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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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été réaménagés après le départ des Romains. Trop souvent,
cependant, les chrétiens venaient briser les crânes, démolir les murs de pierre
et abattre les chênes, mais ce sanctuaire du Powys se dressait sans doute au fond
des bois depuis un millier d’années. Entre les pierres, de petits bouts de
laine témoignaient des prières que les gens étaient venus faire ici.
    Le silence
régnait, un silence épais. Depuis les arbres Issa me regarda avancer vers le
centre du demi-cercle, où je défis l’imposante ceinture d’Hywelbane.
    Je posai l’épée
sur la pierre plate qui marquait le centre du sanctuaire et retirai de ma
bourse la côte de porc toute propre qui me donnait tout pouvoir sur le mariage
de Lancelot. Je la disposai à côté de l’épée. Et pour finir, je posai sur la
pierre la petite broche en or que Ceinwyn m’avait donnée bien des années plus
tôt. Puis je m’allongeai dans les feuilles.
    Je dormis dans
l’espoir qu’un rêve me dirait que faire, mais aucun rêve ne vint. Peut-être
aurais-je dû sacrifier quelque oiseau ou quelque bête avant de m’endormir, un
cadeau qui aurait conduit un dieu à m’apporter la réponse que je demandais,
mais nulle réponse ne vint. Le silence régnait. J’avais remis mon épée et le
pouvoir de l’os entre les mains des Dieux, à la garde de Bel et de Manawydan,
de Taranis et de Lleullaw, mais ils ne firent aucun cas de mes offrandes. Il n’y
avait que le vent dans les feuillages et le bruit des griffes d’écureuils sur
les branches des chênes. Et soudain, j’entendis le crépitement caractéristique
d’un pivert.
    À mon réveil,
je restai un moment allongé. Il n’y avait pas eu de rêve, mais je savais ce que
je voulais. Je voulais prendre l’os et le trancher en deux, et si ce geste devait
me conduire sur la Route de Ténèbre dans le royaume de Diwrnach, ainsi soit-il.
Mais je désirais aussi que la Bretagne d’Arthur soit une, bonne et fidèle. Et
je voulais que mes hommes aient de l’or, de la terre, des esclaves et un rang.
Je voulais chasser les Saxons hors de Llœgyr. Je voulais entendre les
hurlements d’un mur de boucliers enfoncé et le son des cornes de guerre de l’armée
victorieuse qui traque l’ennemi en débandade. Je voulais porter mes boucliers
étoilés dans le pays plat de l’est que nul Breton libre n’avait revu depuis une
génération. Et je désirais Ceinwyn.
    Je me
redressai. Issa était venu s’asseoir à côté de moi. Il avait dû se demander
pourquoi je regardais aussi fixement cet os, mais il ne posa point de
questions.
    Je pensai à la
petite tour écrasée de Merlin, qui représentait le rêve d’Arthur, et me
demandai si ce rêve s’effondrerait si Lancelot n’épousait pas Ceinwyn. Le
mariage n’était pas pour grand-chose dans cette alliance. Ce n’était qu’une
commodité, histoire de donner un trône à Lancelot, et au Powys un intérêt dans
la maison royale de Silurie. Si le mariage ne se faisait jamais, les armées de
Dumnonie, du Gwent, du Powys et de l’Elmet marcheraient tout de même contre les
Saïs. C’était tout ce que je savais, et tout cela était vrai. Mais j’avais
aussi le sentiment que, d’une manière ou d’une autre, l’os pouvait contrarier
le rêve d’Arthur. Dès l’instant où je couperais l’os en deux, je serais tenu d’aider
Merlin dans sa quête. Et cette quête promettait d’attirer la haine sur la
Dumnonie : l’hostilité des vieux païens qui avaient une sainte horreur de
la religion chrétienne en plein essor.
    « Guenièvre,
lâchai-je soudain à voix haute.
    — Seigneur ? »
répondit Issa stupéfait.
    D’un signe de
tête, je lui indiquai que je n’avais rien à ajouter. En vérité, je n’avais pas
eu l’intention de prononcer le nom de Guenièvre à voix haute, mais soudain j’avais
compris que briser l’os n’encouragerait pas seulement la campagne de Merlin
contre le Dieu chrétien : cela ferait aussi de Guenièvre mon ennemie. Je
fermai les yeux. La femme de mon seigneur pouvait-elle être une ennemie ?
Et si elle l’était ? Arthur m’aimerait encore, comme moi je continuerais
de l’aimer. Et mes lances et mes boucliers étoilés avaient plus de valeur à ses
yeux que toute la gloire de Lancelot.
    Je me relevai
et récupérai la broche, l’os et l’épée. Issa m’observa arracher un fil de laine
verte de mon manteau pour le fourrer entre les pierres. « Tu n’étais pas à
Caer Sws, lui demandai-je,

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