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L'envol du faucon

L'envol du faucon

Titel: L'envol du faucon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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Si cela n'est pas acceptable pour le seigneur Phaulkon ou pour son orgueil, alors nous n'avons pas d'autre solution que d'ouvrir les hostilités. »
    Alors qu'il terminait sa déclaration, on entendit un violent coup de tonnerre. Quelques instants plus tard, une pluie de mousson torrentielle s'abattait sur le pont au-dessus d'eux, et à travers le hublot ils virent un mur gris envelopper le bateau.
    La Loubère sourit malgré lui. « Partez maintenant, mon Père », ordonna-t-il.
    7
    Samuel White, Shahbandar du port de Mergui, sourit et rejeta en arrière sa crinière blond paille que le soleil des tropiques avait encore décolorée. C'était un sourire de satisfaction qui ne s'adressait à personne en particulier mais au cours plaisant que prenait sa vie. Agé de trente-trois ans, il était maître du plus grand port du Siam, mandarin de troisième classe, et son ami et protecteur n'était autre que Constantin Phaulkon, l'homme le plus puissant du royaume. En matière de commerce extérieur, Sa Majesté le roi Narai s'en remettait énormément à son Pra Klang, qui à son tour confiait ce soin à une poignée d'amis proches. Ce qui signifiait que lui, Samuel White, s'occupait de tous les intérêts du roi de Siam dans le golfe du Bengale et au-delà : en Inde, en Perse et en Arabie. Les coffres de la nation débor-daient et son coffre-fort personnel était plein à craquer. Encore une année ou deux de pillage et il serait prêt à rentrer en Angleterre pour y mener une vie de gentleman-farmer. Combien de fois ne s etait-il pas imaginé la propriété qu'il s'achèterait à la campagne, nichée dans les collines avec le ruisseau qui la traverserait, quelques centaines de têtes de bétail, un splendide manoir, des pelouses tondues de près, des massifs de fleurs bien entretenus !
    Assis sur la véranda de sa maison, bâtie très haut à flanc de coteau, et qui donnait sur le magnifique port naturel de Mergui, il songeait que la fortune lui avait largement souri. Phaulkon avait nommé Richard Burnaby gouverneur de Tenasserim, province où se trouvait Mergui. Il était difficile de croire que Burnaby avait été autrefois le supérieur de Phaulkon dans les bureaux siamois de la Compagnie anglaise des Indes orientales, mais Phaulkon était fidèle à ses vieux amis, et quand il était devenu Bar-calon, son ancien chef s'était trouvé propulsé au poste de gouverneur de la province stratégique de l'Ouest. Cependant, White put remplacer graduellement le nouveau gouverneur dans ses responsabilités. Tirant parti de la léthargie de Burnaby, il se mit à le soulager des corvées administratives, lui laissant ainsi plus de temps pour s'adonner à ses plaisirs. Encouragées par White, une foule de femmes
    — sveltes Birmanes, Tamoules à la peau sombre, gracieuses Siamoises ou métisses — lui prodiguaient leurs faveurs si bien que l'idée de vivre à la campagne en Angleterre — où il avait eu l'intention de se retirer après avoir épousé, par exemple, une fille de pasteur — déclenchait son hilarité.
    Bientôt, au nom du gouverneur, White collectait tous les revenus de Sa Majesté dans la province
    — activité des plus lucratives, comme il ne tarda pas à le découvrir — tandis que Burnaby ne demandait qu'à se laisser vivre et à se repaître de sa position élevée. Chaque jour, trônant sur son fauteuil, il écoutait des pétitionnaires prosternés qui lui donnaient du Votre Excellence en rampant devant lui. Leur apparente servilité, leur prétendue adulation, additionnées à la torpeur des tropiques, firent peu à peu disparaître chez lui toute trace d'esprit d'initiative. Comme il était satisfait de ses revenus et ne trouvait plus d'intérêt à amasser d'autres richesses, il cessa de faire obstacle aux extravagances croissantes de White, lesquelles ne lui échappaient nullement en dépit de l'état d'abrutissement où il était plongé. Quand le conseil des Cinq du Tenasserim, dont il était le chef nominal, se réunissait, il appuyait immanquablement les propositions de White. Les trois autres membres étaient des Maures, descendants des marchands musulmans d'origine indienne ou persane qui s'étaient installés au Siam plusieurs générations auparavant. Traditionnellement, la direction du commerce avec leurs cousins à l'Ouest leur incombait. Les Maures avaient d'abord été furieux de l'intrusion de White dans leur domaine, mais le soulèvement qui s'était ensuivi avait été si sévèrement

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