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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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prétend que la mort de Mordred n’est pas un casus
belli . » Il prononça les mots latins avec amertume, et je me souvins d’avoir
entendu les mêmes mots dans la bouche de Meurig avant Lugg Vale, et Culhwch
tourner en dérision l’érudition du roi en transformant le latin royal en « caca-boudin ».
    « Culhwch
viendra.
    — Se
battre pour le pays de Mordred ? J’en doute.
    — Se
battre pour vous, Seigneur. Car si Mordred est mort, vous êtes roi.
    — Roi de
quoi ? fit-il avec un sourire amer. De Glevum ? demanda-t-il dans un
grand éclat de rire. Je peux compter sur toi et sur Sagramor. J’ai tout ce que
Cuneglas me donne, mais Lancelot a la Dumnonie et il a Cerdic. »
    Il fit
quelques pas en silence et m’adressa un sourire en coin : « Nous
avons un autre allié, mais il n’est guère un ami. Aelle a profité de l’absence
de Cerdic pour reprendre Londres. Peut-être que Cerdic et lui vont s’entre-tuer ?
    — Aelle
sera tué par son fils, non par Cerdic.
    — Quel
fils ? demanda-t-il en me lançant un regard perplexe.
    — C’est
une malédiction. Le fils d’Aelle, c’est moi. »
    Il resta cloué
sur place et me dévisagea pour s’assurer que je ne plaisantais pas : « Toi ?
    — Moi,
Seigneur.
    — Vraiment ?
    — Sur l’honneur,
Seigneur. Je suis le fils de votre ennemi. »
    Il me regarda
fixement et se mit à rire. D’un rire authentique et irrépressible, qui se
termina dans les larmes, qu’il essuya tout en secouant la tête tant le fait lui
paraissait cocasse : « Cher Derfel ! Si seulement Uther et Aelle
savaient ! » Uther et Aelle, les ennemis jurés, dont les fils étaient
devenus amis.
    Le destin est
inexorable.
    « Peut-être
Aelle est-il au courant, dis-je, en me souvenant du ton doucement réprobateur
sur lequel il m’avait reproché d’avoir oublié Erce.
    — Que
nous le voulions ou non, reprit Arthur, il est notre allié, maintenant. À moins
que nous ne renoncions à nous battre.
    — Renoncer
à nous battre ? me récriai-je,
    — Parfois,
fit Arthur d’un air songeur, je ne souhaite qu’une chose : retrouver
Guenièvre et Gwydre pour m’installer dans une petite maison où nous pourrions
vivre en paix. J’ai même voulu faire le serment, Derfel, que si les Dieux me
rendaient ma famille, je cesserais de les tracasser. Je m’installerai dans une
maison comme celle que tu avais au Powys, tu te souviens ?
    — Cwm Isaf ?
fis-je, en me demandant comment Arthur pouvait imaginer un seul instant que
Guenièvre pourrait se plaire en un pareil endroit.
    — Exactement
comme Cwm Isaf, dit-il d’un air désenchanté. Une charrue, des champs, un fils à
élever, un roi à respecter et des chants, le soir, au coin du feu. »
    Il se retourna
pour scruter de nouveau l’horizon. À l’est de la grande vallée se dressaient
des collines vertes et escarpées, et les hommes de Cerdic n’étaient pas bien
loin de ces sommets. « Je suis las de tout cela », confia Arthur. L’espace
d’un instant, il parut au bord des larmes. « Pense à tout ce que nous
avons réalisé, Derfel. Toutes ces routes, ces palais de justice, ces ponts,
tous les litiges que nous avons tranchés, toute la prospérité que nous avons
assurée, et voilà que la religion a tout détruit ! La religion ! »
Il cracha par-dessus les remparts. « La Dumnonie vaut-elle qu’on se batte
pour elle ?
    — L’âme
de Dian le vaut bien, et tant que Dinas et Lavaine seront en vie je ne
connaîtrai pas la paix. Et je prie, Seigneur, que nous n’ayons pas d’autres
morts pareilles à venger, mais vous devez tout de même vous battre. Si Mordred
est mort, vous êtes roi. Et s’il est vivant, nous avons nos serments.
    — Nos
serments ! lâcha-t-il avec rancœur, et je suis certain qu’il pensait aux
paroles que nous avions échangées au-dessus de la mer, tout près de l’endroit
où Iseult allait mourir. Nos serments ! »
    Nos serments
étaient tout ce que nous avions désormais, car les serments étaient nos guides
dans les temps de chaos. Et la Dumnonie avait sombré dans le chaos. Car quelqu’un
avait répandu la puissance du Chaudron et son horreur menaçait de nous
engloutir. Tous.

 
     
    Cet été-là, la
Dumnonie était pareille à un immense champ de manœuvres et Lancelot avait bien
joué, raflant la moitié de la mise du premier coup. Il avait livré la vallée de
la Tamise aux Saxons, mais le reste du pays était maintenant entre ses mains,
et ce

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