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L'envol du faucon

L'envol du faucon

Titel: L'envol du faucon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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Père.
    — Le fait est, poursuivit Tachard, que le camp français est profondément divisé. Le général Desfarges et l'ambassadeur La Loubère se sont qi erel-lés âprement. Le père de Bèze et moi-même sonmes venus vous voir aujourd'hui, non parce que nous avons l'habitude de révéler les secrets de notre nation mais parce que ce qui s'est passé influe directe ment sur l'avenir de notre Eglise dans ce pays.
    — Quel genre de division ? » interrogea Phaulkon, soudain très attentif. Peut-être ce qu'il \ enait d'entendre était-il lié au fait que La Loubère demandait à le voir de toute urgence à Ayuthia. Phz ulkon avait renvoyé le messager avec un mot exprimant son accord pour rencontrer l'ambassadeur en fin d'après-midi. Ayuthia se trouvait presque à mi-che-min entre Louvo et Bangkok, et il s'y rendrait une fois terminé son entretien avec les jésuites.
    Les yeux gris de Tachard avaient l'air triste. « L'ambassadeur en est arrivé à la conclusion que les Français n'exécutaient pas les ordres du roi Louis. En tant que chef de la délégation, il doit s'inquiéter d'être responsable de son succès ultime. Car notre roi aura beau être content d'apprendre que des troupes françaises tiennent garnison dans le fort de Bangkok, l'objectif premier de sa mission n'est toujours pas rempli. Qui plus est, cet objectif ne semble pas à l'ambassadeur être plus près de se concrétiser que lorsqu'il a mis pour la première fois le pied sur le sol siamois.
    — Mais vous savez très bien à quel point Sa Majesté est malade, mon Père. Ne venons-nous pas de discuter de son état ? J'étais avec lui tantôt et il éprouvait même des difficultés pour parler. Il avait du mal à respirer et ne pouvait prononcer que de courtes phrases. » Tachard lui avait fourni l'occasion rêvée pour essayer de gagner du temps, ce qui était précisément ce que le Seigneur de la Vie lui avait demandé de faire. « Vous ne vous attendez pas sérieusement que Sa Majesté se convertisse dans l'état où elle est !
    — Nous comprenons bien, Excellence, répondit Tachard, mais nous soulevons la question maintenant parce que les circonstances sont des plus pressantes. » Le prêtre lança un regard grave à Phaulkon. « L'ambassadeur La Loubère est si frustré qu'il envisage de rentrer en France. »
    L'expression de Phaulkon changea à peine. « Et quels sont les sentiments du général Desfarges envers les plans de l'ambassadeur ?
    — Il ne les comprend pas, Votre Excellence. C'est là-dessus qu'ils sont divisés. Le général a le sentiment que la France progresse bien au Siam. Il ne voit aucune raison de prendre... euh... d'autres mesures. Il est comme tombé amoureux du Siam, ainsi d'ailleurs que nombre de ses officiers. Ils en sont venus à se considérer comme chez eux ici. La population du cru les a — comment dirais-je — comblés de ses faveurs.
    — Je ne vois rien d'étrange à cela, fit remarquer Phaulkon. Nous sommes alliés, après tout. Du moins, je croyais que nous l'étions. Je comprends très bien l'attitude du général Desfarges. Il a tout à fait raison de faire preuve de retenue. Car je dois vous dire, mon Père, que même si le général n'était pas amoureux du Siam, il ferait bien en tant que militaire de se tenir à l'écart de la guerre. Nos troupes sont mille fois plus nombreuses que les siennes, et un tel avantage — même si l'on tient compte de la supériorité de l'armement français — serait insurmontable.
    — Je ne suis pas un soldat, Votre Excellence, je m peux donc pas discuter de ces questions, précisa Tachard. Mais nous sommes venus vous informe -que le retour de l'ambassadeur La Loubère en Franc 3 a pour objectif l'obtention de renforts. Le roi Louis prendra mal tout échec. Nous craignons qu' 1 n'envoie une armée importante pour envahir le Siam et ne rappelle le général Desfarges pour le traduire en cour martiale. A ce moment-là, ajouta le prêt e d'un air abattu, il n'y aurait plus grand-chose à nég> cier et notre projet de conversion du roi serait irrévocablement brisé.
    — J'étais loin de soupçonner, mon Père, que voi re ambassadeur fût belliqueux à ce point. » Derrière -in masque de sang-froid, l'esprit de Phaulkon était en ébullition. Même s'il n'était pas exclu qu'il pût s'agir d'un nouveau stratagème des rusés jésuites pour l'obliger à hâter encore davantage la conversion du roi, il sentit que Tachard disait cette fois la véritc. Il se

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