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L'envol du faucon

L'envol du faucon

Titel: L'envol du faucon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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s'éclaira soudain d'un large sourire. A l'époque, il n'était qu'un employé subalterne de la compagnie anglaise ; maintenant il était mandarin du Siam, responsable de toute la flotte occidentale du roi.
    Trois mois plus tôt, White avait écrit à Phaulkon pour expliquer la situation et pour demander la permission de prendre des mesures, se contentant de passer sous silence les raisons moins reluisantes de sa proposition. Il avait attendu patiemment une réponse qui, il y avait de cela six semaines, était enfin arrivée. Mais, tandis qu'il attendait la réponse, une étrange rumeur lui était parvenue de Java : une importante flotte française avait relâché dans le port de Batavia pour s'approvisionner. Ce qui avait excité sa curiosité était le fait que cette flotte faisait apparemment route vers le Siam. Que préparait-elle ? Les Français avaient-ils décidé de s'intéresser de plus près à la région ? Avec leur comptoir de Pondichéry d'un côté du golfe, Mergui, de l'autre côté, ne serait-il pas un site idéal sur lequel jeter leur dévolu ? On ne sait jamais. Son instinct lui soufflait de jouer ses cartes tant qu'il les avait encore toutes en main. Dès que la sanction officielle de Phaulkon était arrivée, White avait donné ordre à son secrétaire, Francis Davenport, d'écrire à Thomas Ivatt — représentant commercial du roi de Siam à Golconde — de prendre des mesures. Il lui avait, en fait, envoyé deux lettres. Dans la première, il lui avait demandé de remettre à Ali Beague une demande de dommages et intérêts fondée sur une liste de réclamations qu'il avait dressée. Dans la seconde lettre, confidentielle, il lui demandait de soumettre à Ali Beague des factures qui dépassaient à tel point les dommages subis que celui-ci ne manquerait pas de les refuser. Non que l'on pût s'attendre que l'hypocrite brigand acceptât d'examiner les exigences de la première lettre, mais White ne voulait prendre aucun risque. Pour encourager Ivatt à coopérer, il avait insinué que la seconde directive, encore qu'officieuse par la force des choses, provenait des « sources les plus élevées » à Ayuthia. C'était risqué, mais les rumeurs concernant la flotte française l'inquiétaient, et il comptait sur le fait que toute demande de précision d'Ivatt, qui se trouvait en Inde, mettrait plusieurs semaines à atteindre la capitale.
    Plongé dans ses pensées, White se renfonça dans son fauteuil, se demandant si Ivatt avait reçu ses lettres. De sa vaste maison de bois perchée sur la colline, il pouvait observer l'activité grouillante du port, les Birmanes aux seins nus portant des jarres de terre cuite en équilibre sur la tête, les gracieuses Siamoises au panung coloré, les colporteurs gesticulants, les longues rangées d'étals de victuailles, les enfants nus à la peau brune courant après des chiens galeux. La vue était à couper le souffle, collines boisées descendant jusqu'à la mer, côte découpée en innombrables criques et anses sablonneuses. Des îlots frangés de palmiers ponctuaient l'horizon à perte de vue. Il croisa les mains derrière sa nuque et fixa le golfe d'un air songeur.
    Quelque part au-delà de ces eaux étincelantes se trouvait le royaume de Golconde, et peut-être qu'en ce moment même son capitaine le plus dénué de scrupules, cette tête brûlée de Coates, se préparait, à la barre de l'Etoile d'Ayuthia, à donner une leçon à Ali Beague. Son secrétaire, Davenport, avait bien sûr désapprouvé, quoique White dût reconnaître que les scrupules puritains de ce natif de Nouvelle-Angle-terre étaient parfois un bon contrepoids à ses impulsions extravagantes. White avait ordonné que Coates fit directement voile sur Golconde. Il s'impatientait du temps qu'il faudrait pour qu'Ivatt reçût les lettres, pour que les réclamations fussent soumises, pour que la date limite expirât et que la réponse lui parvînt. Il allait perdre des mois de revenus. Mais Davenport avait signalé que c'était folie d'attaquer Ali Beague avant que ce dernier ait eu le temps de répondre aux exigences. Les directives de Phaulkon n'avaient-elles pas clairement indiqué qu'Ali Beague devait se voir accorder un délai raisonnable pour répondre ? Pour finir, bien que White eût refusé de se laisser influencer, il avait du moins accepté certaines concessions, dont la plus importante était que Coates devait d'abord informer Madras de la situation avant de continuer sur

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