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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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était le
seigneur de la guerre de la Bretagne, le chef incontesté de toutes nos armées,
et aucun roi n’osait lui refuser quoi que ce soit, ni, en ce temps-là, ne le
désirait.
    Mais tout
cela, je l’ai manqué, car j’étais à Caer Sws. Avec Ceinwyn. J’étais amoureux.
    Et j’attendais
Merlin.
     
    *
     
    Merlin et
Nimue arrivèrent à Cwm Isaf quelques jours avant le solstice d’hiver. Les
nuages noirs s’amoncelaient au-dessus de la cime des chênes dépouillés, sur les
crêtes, et le gel matinal avait persisté jusqu’au cœur de l’après-midi. Le
ruisseau était un patchwork de plaques de glace et de filets d’eau, les
feuilles tombées étaient gelées et la terre de la vallée dure comme pierre.
Nous avions fait un feu dans la pièce centrale, si bien que notre maison était
assez chaude même si l’on y suffoquait dans l’épaisse fumée qui flottait vers
les poutres mal taillées avant de trouver le petit trou percé au sommet du
toit. D’autres feux fumaient depuis les refuges que mes lanciers s’étaient
aménagés à travers la vallée : des cabanons trapus avec des murs de terre
et de pierre supportant des toitures de bois et de fougères. Nous avions
aménagé derrière la maison une écurie où, la nuit, on enfermait un taureau,
deux vaches, trois laies, un sanglier, une douzaine de moutons et une vingtaine
de poulets pour les protéger des loups. Il y avait pléthore de loups dans les
bois, et tous les jours, à la brune, on les entendait hurler, et la nuit on les
entendait parfois gratter du côté de l’écurie. Les moutons bêlaient
pitoyablement, les poules caquetaient frénétiquement : alors Issa, ou
quelque autre garde, criait et lançait un tison dans les bois, et les loups s’éclipsaient.
Un matin que j’allais de bonne heure chercher de l’eau au ruisseau, je tombai
nez à nez sur un gros vieux chien-loup. Il buvait. Mais quand j’avais surgi des
broussailles il avait levé sa truffe grise, m’avait regardé fixement et avait
attendu un signe de moi pour s’éloigner en trottinant. Je décidai que c’était
un bon augure. En ces jours où nous attendions Merlin, nous comptions les
augures.
    Nous chassions
aussi le loup. Cuneglas nous donna trois laisses de lévriers d’Irlande à poil
long, plus gros et plus poilus que les fameux lévriers d’Ecosse du Powys qu’élevait
Guenièvre en Dumnonie. La chasse occupait mes hommes et même Ceinwyn appréciait
ses longues journées froides au fond des bois. Elle portait des pantalons de
cuir, de grandes bottes et un justaucorps de cuir, ainsi qu’un long couteau de
chasseur à la taille. Elle ramassait ses cheveux blonds en chignon au creux de
la nuque, puis escaladait les rochers, dévalait les ravines et enjambait les arbres
morts derrière la laisse de lévriers attachés à une longe en crin de cheval. L’arc
et les flèches étaient la manière la plus simple de chasser le loup, mais nous
étions peu nombreux à maîtriser cet art, et nous nous servions de nos chiens,
de nos lances de guerre et de nos couteaux. Au retour de Merlin, nous avions un
gros tas de peaux dans le magasin de Cuneglas. Le roi nous avait prié de
revenir à Caer Sws, mais Ceinwyn et moi étions aussi heureux que nous le
permettait la perspective de l’épreuve de Merlin, et nous préférâmes donc
rester dans notre petite vallée en comptant les jours.
    Et nous étions
heureux à Cwm Isaf. Ceinwyn prenait un plaisir ridicule à accomplir tout le
travail jusque-là dévolu à ses servantes. Mais, étrangement, elle ne sut jamais
tordre le cou à un poulet et je riais de bon cœur chaque fois qu’elle tuait une
poule. Rien ne l’y obligeait, car l’une des servantes aurait pu tuer la
volaille à sa place, et mes lanciers auraient fait n’importe quoi pour elle,
mais elle tenait à abattre sa part de travail. Pourtant, pour ce qui est de
tuer des poules, des canards ou des oies, elle ne put jamais se résoudre à le
faire comme il faut. La seule méthode qu’elle ait jamais imaginée consistait à
allonger la malheureuse créature sur la terre, à poser son petit pied sur le
cou et, en fermant les yeux, à donner un coup sec sur la tête.
    Elle était
plus heureuse à la quenouille. En Bretagne, toutes les femmes, sauf les plus
riches, ne quittaient jamais quenouille et fuseau, car filer la laine est l’une
de ces tâches sans fin qui dureront probablement jusqu’à la dernière révolution
du soleil autour de la terre. Sitôt

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