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L'envol du faucon

L'envol du faucon

Titel: L'envol du faucon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Axel Aylwen
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écrasé par Phaulkon que leur place et leur influence étaient désormais pratiquement réduites à néant. Bien qu'ils eussent la majorité au conseil des Cinq — système conçu par Sa Majesté pour éviter tout abus de pouvoir —, ils ne faisaient pas entendre leur voix. La peur les réduisait au silence. Invariablement, bien que parfois à contrecœur, ils donnaient leur approbation aux décisions de White. Il était devenu évident pour tous que Son Excellence le gouverneur se contentait de jouer les prête-noms.
    L'audace de White avait augmenté proportionnellement à l'indifférence de Burnaby, et seule la peur d'être découvert par Phaulkon l'avait empêché d'envoyer promener toute précaution. Il sourit en se rappelant que Phaulkon, peu après son accession au pouvoir, avait annoncé son intention de promouvoir des Anglais en qui il avait confiance à des postes clés du gouvernement du Tenasserim, car les Siamois n'étaient pas par inclination une nation maritime et les Anglais étaient mieux à même de superviser les routes commerciales à travers le golfe du Bengale à destination de l'Inde et de la Perse. Et voici que, quatre ans plus tard, des capitaines anglais nommés par White commandaient les vaisseaux de la couronne siamoise et commerçaient sous son pavillon !
    Bien qu'il eût été obligé de démissionner de la Compagnie anglaise des Indes orientales pour entrer au service du roi de Siam, White avait maintenu des contacts avec Madras, de l'autre côté du golfe. Les officiels du siège de la Compagnie étaient enchantés qu'un Anglais, un ancien employé de surcroît, contrôlât le port stratégique de Mergui sur les rives les plus orientales du golfe du Siam. Sur les hautes mers de l'Asie, où chaque homme se battait pour lui-même et où peu de chose différenciait le marchand du pirate, c'était de bon augure pour le commerce anglais, tant officiel que privé.
    Les yeux bleu ciel de White brillèrent. Tout avait été, en fin de compte, si facile ! Il avait reçu l'ordre de battre pavillon siamois et de faire du royaume une force avec laquelle il fallait compter dans le monde du commerce de l'océan Indien, mais il avait forcé l'interprétation pour servir ses insatiables ambitions pécuniaires personnelles, et il n'avait pas tardé à outrepasser les limites de la loi. Ses bateaux se mirent à exiger des marchands sans défense une rançon en échange de leur liberté, même s'il évitait toujours soigneusement d'intercepter les navires de la Compagnie anglaise des Indes orientales, se cantonnant aux musulmans et aux autres commerçants.
    Sa stratégie, à partir de ce moment, suivit un modèle qui avait fait ses preuves. L'équipage et les passagers des navires marchands capturés se voyaient demander de verser une contribution substantielle dans ses coffres puis de signer une déclaration affirmant qu'ils avaient dû relâcher au port pour des réparations et qu'ils y avaient été bien traités. Ceux qui protestaient contre cette politique étaient jetés en prison, d'où ils ne tardaient pas à émerger plus réceptifs aux exigences de White. Celui-ci remplissait méticuleusement les déclarations au cas où on lui demanderait un jour de justifier le nombre de navires « relâchant » à Mergui. Il avait conscience que les marchands protesteraient vivement une fois rentrés chez eux, mais il comptait sur le fait que le temps et la distance étaient de son côté et que, ayant fait fortune, il aurait quitté Mergui avant que la masse des réclamations ne l'accusât trop ouvertement.
    Oui, songeait-il avec satisfaction, en cette année 1687, lui, Sam White, était virtuellement le maître du golfe du Bengale. Sa seule bête noire restait ce petit despote d'Ali Beague au visage grêlé, gouverneur de Masulipatam, ville principale de Golconde, royaume de la côte orientale de l'Inde. Depuis un certain temps déjà, des bateaux siamois commandés par des capitaines anglais commerçaient avec le royaume indien, mais ce diable trois fois maudit de Beague leur avait soutiré des rançons exorbitantes et occasionné pour les capitaines de White des retards coûteux : une coupe claire dans les profits de la couronne siamoise et par conséquent dans les siens. Non seulement White n'admettait pas que quiconque imitât sa tactique, mais il avait de vieux comptes à régler avec Beague depuis le temps où il travaillait pour la Compagnie anglaise des Indes orientales. Le visage de White

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