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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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situées au nord de Caer Sws, ces lanciers s’en
retournèrent. Nous étions seuls. J’avais promis à Cuneglas de donner ma vie
pour protéger la vie de sa sœur, et il m’avait embrassé avant de me chuchoter à
l’oreille : « Tue-la, Derfel, plutôt que de la laisser tomber entre
les mains de Diwrnach. »
    Il avait les
yeux embués de larmes et je faillis presque me raviser. « Si vous lui
donnez l’ordre de rester, Seigneur Roi, sans doute obéirait-elle.
    — Jamais,
mais elle est plus heureuse aujourd’hui qu’elle ne l’a jamais été. En outre, Iorweth
m’assure qu’elle reviendra. Va, mon ami. » Il avait reculé d’un pas. En
guise de cadeau d’adieu, il nous avait offert un sac de lingots d’or dont nous
chargeâmes l’un des poneys.
    La route
enneigée conduisait au nord vers Gwynedd. Je n’étais encore jamais allé dans ce
royaume qui me sembla rude et inhospitalier. Les Romains y étaient venus, mais
s’étaient contentés d’en extraire du plomb et de l’or. Ils n’avaient guère
laissé de marques ni donné la moindre loi au pays. Les gens vivaient dans des
cabanes sombres et trapues entassées les unes sur les autres derrière une
enceinte de pierres gardée par des chiens et surmontée de crânes de loups et d’ours
pour chasser les esprits. Des cairns marquaient les sommets des collines et
tous les quelques kilomètres, au bord de la route, nous tombions sur un pieu
chargé d’ossements humains et de loques. Il y avait peu d’arbres, les ruisseaux
étaient gelés et la neige bloquait quelques passes. La nuit, nous nous mettions
au chaud chez l’habitant, que nous remercions de quelques éclats d’or taillés
dans les lingots de Cuneglas. Nous avions tous des fourrures. Ceinwyn et moi,
comme mes hommes, étions enveloppés de pelisses de loup et de peaux de cerf
pouilleuses, mais Merlin portait un manteau taillé dans la peau d’un gros ours
noir. Nimue avait des peaux de loutre grises beaucoup plus légères que les
nôtres, mais même ainsi elle ne semblait pas ressentir le froid comme nous
autres. Elle seule ne portait pas d’armes. Merlin portait son bâton noir, une
arme redoutable dans la bataille, tandis que mes hommes avaient lances et
épées. Même Ceinwyn avait une lance légère et portait à la taille son long
couteau de chasse. Elle ne portait aucun or, et les habitants qui nous donnaient
l’hospitalité n’avaient aucune idée de son rang. Ils remarquaient l’éclat de sa
chevelure et imaginaient qu’elle était, comme Nimue, une adepte de Merlin.
Quant à Merlin, ils l’adoraient : tous le connaissaient et lui apportaient
leurs enfants estropiés pour qu’il passe la main sur eux.
    Il nous fallut
six jours pour rejoindre Caer Gei où Cadwallon, roi de Gwynedd, avait pris ses
quartiers d’hiver. Le caer lui-même était un fort au sommet d’une colline, mais
sous le contrefort s’étendait une vallée profonde aux flancs escarpés couverts
de grands arbres. Au fond de la vallée, une palissade de bois enfermait une
grande salle, quelques magasins et une vingtaine de cabanes, toutes couvertes
de neige et de longues chandelles de glace suspendues à leurs égouts. Cadwallon
était en fait un vieillard morose, et sa salle faisait à peine le tiers de
celle de Cuneglas. Le sol de terre battu était déjà couvert des paillasses des
guerriers, qui nous firent à contrecœur une petite place tandis qu’un coin à l’abri
était réservé à Nimue et Ceinwyn. Ce soir-là, Cadwallon nous offrit un banquet,
une triste pitance de mouton salé et de compote de carottes, mais ses magasins
n’avaient rien de mieux à nous offrir. Il offrit généreusement de nous soulager
de la présence de Ceinwyn pour en faire sa huitième épouse, mais il ne parut ni
offensé ni déçu de son refus. Ses sept épouses actuelles étaient des femmes
brunes et moroses qui se partageaient une cabane ronde et passaient leur temps
à se chamailler et à persécuter les enfants de leurs rivales.
    Caer Gei était
un trou perdu, mais une demeure royale, et l’on avait peine à croire que
Cunedda, le père de Cadwallon, avait été Grand Roi avant Uther de Dumnonie.
Depuis ces temps glorieux, les lances du Gwynedd n’avaient plus connu de jours
fastes. On avait aussi peine à croire que c’est ici qu’avait été élevé Arthur,
sous les cimes maintenant étincelantes de neige et de glace. J’allai voir la
maison où sa mère avait trouvé refuge après qu’Uther

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