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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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grâce aux chrétiens qui combattaient aveuglément pour lui à cause de l’emblème
mystique du poisson qu’ils voyaient sur son bouclier. Pour ma part, je doutais
que Lancelot fût un tant soit peu plus chrétien que ne l’avait été Mordred,
mais les missionnaires de Sansum avaient propagé leur message insidieux et, aux
yeux des malheureux chrétiens dupés de la Dumnonie, Lancelot annonçait le
Christ.
    Mais Lancelot
n’avait pas tout raflé. Son complot pour tuer Arthur avait échoué, et tant qu’Arthur
vivait, Lancelot était en danger. Mais le lendemain de mon arrivée à Glevum, il
essaya de pousser plus loin son avantage.
    Il dépêcha un
cavalier avec un bouclier retourné et un brin de gui noué à la pointe de sa
lance. L’homme était porteur d’un message qui convoquait Arthur à Dun Ceinach,
ancienne forteresse de terre dont le sommet s’élevait à quelques lieues au sud
des remparts de Glevum. Le message sommait Arthur de se rendre le jour même à
cet ancien fort tout en l’assurant qu’il ne risquait rien et qu’il pouvait
venir avec autant de lanciers qu’il le désirait. Le ton impérieux du message
appelait presque le refus, mais il se terminait en promettant des nouvelles de
Guenièvre, et Lancelot devait savoir que cela suffirait à faire sortir Arthur
de Glevum.
    Il prit la
route une heure plus tard, accompagné d’une vingtaine d’hommes, tous en armure,
sous un soleil éclatant. De grands nuages blancs flottaient au-dessus des
collines qui s’élevaient en à-pic du flanc est de la grande vallée du Severn.
Nous aurions volontiers suivi les sentiers qui serpentaient dans ces collines,
mais les endroits où l’on aurait pu nous tendre une embuscade étaient trop nombreux,
et nous préférâmes emprunter la route du sud qui longeait la vallée : une
voie romaine qui filait à travers des champs de seigle et d’orge parsemés de coquelicots.
Au bout d’une heure, nous obliquâmes à l’est pour suivre au petit galop une
haie d’aubépine, puis traverser un champ quasiment prêt pour la faux et
déboucher sur la pente raide et herbeuse que couronnait l’ancien fort. Ça et
là, on apercevait des moutons sur la pente, si abrupte que je préférai mettre
pied à terre et conduire mon cheval par les rênes dans l’herbe émaillée d’orchidées
roses et brunes.
    Nous nous
arrêtâmes à une centaine de pas en contrebas. Je montai seul pour m’assurer qu’on
ne nous avait tendu aucune embuscade derrière les longs murs herbus du fort. J’arrivai
au sommet haletant et suant à grosses gouttes, mais ne trouvai aucun ennemi
tapi derrière le remblai. De fait, hormis deux lièvres qui détalèrent en me
voyant surgir, le vieux fort paraissait désert. Le silence qui régnait au
sommet me rendit méfiant, mais c’est alors qu’apparut un cavalier au milieu des
arbustes, au nord du fort. Il portait une lance qu’il jeta ostensiblement à
terre, renversa son bouclier, puis se laissa glisser à terre. Une douzaine d’hommes
sortirent à leur tour des arbres : eux aussi se défirent de leur lance,
comme pour m’assurer que leur promesse de trêve était sincère.
    Je fis signe à
Arthur d’avancer. Ses chevaux franchirent les premiers le mur, puis je m’avançai
avec lui. Arthur portait sa plus belle armure. Il n’était pas venu en
suppliant, mais en guerrier avec son panache blanc et sa cotte de mailles
argentée.
    Deux hommes s’avancèrent
à notre rencontre. Je m’attendais à voir Lancelot lui-même, mais c’est Bors,
son cousin et champion, qui approcha. Bors était un homme grand aux cheveux
noirs avec une forte barbe et de larges épaules : un guerrier capable, qui
fonçait dans la vie comme un taureau quand son maître se faufilait comme un
serpent. Je n’avais aucune hostilité envers lui, ni lui envers moi, mais nos
allégeances faisaient de nous des ennemis.
    Bors nous
salua d’un bref hochement de tête. Il était en armure, mais son compagnon était
vêtu comme un prêtre. L’évêque Sansum. J’en fus le premier surpris car Sansum
prenait habituellement grand soin de masquer ses allégeances, et je me dis que
notre petit Seigneur des Souris devait être bien sûr de la victoire pour se
rallier aussi clairement au panache de Lancelot. Arthur lui lança un regard
dédaigneux puis se tourna vers Bors. « Tu as des nouvelles de ma femme,
fit-il sèchement.
    — Elle
vit, dit Bors, et elle est saine et sauve. De même que votre fils. »
    Arthur

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