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L'envol du faucon

L'envol du faucon

Titel: L'envol du faucon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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passages de la Bible pour Sa Majesté, mais il était aussi le plus expérimenté des médecins jésuites. Lors de sa dernière visite, il avait affirmé que le roi montrait les premiers symptômes de l'asthme, cette terrible maladie qui rendait la respiration toujours plus difficile jusqu'à ce que toute l'énergie du malade fût absorbée par ses efforts pour respirer. C'était une nouvelle alarmante, car cette maladie n'avait pas de remède connu et progressait rapidement. Par ailleurs, des rumeurs concernant la santé royale pourraient provoquer une flambée des intrigues et des conspirations auxquelles se livraient sans relâche les différentes factions qui se disputaient la succession. La question avait immédiatement été étouffée.
    « Qu'en est-il de notre cadeau royal au roi Roui, le port de Ligor ? s'enquit Sa Majesté qui respirait toujours bruyamment.
    — Puissant souverain, moi, un grain de poussière sous la plante de votre pied, j'ai la témérité de suggérer que le roi français a été trop généreux dans son interprétation de l'offre de Votre Majesté.
    — Trop généreux ? Expliquez-vous.
    — Auguste Seigneur, je reçois vos ordres. Ne dis-posant pas de cartes exactes de la région mais ayant appris que Ligor est éloigné de l'endroit où siège le gouvernement de Votre Majesté, le roi Louis a demandé que le Seigneur de la Vie étudie avec bienveillance la possibilité de lui permettre, à la place, de s'installer à Bangkok, port qu'il connaît de réputation et qu'il trouve agréablement proche de Votre Majesté à Ayuthia. Le roi de France a envoyé des ingénieurs, des artisans, des dessinateurs, des astronomes et des canonniers pour servir Votre Majesté et il demande qu'ils soient logés près de vous pour mieux servir le Seigneur de la Vie.
    — Nous lui avons offert Ligor, et non Bangkok ! » La voix s'était raffermie et le souffle avait retrouvé sa régularité. « Bangkok n'est pas un comptoir commercial, Vichaiyen. C'est une forteresse fluviale, un port stratégique qui garde l'entrée d'Ayuthia, l'accès au cœur même de notre pays. »
    Phaulkon décela une note d'irritation croissante dans la voix de Sa Majesté. Il était content de ne pas avoir évoqué la question de Mergui. Bien qu'il n'eût qu'admiration pour la sagesse et la clairvoyance de ce monarque qui semblait comprendre les questions échappant à sa sphère et qui, comparé du moins à la moyenne des despotes orientaux, était étonnamment tolérant, il y avait cependant chez lui des limites, un seuil au-delà duquel la perte de prestige atteignait un niveau si inacceptable que l'orgueil gouvernait entièrement sa conduite.
    « Auguste Seigneur, c'est vrai, répondit Phaulkon, mais moi, un cheveu de votre tête, j'ose suggérer que le roi de France ne pense pas tant à la valeur stratégique de Bangkok qu'à l'avantage d'être proche du Seigneur de la Vie.
    — Nous trouverons plus facile d'être touché par l'intérêt du roi de France quand nous découvrirons ses intentions exactes.
    — Puissant souverain, votre indigne esclave s'en informe en ce moment même. J'apporterai la réponse à vos divines oreilles avant le coucher du soleil.
    — Ce ne sera pas trop tôt, Vichaiyen. »
    La tête enfoncée dans l'épais tapis persan, Phaulkon resta silencieux.
    « Après tout, continua Sa Majesté, il ne faut pas longtemps pour enquêter sur deux bateaux. » La voix fit une pause. « Vous avez bien dit qu'il y avait deux bateaux, Vichaiyen ?
    — Auguste Seigneur, je reçois vos ordres. Le prêtre a dit qu'il y avait deux bateaux mouillés de l'autre côté de la barre.
    — Vous parlez presque comme s'il y en avait d'autres cachés quelque part. »
    Ces allusions incessantes devenaient de plus en plus déconcertantes. Phaulkon semblait être mis à l'épreuve. Sa Majesté en savait-elle plus qu'elle ne l'admettait ? Cacher des informations à son souverain était passible d'une sévère volée de coups sur la plante des pieds. Dans les cas extrêmes, la tromperie était passible de la peine de mort.
    « Auguste Seigneur, les espions du grain de poussière que je suis vérifient cette affaire en ce moment même.
    — Quelle affaire ? »
    Phaulkon hésita. « Puissant Seigneur, la possibilité qu'il y ait plus de bateaux dans la flotte française qu'ils ne veulent bien l'admettre.
    — Plus de bateaux ? Combien ?
    — Auguste Seigneur, mes espions qui travaillent à l'avant-poste hollandais de La

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