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L'envol du faucon

L'envol du faucon

Titel: L'envol du faucon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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Golconde.
    Dans la lettre où il approuvait les mesures, Phaulkon avait souligné qu'en aucun cas la Compagnie anglaise des Indes orientales, avec ses comptoirs à l'intérieur et autour de Golconde, ne devait être le moins du monde importunée. Toute l'affaire devait rester du domaine privé entre le Siam et Golconde. En informant d'abord Madras, White voyait peut-être un moyen d'impliquer la Compagnie anglaise des Indes orientales dans ses activités. Car il était bien connu que la Compagnie considérait également Ali Beague comme sa bête noire : elle pourrait se réjouir — officieusement bien entendu — de la mission de Coates au point de lui fournir des munitions et même quelques volontaires prêts à faire le coup de poing. C'était un bon stratagème, et Coates avait été envoyé à Golconde via Madras.
    White était content. Un autre des plans qui lui tenaient à cœur pourrait bientôt porter ses fruits. Ali Beague une fois éliminé, il serait le maître incontesté du golfe. Et, grâce aux revenus dont Ali Beague le privait pour l'instant, il se rapprocherait encore du but. Bien sûr, il continuerait à envoyer des sommes d'argent à Phaulkon et au Trésor — alors que, à leur insu, la plus grande partie lui en reviendrait. Ce n'était que justice après tout. Phaulkon avait un pays entier à piller tandis que lui, Samuel, n'avait qu'une seule province.
    Quelle chance qu'il se soit trouvé dans l'orbite de Phaulkon ! Quelle aubaine que George, son propre frère, ait été l'ami et le mentor de Phaulkon ! Cela lui donnait, il le savait, une place spéciale dans le cœur de ce dernier. N'était-ce pas George qui, le premier, avait douze ans auparavant amené Phaulkon, son apprenti, en Orient et lui avait enseigné les ficelles du commerce en Asie ? Bien qu'il y eût une différence de vingt ans entre eux, les deux hommes avaient été inséparables, camarades plutôt que maître et élève, et White avait remarqué chez le Phaulkon d'aujourd'hui certains traits qui lui rappelaient étrangement son frère. Les deux hommes considéraient qu'on devait respecter la loi si elle était juste mais l'ignorer purement et simplement dans le cas contraire. Au lieu de jouir d'une retraite paisible et bien méritée, George s'était rendu en Angleterre où il contestait la notion même de monopole royal et attaquait la Compagnie anglaise des Indes orientales devant les tribunaux pour obtenir une libéralisation des lois commerciales. Personne d'autre que lui n'aurait osé contester un édit royal, mais George était une légende : beaucoup le considéraient comme le plus grand commerçant que l'Asie eût jamais connu, et il n'était pas facile de le réduire au silence. Il était rentré en Angleterre définitivement, car il avait désormais la cinquantaine bien tassée, ce qui ne l'empêchait pas de se battre encore et toujours pour l'Asie qu'il aimait.
    White se souvenait des paroles que son frère George lui avait adressées quand il s'était arrêté à Madras, sur le chemin du retour, pour lui rendre visite. « Ecoute-moi bien, Sam. Accroche-toi à Constant Phaulkon. L'étoile de ce garçon est en train de monter, et si tu la suis tu n'auras certainement pas à le regretter. » C'était il y a six ans, et, pardi ! George ne s'était pas trompé. Quand le bruit s'était répandu dans le golfe que le grand roi de Siam cherchait des capitaines anglais pour entrer au service de la couronne siamoise, il avait immédiatement donné sa démission à Madras et s'était rendu tout droit à Ayu-thia. Phaulkon l'avait accueilli comme un ami perdu de vue depuis longtemps, et aujourd'hui encore White savait que c'était grâce à son frère George que Phaulkon avait placé en lui un degré de confiance que sans cela il ne lui aurait pas accordé si facilement. Ceux qui pouvaient prétendre avoir prise sur le rusé Premier ministre ne couraient pas les rues.
    White prit une clochette de bronze sur la table en rotin et la secoua énergiquement. Il s'entretiendrait un instant avec Davenport, puis il commanderait un de ces currys birmans très épicés qu'il prisait tant. Pour finir, il ferait venir sa masseuse. Il fixa de nouveau la mer. Il avait des serviteurs et des esclaves, des employés et des gardes, et même un secrétaire privé, qui lui obéissaient au doigt et à l'œil. Il balaya du regard le port jusqu'au sud de la ville où l'on était en train de construire un autre de ses sloops dans les chantiers navals

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