, et se
tourna vers Arthur : « Nous attendrons à Caer Cadarn, Seigneur. »
Sur ce, il se retira. Sansum resta avec nous pour nous sermonner, nous
expliquant que le Christ revenait dans sa gloire et que la terre serait
nettoyée de tous les pécheurs et de tous les païens avant ce jour heureux. Je
lui crachai au visage et emboîtai le pas à Arthur, Sansum s’accrocha à nos
basques comme un roquet. Soudain, il lança mon nom. Je fis celui qui n’avait
pas entendu : « Seigneur Derfel ! lança-t-il à nouveau. Maître
putassier ! Hé, l’amant de la putain ! » Il devait se douter que
ces insultes me mettraient en colère

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