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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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personne ne fît la moindre réflexion. Nous
étions tous excités, ravis d’avoir survécu et avides de raconter comment Arthur
avait réussi à retenir la brute par ses défenses. L’histoire se répandit et l’on
entendit les gros éclats de rire des hommes au milieu des arbres. Lancelot seul
ne riait pas. « Il nous faut vous trouver un sanglier maintenant, Seigneur
Roi », lui dis-je. Nous étions à quelques pas de la foule excitée qui s’était
attroupée pour voir les chasseurs éventrer la bête et régaler de ses entrailles
les lévriers de Guenièvre.
    Lancelot me
lança un regard oblique, d’un air songeur. Il me détestait tout autant que je
le détestais, mais soudain il sourit : « Un sanglier vaudrait mieux
qu’une laie, je crois.
    — Une
laie ? demandai-je, flairant l’insulte.
    — N’est-ce
pas une laie qui t’a chargé ? demanda-t-il en ouvrant de grands yeux
candides. Surtout, ne va pas croire que je parle de ton mariage ! »
Il avait choisi l’ironie. « Je dois te féliciter, Seigneur Derfel !
Épouser Gwenhwyvach ! »
    Je m’efforçai
de contenir ma rage, m’obligeant à regarder son visage étroit et moqueur avec
sa barbe délicate, ses yeux noirs et ses longs cheveux huilés aussi noirs et
brillants que des ailes de corbeau. « Et moi, Seigneur Roi, je dois vous
félicites de vos fiançailles.
    — Avec Seren ,
dit-il, l’étoile du Powys. » Il tourna son regard vers Ceinwyn qui se
cachait le visage entre les mains, tandis que les couteaux des chasseurs
découpaient les longs rouleaux des entrailles. Elle avait l’air si jeune avec
ses cheveux blancs noués dans la nuque. « N’est-elle pas ravissante ?
demanda-t-il de l’air d’un chat qui ronronne. Tellement vulnérable. Je n’avais
jamais cru tout ce qu’on racontait sur sa beauté, car qui s’attendrait à
trouver pareil joyau parmi les morveux de Gorfyddyd ? Mais elle est belle
et j’ai bien de la chance.
    — En
effet, Seigneur Roi. »
    Il rit et me
tourna le dos. C’était un homme dans toute sa gloire, un roi venu prendre son
épouse. Mais aussi mon ennemi. Et cet os que je gardais dans ma bourse. Je le
touchai, me demandant s’il ne s’était pas cassé dans la mêlée. Mais il était encore
intact, encore caché. Il n’attendait que mon bon plaisir.
     
    *
     
    Cavan, mon
second, arriva à Caer Sws la veille des fiançailles de Ceinwyn, amenant avec
lui quarante de mes lanciers. Galahad les avait renvoyés, estimant pouvoir s’acquitter
de sa mission en Silurie avec les vingt hommes restants. Apparemment, les
Siluriens s’étaient tristement résignés à la défaite de leur pays, et la
nouvelle de la mort de leur roi ne provoqua aucun trouble, juste une soumission
docile aux exactions des vainqueurs. Cavan m’expliqua qu’Œngus de Démétie, le
roi irlandais qui avait donné la victoire de Lugg Vale à Arthur, avait pris sa
part convenue d’esclaves et de butin, en avait volé bien davantage encore, et s’en
était retourné chez lui, tandis que les Siluriens étaient visiblement assez
satisfaits d’avoir maintenant pour roi le fameux Lancelot. « Et j’imagine
que ce salaud est le bienvenu », conclut-il, quand il m’eut retrouvé dans
la salle de Cuneglas, prenant mon repas étalé sur une couverture. Il se gratta
la barbe pour écraser un pou.
    « Un
foutu pays, la Silurie.
    — Ils
donnent de bons guerriers.
    — Qui se
battent pour ficher le camp de chez eux, ça m’étonnerait pas. » Il
renifla.
    « Vous
vous êtes blessé, Seigneur ?
    — Des
épines. La chasse au sanglier.
    — Je me
disais que vous vous étiez peut-être marié pendant que j’avais le dos tourné,
et que c’était son cadeau de noces.
    — Je vais
me marier », lui dis-je, comme nous sortions au soleil. Et je lui fis part
de la proposition d’Arthur, qui voulait faire de moi le champion de Mordred et
son beau-frère. Cavan se montra ravi de la nouvelle de mon enrichissement
imminent, car c’était un exilé irlandais qui avait tâché de faire fortune grâce
à ses talents à la lance et à l’épée dans la Dumnonie du roi Uther, mais la
fortune n’avait cessé de lui glisser entre les mains. Deux fois plus âgé que
moi, c’était un homme trapu aux épaules larges et à la barbe grise, avec les
mains couvertes de ces anneaux de guerriers que nous forgions avec les armes
des ennemis vaincus. Il était ravi que mon mariage me comblât d’or et commença
par choisir ses mots

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