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L'enquête russe

L'enquête russe

Titel: L'enquête russe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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autres.
    — Mon cher Nicolas, dit-il, je vois deux taches d’encre qui s’étalent et dont certaines extrémités se rejoignent et se mêlent.
    — C’est un bon résumé de ce que nous avons sous les yeux. Reste à déterminer ce que cela signifie. Je t’avoue ne plus savoir par quel bout dépouiller la bête ! As-tu récupéré le rapport de Sanson ?
    — Quand tu es entré comme un cheval fougueux, j’en achevais la lecture attentive.
    — Ah ! Y as-tu trouvé des éléments que nous aurions pu négliger de relever ?
    — Certes, et de taille. Quand notre ami bourreau a examiné et sondé les blessures, il a omis de nous dire ce qu’ensuite il a écrit noir sur blanc.
    — On s’attache par trop à de minuscules détails…
    — Ceux qui sont plus gros nous aveuglent et passent au large de notre attention. Bref, des observations du praticien il ressort que ce n’est pas la même personne qui a tué Dangeville et Pavel, ce que noussupposions. Premier fait. Deuxièmement, il y a la plus forte chance que l’assassin de Pavel ait été gaucher.
    — Forte chance ne fait pas certitude !
    — Je t’approuve, mais on ne peut négliger cette possibilité.
    — Qui devrait être recoupée par une autre constatation, deux présomptions qui vont dans le même sens peuvent faire une preuve. Quoique cette addition soit un peu bancale !
    — Et comment Sanson a-t-il conclu ainsi ? Je sens que tu es sur le point de me poser la question. D’une part, mais cela tu l’avais appris avant moi, le corps de Pavel a été retourné. Une tache de sang dans le dos passée inaperçue et qui n’avait pas lieu d’être, preuve qu’on a remué le corps, à l’origine sur le dos. Enfin le coup porté sur le flanc l’a été par derrière, une main serrant le cou puis plaquée sur la bouche. Sanson a découvert des meurtrissures imperceptibles sur la gorge de Pavel. Vu la situation de la blessure, ce ne peut être qu’un gaucher qui l’a portée. On ne songe jamais assez à ce genre de détail.
    — Nous avons eu le cas, souviens-toi, lors du crime chez le duc de la Vrillière, mais la chose s’était révélée plus nette.
    — Désormais, si tu es en présence d’un gaucher ou d’une gauchère, méfie-toi !
    — Et les pages arrachées ?
    — Il y a quelques traces de doigts. Que peut-on en tirer ? Rien je pense.
    Il sortit les pièces du tiroir du bureau et les présenta à Nicolas qui regarda le carnet, le tourna de tous les côtés, puis se consacra aux pages arrachées. Il prit une lentille grossissante et sous le regard mi-intrigué mi-amusé de Bourdeau, demeura un bon moment plongé sur les pièces. Il se redressa, ferma les yeux un long moment, murmura quelques mots, en revint aux pièces et, pour finir, nota quelque chose dans son petit carnet noir qu’il considéra ensuite rêveusement.
    — Tu songes à quelque chose ?
    — C’est indistinct, j’y reviendrai. Toujours aucune nouvelle de Smith ?
    — Le suspect a été arrêté à La Rochelle, s’apprêtant à embarquer sur un navire marchand à destination de Boston. J’attends des nouvelles.
    — J’espère qu’elles seront bonnes. Si nous l’attrapons, nous ne le lâcherons pas de suite. Il faudra prévenir Vergennes qui informera sans doute Franklin. Alors sera peut-être éclairé en partie ce qui s’est déroulé dans la chambre du comte de Rovski.
    Bourdeau torturait un bouton de son habit. Hésitait-il à avancer derechef un autre résultat de sa réflexion ? Nicolas sentit qu’il fallait l’encourager.
    — Je m’interroge parfois et me demande ce que je serais devenu sans ton fidèle appui. Je ne remercierai jamais assez Lardin de t’avoir dirigé pour m’épauler. Je ne savais rien, tu m’as tout appris. Qu’aurais-je pu faire sans ce garde-fou ?
    — Pas si fou que cela, bougonna Bourdeau, rouge d’émotion.
    — Je dois regagner l’Hôtel de Lévi. As-tu autre chose au fond de ta besace ?
    — J’ai de nouveau étudié la liste des passagers débarqués avec Rovski et la prétendue princesse de Kesseoren. J’avais lancé quelques recherches…
    — Et alors ?
    — Et alors, j’ai peut-être retrouvé tes rubaniers.
    — Ah, ça ! Comment as-tu fait ?
    — Nous avions la liste des passagers du paquebot 55 , L’Artois. J’ai pu déterminer que sur les huit personnages ayant pris passage depuis les ports du Nord, quatre sont identifiés. Restent un certain M. Schultz, marchand de

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