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L'envol du faucon

L'envol du faucon

Titel: L'envol du faucon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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moins un repas convenable. »
    Weltden se mordit les lèvres et eut un sourire forcé. « Vous êtes trop aimable, seigneur White. Ce n'est pas la peine. Ils ne sont venus que pour s'excuser. »
    White leva la main. « J'insiste, mon capitaine. Je ne suis pas homme à entretenir de la rancune. Il se fait tard, passons tout de suite à table. »
    Avant que Weltden eût pu protester davantage, White les conduisit dans la salle à manger. Les officiers marmonnèrent des excuses empruntées et ils s'assirent tous.
    Tout au long du dîner, White évita de parler du Résolution et resta très courtois envers les officiers et Weltden. Le capitaine était de plus en plus déconcerté. Qu'est-ce que White pouvait bien manigancer ? Essayait-il de gagner Mason à sa cause ? Mais dans quel but ? Cela n'avait pas de sens. On avait presque l'impression que White ne souhaitait pas être seul avec lui. Avait-il décidé de repousser son offre ?
    Les craintes de Weltden parurent se confirmer quand, à la fin du dîner, comme par un accord tacite, Mason et White se levèrent de table en même temps. Mason remercia poliment son hôte pour le dîner et prit congé en faisant remarquer l'heure tardive. White fit chorus en disant que lui aussi avait eu une longue journée. Se tournant vers Weltden, il exprima l'espoir que le capitaine se joindrait de nouveau à lui le lendemain. Avant que Weltden eût pu répondre, White entreprit de raccompagner ses invités jusqu'à la porte. Le capitaine ne put que lui emboîter le pas.
    White leur souhaita poliment une bonne nuit à tous et regagna sa maison. Il n'avait pas manqué de remarquer la gêne de Weltden et il ne pouvait qu'espérer que son dernier coup avait été payant. Bien qu'il eût perdu une précieuse journée de plus, les modifications substantielles à l'offre de Weltden qu'il se proposait d'exiger demandaient une flexibilité maximale de la part du capitaine, et une journée d'attente supplémentaire devrait contribuer à le mettre dans de bonnes dispositions d'esprit.
    Il y avait un beau clair de lune. Il avait plu pendant la journée — une brève pluie torrentielle typique de la fin de la mousson —, et l'air était clair et frais. Au moment où Weltden et les officiers débouchèrent d'un tournant, ils remarquèrent une grande quantité de petites pirogues remplies d'hommes, à l'embouchure du Tenasserim, à l'extrémité du port. On les distinguait très bien au loin.
    « Quelle heure étrange pour un tel rassemblement de bateliers ! fit remarquer Mason à la cantonade. Je n'arrive pas à croire que ce soit normal. »
    Comme ils faisaient face au port, Weltden s'arrêta. Les autres firent brusquement halte derrière lui. Il regarda autour de lui et ses yeux ne cessaient de revenir vers l'embouchure du fleuve. La nuit était étrangement calme. En dépit de la multitude de bateliers à quelques centaines de brasses, on n'entendait que le coassement des grenouilles et le chœur des cigales. Aucun mouvement nulle part. D'un côté, la mer qui clapotait doucement contre le rivage, de l'autre, les rangées d'étals de fortune dont les propriétaires dormaient sous un toit de chaume. Derrière, s'élevaient les collines boisées dont les contours escarpés se découpaient en plus sombre sur le ciel nocturne.
    Pour la deuxième fois de la soirée, Weltden fut troublé. Il se demanda si les bateliers avaient bel et bien augmenté en nombre ou si c'était simplement la clarté de la nuit qui les rendait cette fois si voyants. Il se tourna vers Mason : « Retournez chez White. Informez-le que même si nous ne soupçonnons pas de trahison, nous sommes cependant surpris par tous ces bateaux qui grouillent à l'embouchure du fleuve. Demandez-lui s'il est au courant de leur présence en si grand nombre. Nous attendrons votre retour ici.
    — Oui, mon capitaine », dit Mason en saluant pour la première fois depuis longtemps, et en s'éloignant d'un pas rapide. Le garde siamois envoyé pour les escorter hésita, ne sachant s'il devait suivre Mason ou demeurer avec le capitaine. Il décida de rester où il était. Weltden était incapable de communiquer avec lui, autrement il lui aurait certainement demandé ce que signifiait la présence de tous ces bateliers à pareille heure. Le groupe attendit, Weld et Hoddy lançant alentour des regards gênés. Le cri intermittent d'un animal sauvage venait briser le silence.
    Au bout de plusieurs minutes interminables, ils entendirent s'élever des

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