Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'ennemi de Dieu

L'ennemi de Dieu

Titel: L'ennemi de Dieu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
Vom Netzwerk:
rit de bon cœur quand je lui posai la question :
    « Tu dois
remercier les chrétiens, Derfel.
    — Ils
avaient encore à donner ? Je croyais le pis à sec.
    — Il l’est
maintenant, fit-il d’un air sombre, mais c’est étonnant de voir tout ce que
leurs sanctuaires ont donné quand nous avons offert le martyre à leurs
gardiens. Et plus étonnant encore, quand nous avons promis de rembourser.
    — Avez-vous
jamais remboursé l’évêque Sansum ? » demandai-je. Son monastère d’Ynys
Wydryn avait apporté la fortune qui avait acheté la paix d’Aelle au cours de la
campagne d’automne qui s’était terminée à Lugg Vale. Arthur fit signe que non :
    « Et il
ne cesse de me le rappeler.
    — L’évêque,
repris-je, semble s’être fait de nouveaux amis. »
    Arthur rit de
mes efforts diplomatiques.
    « Il est
l’aumônier de Lancelot. Il semble que rien ne puisse arrêter notre cher évêque.
Il refait toujours surface, comme une pomme dans une barrique d’eau.
    — Et il a
fait la paix avec votre femme.
    — J’aime
que les gens sachent trouver une issue à leurs querelles, dit-il d’une voix
douce, mais Monseigneur Sansum a d’étranges alliés ces temps-ci. Guenièvre le
tolère, Lancelot l’élève et Morgane le défend. Que dis-tu de cela ?
Morgane ! »
    Il adorait sa sœur
et son éloignement de Merlin lui faisait de la peine. Elle dirigeait Ynys Wydryn
d’une main de fer, comme pour démontrer à Merlin qu’elle était pour lui une
partenaire mieux assortie que Nimue. Mais Morgane avait de longue date perdu la
bataille : elle ne serait pas la grande prêtresse de Merlin. Celui-ci l’appréciait,
mais elle voulait être aimée, et qui, me demanda tristement Arthur, pourrait
jamais aimer une femme ainsi défigurée, balafrée et brûlée par le feu ?
    « Quoi qu’elle
ait pu dire, m’assura Arthur, Merlin n’a jamais été son amant. Certes il ne l’a
jamais démenti, car plus les gens le trouvent excentrique, plus il est heureux,
mais la vérité c’est qu’il ne supporte pas la vue de Morgane sans son masque.
Elle est seule, Derfel. »
    Il n’était
donc pas étonnant qu’Arthur se montrât ravi de l’amitié de sa sœur estropiée
avec l’évêque Sansum, même si, pour ma part, j’étais intrigué de voir que le
plus farouche défenseur du christianisme en Dumnonie pût être l’ami de Morgane.
Une prêtresse païenne renommée pour ses pouvoirs ! Le Seigneur des Souris,
pensai-je, était pareil à une araignée tissant une toile bien étrange. Sa
dernière toile avait été pour essayer d’attraper Arthur et il avait échoué. Qu’était-il
donc en train de tramer maintenant ?
    Depuis que le
dernier de nos alliés nous avait rejoints, nous n’avions plus de nouvelles de
Dumnonie. Nous étions isolés, entourés par les Saxons. Mais les dernières
nouvelles du pays étaient rassurantes. Cerdic n’avait pas bougé face aux
troupes de Lancelot, pas plus, semble-t-il, qu’il ne s’était porté à l’est pour
soutenir Aelle. Les dernières troupes alliées à nous rejoindre furent une bande
de guerre du Kernow conduite par un vieil ami qui remonta la colonne au galop
pour me retrouver. Arrivé à ma hauteur, il culbuta et tomba à mes pieds. C’était
Tristan, prince et Edling du Kernow. Il se releva, épousseta son manteau, puis
me serra dans ses bras.
    « Tu peux
te détendre, Derfel, dit-il, les guerriers de Kernow sont arrivés. Tout ira
bien.
    — Tu as l’air
en pleine forme, Seigneur Prince, dis-je en riant.
    — Me
voici libéré de mon père, expliqua-t-il. Il a consenti à me laisser sortir de
ma cage. Probablement espère-t-il qu’un Saxon m’enfoncera sa hache dans le
crâne. »
    Il fit une
grimace grotesque pour imiter un mourant et je crachai pour conjurer le mal.
Tristan était un bel homme bien bâti, avec une chevelure noire, une barbe
fourchue et de longues moustaches. Il avait un teint plombé et souvent un air
triste mais, ce jour-là, il rayonnait de bonheur. Il avait désobéi à son père
en entraînant une petite bande à Lugg Vale, ce qui lui avait valu d’être
relégué tout l’hiver dans une lointaine forteresse de la côte nord du Kernow,
mais le roi Marc s’était laissé fléchir et avait libéré son fils pour cette
campagne.
    « Nous
faisons partie de la famille, maintenant, expliqua Tristan.
    — De la
famille ?
    — Mon
cher père, fit-il ironiquement, a pris une nouvelle épouse. Ialle

Weitere Kostenlose Bücher