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L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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l’ignores.
Ainsi l’ont voulu les Dieux. Tu as d’autres questions ? Ou est-ce que je
peux faire ma petite promenade matinale ? »
    Il allongea le
pas, frappant la terre de son grand bâton noir.
    La fumée des
grands feux d’alarme nous accueillit sitôt que nous eûmes dépassé Calleva. C’était
le signe que l’ennemi nous avait repérés, et chaque fois qu’un Saxon apercevait
un panache de fumée de ce genre il avait l’ordre de ravager le pays, de vider
les réserves de grains, de brûler les maisons et de disperser le bétail. Et à
chaque fois Aelle se retirait, gardant toujours une journée de marche d’avance
sur nous pour nous laisser nous enfoncer dans ce pays désolé. Quand la route
traversait une région boisée, elle était bloquée par des arbres. Parfois, alors
que nos hommes peinaient pour dégager les troncs, une flèche ou une lance
jaillissait des feuillages pour prendre une vie ou un de leurs molosses
jaillissait des broussailles en bavant. Mais ce furent les seules attaques d’Aelle
et à aucun moment nous n’aperçûmes son mur de boucliers. Il reculait à mesure
que nous avancions. Et chaque jour les lances ou les chiens de l’ennemi nous
coûtaient une vie ou deux.
    La maladie fit
beaucoup plus de ravages dans nos rangs. Nous avions fait le même constat
devant Lugg Vale : chaque fois que se rassemblait une grande armée, les
Dieux lui envoyaient une épidémie. Les malades nous ralentirent terriblement car
quand ils ne pouvaient pas marcher il nous fallait les placer en lieu sûr et
sous la garde de lanciers, afin de les protéger des bandes de guerre saxonnes
qui rôdaient sur nos flancs. De jour, nous apercevions de lointaines figures
dépenaillées, et chaque nuit leurs feux brillaient à l’horizon. Pourtant, ce n’étaient
pas les malades qui nous ralentissaient le plus, mais le simple fait d’avoir
tant d’hommes à déplacer. Cela restait pour moi un mystère : une trentaine
de lanciers pouvaient sans mal parcourir une trentaine de kilomètres dans la
journée. Mais une armée vingt fois plus nombreuse avait beau faire : elle
ne parvenait à parcourir une quinzaine de kilomètres par jour. Et encore avec
un peu de chance. Nous  suivions  notre progression grâce  aux bornes miliaires
romaines indiquant le trajet qui nous restait à parcourir jusqu’à Londres. Mais
au bout de quelque temps je refusai d’y jeter un œil, tant je craignais d’en être
abattu.
    Les chars à bœufs
nous ralentissaient également. Nous étions équipés de quarante grosses
charrettes de ferme qui transportaient nos vivres et nos provisions d’armes et
ces chariots avançaient péniblement à un rythme d’escargot à la suite de nos
armées. Le prince Meurig avait reçu le commandement de l’arrière-garde, et il y
veillait comme à la prunelle de ses yeux, ne cessant de les compter jusqu’à l’obsession
et de se plaindre que les lanciers de tête marchaient trop vite.
    Les fameux
cavaliers d’Arthur ouvraient la marche. Ils étaient cinquante maintenant, tous
montés sur ces grands chevaux à poils longs qu’on élevait au cœur de la
Dumnonie. D’autres cavaliers, qui ne portaient pas l’armure de mailles de la
bande d’Arthur, caracolaient en avant et nous servaient d’éclaireurs. Parfois,
ils ne revenaient pas mais nous trouvions toujours leurs têtes coupées qui nous
attendaient sur la route.
    Le gros de
notre armée se composait de cinq cents lanciers. Arthur avait décidé de ne pas
lever d’autres troupes car les paysans portaient rarement des armes adéquates.
Nous étions donc tous des guerriers assermentés, tous équipés de lances et de
boucliers et, pour la plupart, également d’épées. Tous n’avaient pas les moyens
de s’offrir une épée, mais Arthur avait donné des ordres à travers toute la
Dumnonie : toutes les maisons qui en possédaient une, mais n’étaient pas
tenues de servir dans l’armée, devaient livrer leur arme. Ainsi avait-on
récupéré quatre-vingts lames, qu’il avait distribuées à ses troupes. Certains
 – une poignée  – avaient pris des haches de guerre aux Saxons, mais
d’autres, comme moi, trouvaient cette arme d’un maniement difficile.
    Et comment
payer tout cela ? Les épées, les nouvelles lances, les nouveaux boucliers,
les charrettes et les bœufs, la farine, les bottes et les étendards, les
casseroles, les casques, les manteaux et les couteaux, les fers à cheval et la
viande salée ? Arthur

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